Chapitre 11(modifié)

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C H A P I T R E   1 1

Ce matin au réveil il y avait du sang sur ma culotte. Cela m'a brutalement ramené à ce qui s'est passé la veille, et la violence avec la quelle cela s'est produit. Jusqu'ici je ressens toujours des douleurs dans mon abdomen, et des lésions me picotent la partie intime. Les maux de tête qui accompagnaient ceux ci m'ont poussé à prendre un cachet d'aspirine, si non je n'aurais pas été en mesure d'enchaîner une journée de travail.
J'observe Asa, tenant le volant de sa main droite tandis que l'autre est posé sur la portière. Il garde les yeux figé sur la route et marmonne quelques fois les paroles des chansons diffusées sur radio Balafon. Il fait une fois de plus preuve d'un calme et d'une tranquillité qui ne m'enchante pas. Je me demande s'il est conscient de ce qu'il m'a fait hier, s'il a connaissance des douleurs qu'il m'a infligé et de ceux qui persistent jusqu'à ce moment. Je suis obligé d'admettre que non, car à aucun moment depuis son réveil il n'y a fait allusion. L'idée que tout ce qui comptait pour lui à ce moment précis était de se satisfaire quit à me faire mal, me dégoûte.

— Merci, dis-je une fois qu'il se gare devant mon lieu de travail. Je détache ma ceinture, prête à sortir de cette voiture. Mais les portières se verrouillent.
— Tu peux ouvrir s'il te plaît?
— Qu'est-ce qui se passe Nathalie? J'ai vu comment tu me regardais durant tout le trajet.
Je soupire un bon coup et dit;
— Rien, tout va bien.
— On en a encore pour dix minutes, Je peux attendre. Dit-il en consultant sa montre. Après quoi, il coupe le contact de la voiture.
Je garde le silence encore quelques secondes, puis j'insiste;
— Je n'ai plus le droit de regarder mon mari? Bien sûr que ça va. Tout va bien, ne t'inquiète pas.
— Je te connais bien trop pour savoir quand est-ce que tu mens. C'est le cas en ce moment, et tu sais que je déteste ça.
Il ne lâchera pas l'affaire. Si je compte me rendre à l'heure au travail à l'heure, surtout avec la réunion qui m'attend ce matin, je ferais mieux de répondre aux exigences de monsieur. Je me redresse dans mon siège, croise les doigts contre ma poitrine.
— Je te dirais ce qui me mets dans cet état. Seulement après te l'avoir dit, je ne veux pas que tu essaye de te justifier. Je n'ai pas le temps pour ça maintenant, et non, ça ne se réglera pas en dix minutes!
Ma voix s'était inconsciemment haussée avant que je ne termine. Il me regarde, et je sais ce qu'il va essayer de faire ensuite.
— Nathalie!
— C'est la seule condition pour que je te dise quoi que ce soit! L'interrompis-je.
— Ok, dit il d'un ton plus bas. C'est bon, je t'écoute.
Après m'être éclairci la voix, j'entame.
— Ce que tu m'as fais hier, ainsi que les douleurs qui en ont suivi, jusqu'ici me donne encore l'impression d'avoir subi un abus sexuel.
— Lise! Voyons!
— C'est ainsi que je ressens cela Asa. C'était clair que tu n'en avais rien à foutre de ce que je pouvais ressentir. Je ne sais pas dans quel état d'esprit tu étais lorsque tu faisais cela, je ne sais pas combien de temps ça a durer mais crois moi que j'ai vécu une vraie torture. J'ai détesté.
— Nathalie ça me blesse que tu vois les choses ainsi. Ok, c'était probablement bien trop...
— Non Alexandre, ne commence pas. Je dois partir.
Il déverrouille ma portière depuis la sienne, puis se penche vers moi pour l'ouvrir. Seulement, ce rapprochement soudain me fait sursauter. Il m'a jeté un regard qui n'a duré que quelques secondes, mais j'ai pu apercevoir une lueur dans ses yeux que je ne saurais exactement décrire. De la tristesse, de la colère, ou un mélange des deux.
— On en parle ce soir, dit-il en m'invitant à sortir. Je quitte le véhicule et claque bruyamment la portière derrière moi.

*
Du café au lait. C'est de la douceur de cette boisson dont j'ai besoin en ce moment. Il y a un distributeur de café à l'accueil, alors je pourrais m'en servir avant de rejoindre la salle de meeting. Une fois que j'y suis, j'attends que le gaillard enface de moi finisse de se servir. Maintenant que j'y pense... la silhouette de ce monsieur ne me dit absolument rien. Il est peut-être un nouveau membre du staff ? Ou un client, je me dis. Une fois qu'il se retourne, je suis persuadé d'avoir déjà rencontré ces iris quelque part. Je veux dire, peu de personnes ont des regards si transpercent, et lorsqu'on en rencontre on en oublie jamais. Il me fixe en retour, l'air de dire je vous connais bien quelque part jeune demoiselle! Puis soudain comme une lanterne éclairée, il s'écrie ;
— Nathalie !
Je ris un peu face à son enthousiasme après avoir mis un nom sur mon visage. Seulement, je ne me souviens toujours pas du sien.
— Vous souvenez vous ? Julian, le papa d'Enzo.
— Oh oui je vois à présent ! Le meilleur ami de mon neveu !
— Exactement ! Dit-il avec un grand sourire.
— Je suis désolée, j'ai un peu du mal à retenir les prénoms.
— C'est pas grave, ça fait un moment.
On se sert la main, après quoi il me tend son gobelet en carton de café.
— Café au lait?
— Café au lait, affirmais je.
— Je vous l'offre.
— C'est gentil! Merci.
Je le prends tout en lui rendant le sourire aimable qu'il m'offre depuis le début de cette conversation.
— Dites moi donc, que faites vous ici? Me demande t'il.
— Je travaille ici, dis-je en lui montrant mon badge. Et vous donc?
— Ah, vous travaillez ici.
— Euh... oui. Exactement. Et vous ?
Il garde le silence pendant quelques secondes, puis avec un sourire en coin il m'annonce ;
— Bon bah... on se retrouve à la réunion de tout à l'heure, collègue.
Après un clin d'œil, il se retourne vers le distributeur.

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