{K} Chapitre XV

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L'agitation matinale suffit à faire émerger Kiara du sommeil. Elle cligna plusieurs fois des paupières et une sensation de bonheur et d'apaisement s'empara d'elle lorsqu'elle sentit le souffle chaud d'Ezio contre sa tempe. Elle releva doucement la tête vers lui, le cœur gonflé d'amour, et observa alors avec une admiration non dissimulée chaque trait de son visage. D'abord son menton; ni trop fuyant, ni trop saillant, c'était le parfait équilibre. Ensuite, ses lèvres, barrées sur le coin par une fine cicatrice. Puis son nez, l'arrête bien dessinée et le bout légèrement incurvé, typique des romains. Enfin, elle s'attarda sur ses paupières endormies, ses sourcils droits, détendus et ses cheveux bruns, lisses, retombant sur son front.

Kiara se mordilla la lèvre inférieure, constatant une énième fois, qu'elle était bien amoureuse. Ce sentiment l'effraya un peu, car elle ne pensait pas possible d'éprouver une telle émotion. L'Amour s'était déposé comme un pansement sur son cœur meurtrit par la Mort. Elle aurait voulut rester ainsi pour toujours. Mais la dure réalité la rattrapa brusquement et un désagréable frisson la parcourut lorsqu'elle se rappela que Giovanni, Federico et Petruccio étaient toujours menacés d'une exécution imminente. Elle se redressa alors - ce qui réveilla Ezio - et remit ses vêtements de la veille.

Ezio se redressa à son tour, le visage fatigué et légèrement inquiet quand à la suite. Il avait repensé à ce que Kiara lui avait dit à propos du Gonfaloniere. Maintenant, un doute aussi froid qu'un serpent s'était glissé en lui.

Lorsqu'ils arrivèrent, la Piazza della Signoria était déjà bondée. Une fois de plus, la foule de Florentins témoignait au ciel sa cruauté en brandissant le poing et en hurlant des immondices. Le Palazzo Vecchio se tenait toujours aussi fièrement en arrière plan, surplombant la place de son regard hautain. Giovanni, Federico et Petruccio étaient tous les trois sur la potence, les mains liées dans le dos. Un prêtre était présent, ainsi que le Gonfalonier et un autre homme qui avait une carrure imposante, fière. Son regard semblait presque capable de soumettre le plus brave des hommes en l'esclave le plus obéissant.

     Kiara sût instinctivement qu'il n'était pas un homme ordinaire et en voyant la cape rouge sur son dos, elle fut persuadée qu'il était celui qu'elle avait entr'aperçu la veille chez Uberto. Kiara cligna des yeux afin d'activer sa vision d'aigle. Jamais encore des silhouettes ne lui étaient apparues d'un rouge aussi flamboyant. Un rouge aussi étincelant qu'un rubis.

— Putain de merde ! marmonna Kiara.

Uberto Alberti s'avança sur le devant de l'estrade et leva une main pour demander le silence. Aussitôt, la foule se calma pour écouter le Gonfalonier.

— Attends ici, murmura Kiara à Ezio.

Avant qu'Ezio n'ait le temps de répliquer, Kiara rabattit sa capuche sur sa tête et plongea dans la foule.

— Giovanni Auditore ! clama Uberto Alberti. Vous et tous vos complices comparaissez devant nous pour répondre d'une accusation de trahison. Pouvez vous produire des éléments susceptibles de vous blanchir ?

Giovanni parut d'abord surpris et dérouté. Son regard balaya la foule et croisa alors les yeux d'Ezio, de l'autre côté de la place.

— Oui, répondit alors Giovanni. Tous les documents qui t'ont été remis la nuit dernière !

Son visage prit une teinte plus pâle que toutes celles que Kiara ne lui avait jamais connues. Il commençait à comprendre qu'il avait été trahis.

— Malheureusement, j'ai peur de tout ignorer de ces documents... déclara distinctement le Gonfalonier.

— IL MENT ! rugit alors Ezio.

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