{K} Chapitre VII

51 4 11
                                    

Noyée dans l'obscurité qu'avait apportée la nuit, Kiara sentait le froid s'enrouler autour d'elle et l'enserrer comme un serpent. Elle avait été défaite de sa lame secrète et de ses chaussures mais elle s'estimait heureuse d'avoir encore des vêtements sur elle. Sa cellule était petite et humide, l'air froid s'engouffrait par l'étroite fenêtre aux barreaux de fers et une faible lueur provenait du couloir où les gardes faisaient des rondes en jetant des regards dédaigneux aux prisonniers.

Elle avait toujours admiré la hauteur du Palazzio Vecchio, elle n'aurait cependant pas espérer y être enfermée un jour. Au moins, Kiara n'était pas seule ; son compagnon était certes peu bavard mais au moins, il était à l'écoute. Il pouvait difficilement en être autrement puisqu'il s'agissait d'un squelette humain.

– Quelle triste fin... songea Kiara à voix haute. J'espère que tu l'avais mérité, au moins.

Elle se demanda combien de temps, son camarade de cellule était resté là avant de mourir. Combien de nuit étaient passées avant qu'il ne meurt de soif ou de froid ? Elle savait qu'elle en tout cas, ne resterait pas aussi longtemps en prison. Florence était intraitable en ce qui concernait les voleurs. Si on devait les garder en cellule, la prison serait vite surchargée alors autant les pendre immédiatement sur la place publique. Kiara passa ses doigts sur son cou en imaginant déjà la corde de pendaison lui enserrer la gorge et fut parcourue d'un horrible frisson. Elle espérait que ce serait bref.

C'était une douce torture de se dire que désormais, elle n'attendait plus que la mort, elle qui suivait chacun de ses pas, elle dont elle avait été une fidèle servante malgré sa volonté, elle qu'elle avait préféré éviter en épargnant la vie de ses gardes. Si Kiara avait fait ce pourquoi elle semblait prédestinée - c'est à dire tuer - elle serait encore libre et demain ne serait pas son dernier jour sur terre. Mais telle une punition immédiate pour cette trahison contre sa propre nature de Porteuse de Mort, elle se retrouvait là.

Était-ce vraiment si horrible, tout bien considéré ? A quoi bon se morfondre ? Ce qu'elle perdait dans la vie était moindre comparé à ce qu'elle gagnerait possiblement dans la mort. Au moins, son sacrifice aura servit à quelque chose et cette pensée la réconforta. Elle se sentait prête, prête à retrouver ceux qu'elle avait perdu. Son seul remord fut de ne pas pouvoir dire au revoir à ceux qui étaient encore vivants.

– Psst... Kiara !

Kiara sursauta en entendant des murmures tout prêt d'elle. Elle releva les yeux vers la fenêtre et aperçut alors deux mains qui se tenaient aux barreaux. Lorsqu'elle se leva pour voir à qui elles appartenaient, elle reconnut le visage d'Ezio et le soulagement de voir des traits familiers fut si grand qu'elle se précipita à la fenêtre.

– Ezio ! murmura Kiara pour ne pas alerter les gardes dans le couloir. Qu'est-ce que tu fais là ?

Quelques gouttes de transpiration perlaient sur son front. Il avait dû courir et escalader la tour jusqu'ici. Kiara posa ses mains sur les siennes, comme pour se convaincre que ce n'était pas une hallucination.

– Tu as sauvé Petruccio, répondit Ezio. Mes parents veulent t'inviter à dîner.

Kiara laissa échapper un rire. C'était une douce sensation, comme une faible chaleur qui s'éveillait en elle malgré le terrible froid du désespoir.

– Je suis désolée mais je ne crois pas que je serais disponible ce soir. Ni aucun autre... Comment m'as-tu trouvée ?

– Je te cherchais pour t'annoncer la nouvelle alors je suis allé à l'Auberge du Lys puis j'ai croisé des gamins, expliqua Ezio. Ils gesticulaient dans tous les sens. Ils m'ont dit que tu avais été attrapée par les gardes.

Assassin's Creed : HybrideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant