Deux.

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Au petit matin c'est le bordel, y'as des fringues partout, un reste d'apéro nocturne sur la table du salon, une odeur de vielle clope.

C'est pas possible, pour ranger ma tête, je range tout court. Tout y passe. Je change mes draps, après avoir dormis dedans en mode retour de boite, impossible pour moi de me recoucher dedans ce soir, je ramasse les fringues, fait une lessive, puis deux, salon, cuisine, salle de bain, rien ne m'échappe.

Truite feule, il n'est pas content de l'agitation matinale, comme son maitre, il vit la nuit.

Deux heures plus tard, l'appart brille comme une photo de couverture ikea. Je prends une longue douche, me lave les dents, j'enfile un petit short en coton et un pull. Un chignon. Et comme je n'ai plus rien à faire, c'est parti pour une introspection personnel incontrôlé.

J'ai gâchée la soirée des garçons. Sans surprise je ne suis toujours pas en mesure d'être à l'aise dans la foule. Mais, j'ai passé plusieurs heures de liberté, je ne vais pas me mentir, ce midi, je me sens bien.

La porte de la chambre de Viggo s'ouvre sur un Anders en jean torse nue. Quel bel homme. Brun, les yeux noisette, une peau métisse.

- Salut, bien dormis ?

Cet accent du soleil, charmant.

- Mmhhh mmhhh plus que vous apparemment.

Il me fait un petit clin d'œil amusé, il connaît l'appartement aussi, il sait ou sont les couverts, il prend un café, avec deux sucres, c'est noté.

- Je t'en fais un aussi ?

- Oui, merci c'est gentil.

- Sucre ?

- Sacrilège !

Il rigole de bon cœur, le petit gras de son votre bloblote. Je m'installe sur la table avec mon ordi, lui sur le canapé. J'ai un retard de dingue dans mes traductions, c'est pas mon genre.

Il caresse la truite, je jure qu'Anders est le seule être humain qui peut traiter cette bestiole comme un chat.

- Si tu cherches tes fringues elles sont dans le sèche-linge, il vient de sonner.

- Ho mais c'est adorable ! tu n'étais absolument pas obligé, ça me gêne.

- Ne le soit pas, j'ai des tocs de rangements, ils étaient là, donc ça part avec le reste.

- Merci d'avoir rangé notre foutoir. Viggo est partie tôt à la fac ce matin, je voulais m'en occuper à mon réveil, mais ... la fée du logis est passé dans la nuit !

- J'ai certains talents.

Je me concentre tellement sur mon taff que je remarque à peine ses allers-retours, il prend une douche, s'habille. Me fait un petit bisou sur le crâne pour me remercier une dernière fois. Ma tête rentre dans mes épaules comme une tortue. J'aime pas qu'on me touche ... il remarque mon recul, mais ne s'en offusque pas. Un dernier petit signe de la main et s'en va.

Truite me regarde d'un œil torve, il ne m'aime pas, c'est réciproque. Il tourne indéfiniment sur le canapé, jauge les rayons du soleil, choisi le coin le plus à l'ombre et s'endort. Je buche sans m'arrêter, je rattrape deux textes simples, et planche sur un plus complexe. C'est une relecture de livre, cette fois-ci mon job consiste juste à vérifier la traduction, la maison d'édition insiste pour que ce soit aussi fidèle que possible à l'ambiance qu'a mis en place l'autrice.

Je rallume le bédo qui meurt dans le cendrier, globalement yen as toujours un qui traine.Les heures passent, j'avance bien, ça sonne à la porte, je manque de m'étouffer avec mon thé. J'aime pas ouvrir, je ne suis pas chez moi. Mais par curiosité je regarde quand même par l'œil de judas.

#1 Ne pleure pas trop fortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant