GRAIN DE FOLIE

7.

7.

  J'ai eu des étoiles dans les yeux tout le trajet du retour. J'ai revu chacun de leur visage encore et encore au milieu des lumières de la ville défilant par la fenêtre de la voiture.

  J'ai remercié Aaron un million de fois et ce n'est pas encore assez.

  Et je me suis endormie avec un petit sourire aux coins des lèvres.

  Parce que pendant quelques heures, j'ai même oublié la raison de ma venue. Et que finalement, cette ville a du bon, elle les a, eux. Et je les aime...

    -Ok, répète encore une fois, s'il te plait...

    -Aaron, c'est bon, vraiment, je connais le texte...

  Il ferme les yeux, prenant une inspiration profonde et fixe le vide devant lui à travers le pare-brise de la voiture dont nous sommes prisonniers depuis une éternité qu'il me fait répéter mon texte.

    -Juste une fois..., insiste-t-il.

    -Aaron, je comprends que tu sois mal à l'aise avec l'idée que je prenne la parole, mais je dois te rappeler qu'on a déjà fait ça une fois, et que j'ai très bien géré ?

    -Parce que laisser cette dingue te menacer d'une arme et ne pas dire le mot d'alerte simplement pour obtenir des aveux, tu appelles ça gérer ?

    -Elle est en prison non ? Donc, oui, j'appelle ça gérer.

    -Et moi j'appelle ça de l'inconscience.

    -C'est bon, j'aurai un agent fédéral à mes côtés, il ne peut rien m'arriver !

    -Et comment crois-tu qu'un agent fédéral reste en vie ? En maitrisant les risques et en contrôlant les paramètres, souffle-t-il en agrippant le volant.

    -Je croirai m'entendre..., pensais-je à voix haute.

    -De quoi ?

    -Rien... Je... C'est le genre de réflexion que j'aurai pu sortir, avant... La maitrise, le contrôle...

    -Tessa, ça fait parti de mon job.... Et ça me sauve la vie parfois.

    -Et ça t'empêche de vivre aussi.

    -Mais qu'est-ce que tu racontes ?

    -Tu... Tu es toujours à contrôler tout, tout ce que tu dis, tout ce que tu fais ! Regarde hier, tu as même refusé de venir t'amuser avec nous !

    -Alors déjà, le contrôle évite bien des dérapages. Et en plus, je n'aime pas danser. Mais ce n'est pas pour ça que je ne sais pas m'amuser...D'abord.

    -J'aimerai bien voir ça...

    -La psychanalyse est terminée ?, soupire-t-il en tournant les yeux vers moi.

    -La psychanalyse est terminée, souriais-je pour détendre l'atmosphère.

    -Bien. Répète encore une fois.

    -Non, je suis prête, dis-je en ouvrant ma portière et sortant de la voiture.

    -Bordel, Tessa ! Qu'est-ce que tu peux être...

    -Oui, je sais, agaçante, énervante, tout ça..., le laissais-je vociférer par-dessus mon épaule alors que j'avance vers la maison censée abritée le chauffeur.

  Je sens sa main attraper mon bras et m'obliger à me tourner vers lui brutalement.

    -Ok, maintenant on arrête les conneries. Tessa, c'est dangereux. On ne sait pas ce qu'il peut arriver là-dedans.