Chapitre 5 (10)

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Je suis restée assise en silence sur mon lit, à regarder par ma fenêtre, la lumière de la lune pour seule chandelle, un peu abasourdie par ce qu'il venait de se passer.

Alors Anoushka était-elle vraiment coupable ? C'était maintenant plus que probable. Elle ne s'enfuirait pas si ça n'était pas le cas, et vu la façon dont Mizuki avait été tué, il était impossible de croire que le meurtre se soit fait à distance.

Mais une autre interrogation était plus important à cet instant. Demain soir le procès prendrait place, et Anoushka était partie. Que se passerait-il ? Que ferait Monokuma ?

Impossible de trouver le sommeil dans ces conditions. J'ai fait une nuit blanche dans mon atelier pour chasser mes troubles ne serait-ce qu'un instant. Le travail comme diversion était certainement mieux que l'alcool de Violaine.

J'avais complètement perdue la notion du temps quand quelqu'un frappa à la porte et me tira de mon état de concentration intense.

Je me suis levée, un peu courbaturée, et j'ai ouvert à Cassiopée. Sur son visage , inquiétude et espoir se mêlaient, comme d'habitude.

Je la fit entrer. Elle me parlait mais je l'écoutais à peine. Je sais plus ou moins qu'elle tentait de me divertir, de me rendre un peu joyeuse, mais je n'avais.... Pas besoin, je crois, de ça.

Pas que je me sente bien, mais j'avais atteint une sorte d'état où la notion de se sentir bien ou mal n'avait plus trop de sens. J'étais juste, passivement. Je ne ressentais quasiment rien. Je flottais dans un état de neutralité vis à vis du monde qui m'entourait.

Il a fallut me changer, et me lever, et manger. Je me suis laissée guider par Cassiopée sans protester. Je n'avais pas envie de résister mais sans elle je n'aurais rien fait de toute cela.

Le temps semblait suspendu. La journée passa sans qu'on s'en rende compte. Tout le monde agissait mécaniquement comme des fantômes, sans faire référence aux évènements de la veille, sans demander où était passé Anoushka. Peut-être le faisaient-ils quand je n'étais pas là, mais devant moi ils n'osaient rien dire.

Une voix au fond de moi n'arrêtait pas de me dire de faire quelque chose, de trouver des preuves, de prouver que le pire n'était pas arrivée, qu'Anoushka était innocente.

Mais cette voix faiblissait à chaque instant. Ça n'était qu'un vague vestige de la partie de moi qui avait encore le courage de se battre en moi. À la fin de la journée je ne l'entendais plus. Elle s'était tut. J'étais enfin résignée.

- Lyslas. On doit y aller.

J'ai tourné la tête vers Cassiopée, d'un air indifférent. Comme je n'ai pas répondu, elle ajouta :

- Il est l'heure. Du procès.

- Ah.. déjà.

Une expression attristée se peignit sur le visage de Cassiopée. C'est cette émotion crue qui se lisait sur ses traits comme dans un livre ouvert qui agitait un peu l'eau stagnante qu'étaient mes émotions. Elle ne méritait pas ça. Elle ne méritait pas de trainer un spectre comme moi.

Elle força un sourire rassurant, et la honte me poussa à lui rendre et à me lever.

Elle m'encouragea :

- C'est juste un mauvais moment à passer. On serait bientôt de retour ici. On aura qu'à regarder un film, et je ferais du popcorn. On fera une cabane de couettes et d'oreillers. Et si tu veux, je rangerais tout après pendant que tu prendras une douche chaude, et je dormirais sur le canapé et demain matin je t'apporterais ton petit déjeuner au lit.

Heart Of Despair (Danganronpa Fic)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant