Une fois de plus j'entends ses pas se rapprocher de ma chambre, il est là. C'est l'heure, il va voir que mon ventre commence à s'arrondir peut-être qu'il va croire qu'il me donne trop à manger et que je grossis, alors il va diminuer mes portions et je n'aurais plus de quoi nourrir ce bébé. Je suis enceinte de six mois si mes calculs sont bons. Je n'ai jamais vu de gynécologue, je ne sais pas si tout va bien, je suppose que oui puisque je sens que ça bouge à l'intérieur, c'est d'ailleurs une sensation assez bizarre que d'avoir une vie à l'intérieur de soi. Ma porte s'ouvre avec fracas, il est énervé et je vais lui servir de défouloir. Il ne m'adresse pas la parole, je reçois une gifle en pleine tête, une gifle qui me met K.O, je suis immobilisée, attachée, je ne peux faire aucun mouvement. Je ne pleure pas, j'ai appris à garder ma douleur, à ne pas montrer que je suis faible, parce que s'il s'en rend compte, c'est la fin pour moi. Je dois être forte, et me battre pour ma survie et pour la vie de ce bébé.
Roselia ? Roselia ? Eh oh ! Tu m'entends ?
Je me réveille, je ne suis pas dans ma chambre d'ado, mais je suis chez moi, je regarde autour de moi, Zac me regarde les yeux écarquillés.
— On s'est assoupi ma douce... Mais je pense que tu as fait un cauchemar... Tu n'arrêtais pas de parler.
La panique de mon rêve m'a trahie, je m'assieds dans le lit, je suis encore nue. Les images de mon rêve me reviennent en tête.
— Qu'est-ce que j'ai dit ? réclamé-je, en panique.
— Tu n'arrêtais pas de dire un prénom. Et tu lui disais de te laisser tranquille.
— Quel prénom ?
— Newton ! Roselia, est-ce que ça va ?
— Oui, oui... Je vais devoir aller chercher mon drive au magasin, je suppose qu'il doit être au moins 16h00... Je suis désolée..., bégayé-je.
— Tu dois aller chercher ton Drive ou bien ta petite sœur ? demande-t-il.
— Pardon ? Mais tu t'arrêtes avec ça ? Je t'ai déjà dit que je n'avais pas de petite sœur.
Je vois son visage déjà blessé changer, ses traits se durcissent.
— Tu sais quoi Roselia, quand tu arrêteras de me prendre pour un imbécile, tu m'appelles, tu as mon numéro. On fait comme ça ?
— Attends..., le retiens-je.
Zac se lève et se rhabille, je comprends que le dialogue est rompu. Il sait, il a tout compris, mais je ne peux pas lui avouer, pas maintenant, pas comme ça, et si je le dois le perdre pour protéger ma fille c'est ce que je ferai... Pauvre nulle, pour une fois que tu te sens bien avec un garçon, tu vas tout gâcher. J'aurais dû garder ma pulsion pour moi, je me déteste à ce moment-là, je voudrais m'enfermer pour des heures et des heures, ne plus jamais croiser sa route. La porte de l'appartement claque, pas un au revoir, pas un regard.
Je vais prendre une douche rapide, je dois aller récupérer Irena à la crèche, j'ai la tête ailleurs et le cœur en miettes, je m'étais promis de ne pas me laisser approcher, de ne laisser personne entrer dans ma vie. Quelques semaines que je suis ici, et c'est déjà un combat contre moi-même. Je vais lui parler, je vais prendre sur moi et lui envoyer un message, il cherche à ce que je me confie à lui, je vais le faire. Je suis trop attachée à lui, je suis attirée par lui, comme une âme sœur, je ne peux malgré le peu de temps que j'ai passé avec lui le laisser s'échapper. Il faut que je réfléchisse, comment vais-je tourner les phrases de mon récit ? Bien entendu ma grossesse restera encore cachée, je refuse de parler de ma vie de maman, de l'enfant que j'ai porté et qui grandit, elle n'a rien demandé, et je ne peux pas encore avouer que je suis une mère. Peut-être que je suis toujours dans le déni me direz-vous, et peut-être que vous avez totalement raison. J'ai encore du mal après deux ans à accepter que je sois maman, que je serai liée à vie à mon bourreau. Je n'accepte pas d'avoir vécu une telle enfance ni ce que je suis devenue ce que j'ai subi et encore moins qu'on m'ait volé mon insouciance, mon innocence et ma vie finalement...
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Give Your Heart A Break
RomanceAprès avoir vécu l'enfer dans sa famille adoptive, Roselia décide de prendre son destin en main : partir étudier le droit à Stanford est sa porte de sortie. Ses bagages ainsi que son petit secret bien gardé, à peine le pied posé sur le sol de la Ca...