{K} Chapitre XIV

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      La nuit était tombée sur Florence, froide et humide. La Lune baignait dans  l'eau, presque invisible à cause de cette épaisse brume qui avait  recouvert la ville italienne. Le silence était pesant. A chaque fois que retentissait le claquement aigu des armures des gardes florentins, Ezio et Kiara s'abritaient dans l'ombre d'une ruelle ou dans le renfoncement d'une porte. Un frisson s'empara de Kiara quand ils arrivèrent enfin devant la maison du Gonfaloniere. 

     Ezio frappa trois coups à la porte tandis que Kiara, un peu en retrait,  scrutait la rue de ses yeux noisettes. Dans les airs Anzû veillait lui aussi au grain,  telle une sentinelle silencieuse. La porte ne tarda pas à s'ouvrir, mettant fin à l'anxiété grandissante d'Ezio. Un homme blanc d'une soixantaine d'année, le crâne dégarni et le ventre proéminent apparut face à eux.

— Ezio Auditore ! s'étonna Alberti. Qu'est-ce que tu fais là, mon garçon ? Et qui se tient derrière toi ? 

— Une amie de la famille, répondit aussitôt Kiara en tentant de rester dans l'ombre pour ne pas qu'il aperçoive son visage. 

— Mon père et mes frères sont en prison, expliqua précipitamment Ezio, arrêtant Uberto dans son observation de la jeune fille. On m'a dit de vous donner ceci.

     Il tendit à Alberti la lettre qu'il avait trouvé dans le bureau de son père. Le Gonfalonier la prit entre ses mains et la lut rapidement. Le manque d'expression sur son visage rendit Kiara encore plus méfiante qu'elle ne l'était déjà. Ne devrait-il pas être surprit que son ami se  retrouve soudainement en prison ?

— Ah... Je comprends ce qui se passe, dit finalement Uberto. C'est un simple malentendu, Ezio. Je vais tirer ça au clair.

— Comment ? demanda Ezio. 

     Kiara fronça les sourcils lorsqu'elle crut voir une ombre rouge passer  derrière Uberto. Elle pencha légèrement la tête sur le côté pour essayer  de voir qui se trouvait derrière le Gonfaloniere mais la silhouette avait disparue et Ezio ne semblait pas l'avoir remarqué.

— Les documents que tu m'as remis... dit Uberto. Ils montrent qu'il s'agit d'un complot contre les membres de ta famille et cette cité. Je produirais ces preuves demain matin lors de l'audience et ils seront libérés.

     Il adressa un sourire qui se voulait rassurant à Ezio et Kiara sentit son ventre se nouer sans vraiment en comprendre la raison. 

— Merci, Signore, dit Ezio visiblement rassuré.

— C'est normal, mon enfant. Vous avez besoin d'un endroit où dormir ? Vous êtes les bienvenus dans ma demeure.

— No grazie, répondit Kiara. On a ce qu'il faut.

     Le ton cajoleur et l'air rassurant ainsi que l'attitude bien trop chaleureuse du Gonfalonier ne paraissaient pas naturels. Ils semblaient... surjoués.

— Pouvons-nous récupérer la lettre ? demanda Kiara. Nous vous la remettrons à l'audience. On ne sait jamais, les auteurs de ce complot pourraient s'en prendre à vous.

— Merci de t'inquiéter pour moi, jeune fille, dit Uberto d'une voix doucereuse. Mais je ne risque rien, personne ne vous a suivit ?

— No Signore, assura Ezio. Personne ne nous a vu venir ici. 

— Bene. Dans ce cas, nous nous retrouverons sur la place. Ne t'inquiète pas, Ezio. Je t'assure que tout va s'arranger.

    Le Gonfaloniere referma la porte derrière lui et la sensation que Kiara éprouvait ne la quitta pas, même lorsqu'ils se remirent en marche. 

Assassin's Creed : HybrideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant