Soleil couchant

Madyson Stevens

Sur le parvis de l'université, j'observe l'immense monument architectural face à moi.

L'un des derniers vestiges d'une époque à présent révolue, le château est en parfait état.

Le temps ne lui a fait aucune ride.

C'est impressionnant.

Lentement et sans jamais le quitter des yeux, j'avance en direction du premier cours de la rentrée ; Communication.

Non pas que j'en ai réellement besoin.

Je suis une femme totalement solitaire.

J'aime la compagnie des livres, des feuilles volantes avec des textes inscrits dessus dans toutes les langues, de la musique mais surtout de la nature.

Le vent chaud fait voler mes cheveux devant moi, apportant à mon nez une odeur sucrée que j'apprécie particulièrement ; Des crêpes.

Qui fait des crêpes sur le parvis d'une fac ?

Je me retourne, manquant de peu de me prendre quelqu'un de plein fouet.

Cherchant simplement d'où provient cette exquise odeur, je ne prends pas le temps de m'excuser auprès du jeune homme qui m'insulte.

Lorsqu'une bourrasque me fouette le visage, je grogne puis fait demi-tour.

Moi : Ok, ok. Je m'en ferais ce soir.

Certains étudiants se retournent pour me dévisager.

J'hausse les épaules sans faire attention à eux puis entre définitivement dans le bâtiment.

Me fiant à mon instinct plutôt qu'au plan de l'école, je n'ai aucune difficulté à trouver l'amphithéâtre de mon cours.

Quelques étudiants sont déjà présents.

Certains discutent entre eux, d'autres pianotent sur leurs mobiles ou encore leur ordinateur.

Discrète, j'avale les escaliers silencieusement puis m'installe tout en haut, dans un coin reculé.

D'ici, je peux suivre le cours et observer tout ceux qui m'entourent.

Je sors un calepin de mon sac ainsi qu'un stylo plume.

J'aurais très bien pu prendre un ordinateur pour être à la page comme les autres étudiants mais j'aime l'ancienne école.

Dans mon coin, attendant que le professeur arrive, j'observe les étudiants s'installer au compte de goutte.

Beaucoup se connaissent mais il y a aussi des solitaires comme moi.

Est-ce qu'ils le sont par choix ou est-ce qu'ils ne connaissent personne pour l'instant et compte se faire des amis durant l'année ?

Observer les humains est tout à fait fascinant.

Ils sont tellement... Maniérés.

Il y a bien longtemps que je n'espionne plus leurs pensées.

Si au départ cela m'amusait beaucoup, à la longue, je me suis lassé de toujours entendre les mêmes choses.

Amour, sexe, rancœur, haine, tristesse, maladie, argent, vengeance...

Voilà à quoi se résume la vie d'un homme sur Terre.

Force est de constater que de siècle en siècle, l'humain reste le même.

Peu importe l'époque, ses préoccupations ne changent pas.

Voilà pourquoi est-ce que je ne me mélange pas à eux.