Assassin's Creed : Hybride

{K} Chapitre V

     Le crépuscule venait envelopper Florence et peu à peu, les échoppes qui encombraient le Ponte Vecchio devinrent silencieuse en cette heure tardive. Déjà, des tâches lumineuses apparaissaient dans le ciel cobalt et on alluma les quelques lanternes qui éclairaient les berges de l'Arno ou encore la place de la Cathédrale. Assise sur le toit de l'église Santo Stefano al Ponte, les jambes pendantes dans le vide, Kiara contemplait le jour laisser galamment sa place à la nuit, tel qu'il le faisait depuis la naissance du monde. 

    Bientôt, la raison de sa venue apparut sur la Via Por Santa Maria et se dirigea vers le Ponte Vecchio. Il s'agissait d'une vingtaine de jeunes hommes d'environ 17 ans. Celui à leur tête avait une belle carrure et un visage séduisant. On pouvait lire dans sa manière de se tenir une certaine arrogance, liée à cette nouvelle autorité que lui avaient accordé ces jeunes hommes en le suivant jusqu'ici. Il était tel un général d'armée, prêt à partir au combat et ce comportement ne manqua pas de faire sourire  Kiara. Ezio était un enfant. Un enfant qui voulait faire comme les grands. Elle se demandait comment elle parvenait à apprécier une personne si différente d'elle, qui avait dû abandonner son enfance depuis bien longtemps déjà. 

– Allons nous amuser un peu, qu'en dis-tu, Anzû ?

    L'aigle qui était à ses côtés poussa un cri perçant et prit son envol quand Kiara de leva afin de rejoindre le toit du Ponte Vecchio. Ezio, à la tête de sa bande, releva les yeux et laissa un sourire étirer ses lèvres lorsqu'il aperçut la silhouette de Kiara. Il l'avait invité en se demandant si elle viendrait vraiment, elle qui savait pertinemment l'attirance qu'il ressentait à son égard et qui s'en jouait tellement... Une chose était sûre désormais ; il ne pouvait plus se défiler et ce soir, il était déterminé à se battre avec autant de courage que Leonidas et ses 300 spartiates. Ezio se tourna finalement vers ses amis et scanda:

– Insieme per la vittoria !

– Insieme ! s'exclamèrent en cœur tous les autres.

– Silenzio, mes amis ! (D'un geste de la main, il fit taire leur cris d'encouragement, puis, avec un sourire résolu, il poursuivit :) Savez vous ce qui nous réunit ici, ce soir ? La justice et l'honneur.  Vieri de Pazzi traîne le nom de ma famille dans la boue depuis trop longtemps. Aujourd'hui, il va payer pour ses méfaits. Si nous...

- Ce n'est que pure calomnie, grullo ! 

    Une pierre, venue de l'autre côté du pont était arrivée aux pieds d'Ezio. Comme un seul homme, lui et ses amis se retournèrent dans la direction de la voix. S'engageant sur le Ponte Vecchio depuis la rive sud, une autre bande de jeune approchait. Leur chef, Vieri de Pazzi, fanfaronnait en tête, l'air altier. 

- Buena Sera, Vieri, lança Ezio comme s'il s'adressait à un vieil ami. Justement, nous parlions de toi. Je suis surpris de te voir ici. Je croyais que les Pazzi n'aimaient pas se charger de la sale besogne.

- C'est ta famille qui appelle les gardes dès qu'elle a des ennuis, pas la mienne ! répliqua Vieri avec hargne. Codardo ! Tu as peur de ne pas être à la hauteur ?

- J'ai vu ta sœur tout à l'heure et je peux t'assurer qu'elle m'a trouvé à la hauteur.

    Ezio adressa un grand sourire à Vieri, encouragé par les railleries de ses compagnons derrière lui tandis que Kiara levait les yeux au ciel, non sans un léger sourire amusé. Mais cette fois, tous savaient qu'Ezio était allé trop loin, le vase venait de déborder. 

- Allez, tuez le ! s'exclama Vieri, rouge de colère.

    Déjà muni d'une pierre, il la lança aussitôt avec force vers ses adversaires. La pierre s'éleva vivement dans le ciel, tournoyant sur elle-même jusqu'à s'en donner le tournis, puis sa trajectoire forma un arc, elle perdit peu à peu de l'altitude et avant qu'Ezio n'eut le temps de faire un geste, le sang jaillit et une brusque douleur le saisit. Le goût du sang lui vint dans la foulée ; une entaille profonde était apparue sur le bord de ses lèvres.