#1 Ne pleure pas trop fort

Vingt-quatre.

Je ne sais pas ce qui me tire du sommeil, le bruit de la benne à ordures qui vident les poubelles dans la rue.

Son ronflement apaisé dans mon oreille.

Ou cette putain de lumière trop vive ...

Complètement nue par terre, il dort, recouvert du plaid. Je sors de son étreinte, j'y mets tout mon cœur pour ne pas le réveiller.

Me mettre debout ... un défi digne de Koh lanta. Chaque pas est aussi instable que l'épreuve des poteaux. Je me traine à la salle de bain. Physiquement et psychologiquement, rien n'est aligné.

Je referme la porte, allume la lumière ... oh putain. Éteint. Je vais crever si j'essaie d'ouvrir les yeux.

Plan B, je ressors et attrape la bougie sur la table de la cuisine. La petite pièce se colore d'orange et de jaune. Tellement plus agréable.

Juste ce qu'il faut de luminosité pour que je ne perde pas la vue. L'eau est chaude, détend mes muscles, soulage mes épaules.

Tout est là, je sens encore la pression à l'intérieur de moi, passe ma main sur mon entre jambes, c'est un peu douloureux, je n'ai pas vraiment mal, c'est sensible.

Est-ce que j'ai aimé ça ? Oui.

J'ai eu un orgasme ... qui pour le coup était bien plus fort que tout les autres. Mais est-ce que c'était l'effet de la coco ou de l'expérience ?

J'ai aimé ... est ce que ça change quelque chose ?

Je suis en litige avec moi-même. Est-ce que lui a aimé ? je n'ai pas l'impression qu'il se soit retenue cette fois-ci, mais c'est déjà ce que je pensais avant ... non c'était différent, il était bien plus directif, plus ... pas violent, mais ça dépasse la force ...

J'ai la sensation de le sentir encore tapé dans le fond de mon ventre. J'ai la tête qui tourne. Je finis de me laver, non sans mal. Je tiens à peine debout. J'ai abusé hier aussi, rien d'étonnant.

Enroulé dans ma serviette de bain, je m'essuie les cheveux, passe de la Nuxe sur ma peau. Je ne vais pas échapper à l'Efferalgan... j'en profite aussi pour prendre ma pilule. Bug.

Ma pilule ... il reste huit petits cachets, il devrait en rester sept.

Non.

Si, j'en ai loupé une. Une seule, ça ne veut rien dire. Mais on ne se protège plus.

Avec Ivar je suis tombée enceinte sans la louper.

Je suis en guide automatique. Je sors de là, fonce dans ma chambre. Je sais qu'il m'en reste. J'ouvre l'armoire, sort ma boîte à pharmacie, j'en ai deux.

Je reste à genoux, le test de grossesse entre les mains. Ça ne peut pas recommencer.

Comme dans les films d'horreur la terre tourne autour de moi, je m'accroche à l'étagère face à moi. Nerveuse.

Il n'y a rien, c'est juste pour être certaine. Une seule ne détermine rien.

Je me relève non sans mal. Referme la porte de l'armoire. Il est là.

Je sursaute.merde!

En boxer, les cheveux en pagaille, il louche sur la boîte que j'ai dans les main ; bah oui, la loi de l'emmerdement maximale, je n'aurais pas pu le faire en loosdé, fallait qu'il me surprenne.

 - Pourquoi tu ... ?

 - Je ... j'en ai loupé une. Je veux juste en avoir le cœur net.

 - Liv tu ...