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Aaron ne me demande pas ce qu'il a bien pu se passer cette nuit-là. Avec une confiance que je ne mérite pas, il semblerait presque que la vie reprenne son court. Sauf que nous sommes dans son appartement, que nous sommes à NewYork, et qu'initialement, la suite du programme était de se marier, et de fuir, retourner à ma maison de SouthBeach, et commencer cette nouvelle vie ensemble.

Les premiers jours, nous ne faisons rien de plus que moi d'aller à mon bureau, et lui au sien. Retardant l'échéance. Retardant le sujet.

Car il faudra bien en parler.

Parler de ce sujet, de ce « on va s'en charger » qui me hante.C'est comme si mes deux maris avaient un secret en commun, dont j'avais eu un bref aperçu, et dont je redoutai de parler.

Alors j'attends.

Je sais, car je commence à le connaître, qu'Aaron y travaille, dans l'ombre, sans me dire un mot pour ne pas m'inquiéter.

Je sais qu'il explore toutes les pistes.

Et je me doute un peu, sans pour autant en avoir la preuve, que ces deux-là sont en contact, dans mon dos...

Alors je tiens bon, et je me contente de travailler, retrouvant mon bureau, Marc, et les autres. Recevant des photos du voyages de noce de Jack, dans cette vie doucereuse et magique dans laquelle il baigne.

Je tiens bon, jusqu'à ce que je ne tiennes plus.


Et c'est encore une nuit, où je n'arrive pas à dormir, où je l'ai senti se lever pour aller rejoindre le salon et travailler, encore, sur son ordinateur.

Sauf que cette fois-ci, je ne fais pas semblant de dormir paisiblement.

Je me lève un peu après lui, et marche à pas de velours jusqu'au séjour.

Il est debout, devant la table de la cuisine, scrutant son ordinateur portable, la lueur bleutée de l'écran venant caresser ses traits tendus.

Un instant, je le regarde, et m'imagine ce qu'aurait été notre vie, si nous n'avions que trouver des réponses aux questions, telles que nous les imaginions. Si nous avions simplement su qui avait tué Ethan, et que nous avions pu mettre un point à ce récit.

Aussi douloureux que cette vérité aurait été, elle nous aurait sans doute permise d'accéder à cette vie, celle que nous avons tant rêvé.Où alors cette quête aurait été le seul ciment de notre histoire qui se serait désagrégée en quelques mois, dans l'ennuie d'une vie sans la moindre vague.

Nous ne le saurons sans doute jamais...

Et alors que je soupire de tout cela, il tourne le visage vers moi, n'ayant pas vraiment l'air surpris de me découvrir.

-Il est tard, tu devrais retourner te coucher..., dit-il simplement.

-Dit l'homme qui se lève chaque nuit pour travailler sur son ordinateur...

Je me rapproche de lui et vient passer les bras autour de lui, alors qu'il ferme l'écran, m'empêchant de voir ce sur quoi il travaillait.

-Une affaire difficile..., tente-il de me mentir en se tournant face à moi et m'enlaçant.

-Tu ments toujours aussi mal...

-Est-ce un défaut ou une qualité ?...

-Pour un mari, une qualité. Pour un agent fédéral, une calamité...Comment va Ethan ?, décidais-je d'aller droit au but.

GRAIN DE FOLIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant