21

17 1 0
                                    


21.

L'avion atterrit à JFK avec un peu de retard, et c'est toujours entourée de mes molosses que j'arpente les couloirs de l'aéroport, apparemment par un chemin différent des autres passagers. Je sens leur regard scruter autour d'eux, observer chaque personne, et alors que je n'ai sans doute jamais été autant en sécurité, je ne me suis pourtant que rarement senti plus en danger.

Je ressens la tension, oppressante de cette ville. La vitesse. Le bruit. Les regards, et tout autant de potentiels dangers que je ne sais plus où regarder.

Je me contente de les suivre, serrant mon sac à main contre moi, accélérant le pas pour les suivre et surtout pour respirer de l'air frais le plus vite possible.

J'étouffe. La course est sans fin dans le dédale de couloir. Et alors qu'enfin, j'aperçois la lumière du jour à travers une porte vitrée donnant sur le parking, une silhouette apparait devant nous.

-Aaron..., murmurais-je en avançant encore un peu plus vite.

Il me fixe, ouvrant la porte alors que nous approchons, et je voudrais me ruer vers lui, retenant mes pas comme me paraissant au ralenti. Son regard est sans expression, alors que le mien doit paraitre désespéré.

J'avance encore, m'empressant de le rejoindre, mais alors que je voudrais me jeter dans ses bras, il se tourne pour fermer la porte derrière nous, et m'évite sans en avoir l'air.

Je reste sans voix, cherchant dans son regard fuyant une explication qui ne vient pas, et déglutis, alors que les molosses ouvre la porte du véhicule devant nous et me pousse à y entrer.

Aaron referme la portière derrière moi, montant dans le véhicule derrière nous, et je reste un instant sans un mot, hébétée comme un animal surpris par l'eau.

Les deux hommes montés avec moi m'observe à peine, et je répond poliment à leur regard par un sourire avant de fixer à nouveaux le vide devant moi.

-Contre toute attente, ton ancien appartement, qui était aussi la planque d'Ethan, s'avère extrêmement bien sécurisé, dit froidement Aaron en ouvrant la porte et allumant la lumière.

Il avance dans l'espace que je ne connais que trop bien, sans m'adresser le moindre regard. Je le laisse parler, dicter toutes ces consignes, l'observant, froid et distant comme je ne l'ai jamais vu.

-Tu as deux gars en bas en continu, et un téléphone sécurisé sur la table. Si tu rester appuyer sur n'importe quelle touche pendant deux secondes et ça appelle la sécurité. J'aurai préféré que tu dis quelqu'un qui reste avec toi à l'intérieur, mais j'imagine que tu vas refuser donc..., soupire-t-il en jouant avec les clés de l'appartement qu'il finit par poser sur l'îlot de la cuisine.

-Ok, et maintenant, tu vas me dire ce qu'il se passe?

-Et bien, ça me semble assez clair; on a aucune idée de où est Louane et de ce qu'elle a en tête, donc tu es sous protection 24heures sur 24.

-Déjà, il va falloir qu'on rediscute de ça. Ensuite, tu sais très bien que je ne parlais pas de ça.

Enfin, il lève les yeux vers moi, ayant l'air toujours aussi pressé de sortir d'ici, de s'éloigner de moi. Mais son regard trahit tellement de choses, tellement de souffrance, de peurs, de douleur... Par ma faute, comme souvent, comme toujours.

-Tessa, je ne sais pas quoi te dire..., soupire-t-il encore. Tu es parti, du jour au lendemain. Sans un mot, sans une explication.

Je baisse les yeux, honteuse. Je sais bien que je ne peux rien objecter à ça.

GRAIN DE FOLIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant