Les secrets de Tomar

Dona Adélaïde

Toute sa vie, les gens l'ont appelée Dona Adélaïde. Elle est née et a grandi à Tomar, avec son mari, ils ont eu deux enfants. Un garçon et une fille. Dans les années 60 à leur retour d'Angola, il décide de prendre la gestion ensemble du camping et de la piscine de la ville. Puis le temps est passé, ses enfants ont grandi et ils ont quitté Tomar pour vivre leur propre vie. Dona Adélaïde a perdu son mari il y a quelques années. Elle a dû renoncer au camping et à la piscine, ne voulant pas rester seule et coupée du monde. Elle décida de reprendre une petite épicerie dans le centre de Tomar. À ce qu'il se dit, elle connaît Tomar et ses secrets sur le bout des doigts.

Mark vient d'arrivée dans la rue où se trouve l'épicerie, la rue fait partie du centre historique de la ville. Il se rend compte également qu'il n'est pas très loin de la place de l'église. La rue est sombre, il n'y a quasiment pas d'éclairage public. À gauche, comme à droit des petites maisons de ville et au milieu de l'une d'elles se trouve un petit étalage de fruits et légumes. Plus Mark s'approche de l'épicerie et plus il a la tête qui tourne. Il se sent nauséeux c'est étrange, car il se portait parfaitement bien avant de pénétrer dans la rue. Il n'est plus qu'à quelques mètres de l'épicerie et il entend de la musique traditionnelle s'échapper du magasin. Il s'approche doucement presque sur la réserve. C'est drôle, l'épicerie est en longueur, elle ne doit pas faire plus de 10 voire 15 m2. Les rayons sont remplis de bas en haut, seule une personne peut rentrer dans l'épicerie et encore il faut faire très attention de ne pas se retourner trop vite au risque de faire tomber une étagère.

Le voici devant l'épicerie, Dona Adélaïde est assise devant l'entrée, elle doit avoir environ 85 ans, elle a les cheveux gris, le visage et les mains marqués par le temps. Elle porte des lunettes qui font ressortir ses très beaux yeux bleus. Elle n'est pas très grande, pas plus d'un mètre cinquante-cinq.

— Dona Adélaïde ? Elle se lève doucement de sa vieille chaise en bois et lui répond.

— Oui, c'est bien moi Monsieur.

— Excusez-moi de vous importuner, je me présente. Je m'appelle Mark, je viens de la part de monsieur Simon.

Elle réfléchit un court instant et lui répond.

— Simon, oui mon très cher Simon

— Le senhor Simon m'a dit que vous pourriez me parler du couvent d'Iria.

Elle se retourne, part au fond de sa boutique et revient avec une petite veste en laine blanche. Elle s'assoit sur sa vieille chaise en bois et dit à Mark.

— Que voulez-vous que je vous raconte jeune homme ?

— J'aurais aimé visiter le couvent, malheureusement il n'est plus ouvert au public. Pour tout vous dire, j'aurais aimé savoir s'il reste des traces du passage de la jeune Iria.

— Malheureusement pour vous le couvent ne vous apprendra rien, elle marque un temps d'arrêts et poursuit.

— Il y a le cloître qui peut peut-être vous apprendre certaines choses, mais plus en rapport avec les Templiers et le Saint Graal.

— Le Saint Graal ?

— Oui, la légende dit que les templiers l'auraient ramené au Portugal et que celui-ci n'aurait jamais quitté le pays. Laissez-moi vous raconter la véritable histoire de la Saint Iria de Tomar. Je vous en prie, prenez ce tabouret.

Mark s'assoit, elle prend une grande inspiration et commença son récit.

— Iria de Tomar, c'est comme ça que nous l'appelons. C'est la martyre légendaire de la ville, vous savez. Connaissez-vous Tomar ? Demande telle d'une voix douce à Mark.

— Pas du tout, je ne suis là que depuis 24 heures environ.

Elle continua son histoire, ce qui lui donne l'impression qu'elle n'a même pas écouté sa réponse. À côté du cimetière de la ville, se trouve la petite église de S. Pedro Fins, dans le temps juste à côté de celle-ci se trouvait la maison du puissant gouverneur où il vivait avec son fils Britaldo.

Mark écoute attentivement Dona Adélaïde lui raconter la légende. Il décide de sortir son bloc-notes de son sac à dos et de tous notés. Il a l'intime conviction que cette histoire allait être d'une grande importance dans son aventure.

— Plus bas, à côté du vieux pont où se trouve le couvent de Santa Iria. Se trouvait le monastère bénédictin féminin, où Iria y était religieuse. Vous savez Iria était très belle, d'une beauté aussi merveilleuse qu'intouchable. Le jeune Britaldo était amoureux d'elle depuis le jour où son regard s'était posé sur elle. La légende dit que la passion qui lui vouait était si grande et écrasante, que cet amour était nourri par le diable lui-même. Britaldo sait dévoué corps et âme pour que la jeune Iria partage son amour, par la suite il est tombé gravement malade. Apprenant la nouvelle, elle décida de lui rendre visite. C'est à ce moment-là qu'Iria lui expliqua que l'amour qu'elle éprouvait pour lui était l'amour d'une sœur pour son frère. Elle rajouta que s'il partageait le même amour pour elle, il transmettrait bientôt cette maladie grave à laquelle aucun médecin ne pourrait trouver un remède.

Mark l'interrompt pour lui demander ce qu'elle voulait dire par « il transmettrait la maladie ? », elle me répondit que personne n'avait jamais vraiment compris le sens de cette phrase et qu'il fallait sûrement y voir une référence religieuse. Elle s'accorda un petit moment pour préparer un thé réalisé à base d'écorce de citron, elle servit deux verres de ce thé, puis elle reprit son histoire.

— C'est à ce moment-là précis que Britaldo est devenu jaloux et lui a dit : « Si tu donnes ton amour à quelqu'un d'autre que moi, moi ou quelqu'un d'autre te tuerons. » Iria est retournée par la suite en paix et le cœur léger dans son monastère et Britaldo a rapidement guéri. Malheureusement pour elle, le diable n'en avait pas terminé avec elle et il avait d'autres idées pour la faire tomber dans les bras d'un autre bourreau. Ce bourreau était Remigio, le moine que Celio avait choisi, pour son immense culture et ses bons principes. Pour être le professeur de sa nièce.

Un beau jour Remigio changea de comportement, celui-ci est devenu totalement irrespectueux envers la jeune Iria. Il commença a lui faire des avances, toute plus osées les unes que les autres. Iria décida de signaler le changement de comportement, elle expliqua que ce comportement n'était pas celui d'un homme qui consacrait sa vie à Dieu. Quand Remigio l'apprit, celui-ci rentra dans une colère des plus noire.

Se sentant rejeté, Remigio feignit le repentir et donna à son élève une potion à base d'herbes. Le résultat fut sans appel, la jeune Iria commença à gonfler comme si elle était enceinte. Il fit courir la rumeur que la jeune Iria avait fauté et qu'elle n'était pas aussi fidèle à Dieu qu'elle le prétendait.

Britaldo en apprenant la rumeur est devenu fou de colère, il fit venir Banão, son domestique. Ses ordres furent sans appel et étaient conformes à sa menace envers Iria : « Si vous donnez à quelqu'un l'amour que vous me refusez, je vous ferai tuer par quelqu'un. » Banão, s'installa près de la rivière et se rendit compte que la jeune femme quittait le cloître dès l'aube pour prier près de la banque. L'épée à la main, Banão l'attaqua. Il lui proposa de la laisser vivre s'il promettait son amour à Britaldo. Malheureusement, la réponse d'Iria ne fut encore une fois pas celle souhaitée. Iria eu à peine le temps de finir sa phrase que le Banão la décapita, puis la jeta son corps dans la rivière.

À Tomar, tout le monde pensait que la disparition soudaine d'Iria était due à la honte qu'elle ressentait face à sa grossesse. Seul son oncle Celio était persuadé qu'il était arrivé un malheur à sa nièce, cette nuit-là, après avoir longuement prié, il se coucha. Sa nuit fut mouvementée et remplie de cauchemar. Le matin au réveil Celio a réuni tous les religieux et les nobles de Tomar, dans l'un de ses cauchemars il a eu une vision de tout ce qui s'était passé. Il guida les nobles et prêtres de la ville jusqu'au lieu où sa nièce fut assassinée.

Une fois sur place, la légende raconte que les eaux de la rivière s'ouvraient là où se trouvait le corps de la jeune Iria.

À peine avait-elle fini cette phrase, que Dona Adélaïde regarde Mark et lui dit.

— Je n'ai pas vu l'heure, il se fait tard. Si cela ne vous dérange pas, je vais fermer ma boutique et rentre chez moi.

Mark regarde sa montre et constate qu'il était déjà 21 h 30. Au même moment, il sentit une main lourde et ferme se poser sur son épaule. Il se retourna et......