Chapitre 5

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La première planque n'avait rien donné de concluant. Seulement beaucoup de panique lorsqu'une poutre s'était décrochée du plafond, manquant d'écraser Allan et Pablo.
La deuxième planque n'était pas plus concluante. Mike avançait doucement dans le long couloir du deuxième étage, collant son 9mm contre sa jambe. Ses yeux étaient braqués sur la pénombre devant lui.

La planque aurait pu ressembler à la prison du rêve de Mike. Les lieux étaient vieux et insalubres, mais n'étaient pas tout à fait détruits par le temps non plus. Des pièces étaient encore en bon état, mais ils n'avaient trouvé à l'intérieur. Pas une trace de présence humaine. Ils en étaient rapidement venus à la conclusion que personne ne s'était caché ici depuis une éternité. Mike faisait un tour du deuxième étage, par précaution, mais était certain de ne rien trouvé.

Tandis qu'il avançait, il sentit le serpent s'agacer au fond de lui. L'animal grondait et battait de la queue. Ses yeux cruels étaient posés sur l'âme de Mike, semblant attendre le bon moment. Le brun était à cran, il n'aurait fallu que d'une étincelle pour qu'il perde le contrôle de lui-même.

Il sentait l'adrénaline grimper en flèche. Plus le temps passait, et plus ses camarades avaient de chance de mourir. Ça suffisait pour que le sang batte aux tempes de Mike.
Plus encore, le brun sentait que quelque chose s'agitait en lui, qui dérangeait le serpent. Une force qui le poussait à chercher, encore et encore, dans l'espoir de croiser le regard de Simon au prochain carrefour.

Comme une once d'espoir.

Le visage de son camarade ne quittait plus sa mémoire depuis son réveil. Ses yeux brûlants de colère, son visage fatigué. Et le sang dans son dos.
Mike sentit ses muscles se tendre brutalement, et il se retourna.

Rien.

Le couloir était désert. Tout comme le reste de l'étage. La maison était silencieuse, morte. Pas une présence humaine, pas une présence vivante. Un long frisson remonta dans le dos de Mike, arrêtant celui-ci quelques instants.

Le brun fut ensuite coupé par des voix qui l'appelaient depuis la fenêtre du bout du couloir. Résigné, il s'y dirigea.

Il aperçut Kim et Jade qui lui faisaient des signes de main, l'appelant à redescendre. Il leur répondit par un même geste de la main, et s'empressa de sortir de la maison. Il descendit les escaliers rapidement, faisant grincer les marches de bois, et sortit par la porte de devant, prenant à peine le temps de refermer derrière lui.

Les voitures avaient été garé derrière la maison, et ils avaient dû se serrer pour ne pas apparaître sur le rebord de la route.
Mike dut se faire violence pour retourner à sa voiture, et monter dans cette dernière.

Il s'installa en soupirant sur son siège.

- RAS dans celle-ci aussi.

- Je commence à croire qu'ils se sont barrés de ct'e putain d'île.

La voix sèche de Pablo laissait deviner une colère sourde, et une folle envie de meurtre. Le second semblait en manque avec tous les évènements passés. Il n'avait pas eu le loisir de tuer depuis plusieurs semaines.

- Il nous reste la dernière.

- Tu crois vraiment que ces enfoirés seront là-bas ?

- J'sais pas.

Mike doutait. C'était rare, mais ça l'enfonçait dans l'idée que Milo et Simon étaient partis.
La force à l'intérieur de lui s'accentuait à chaque moment de doute, et elle fut plus violente encore lorsque Mike se remit en question.
Le brun secoua doucement la tête, remettant de l'ordre dans son esprit.

- De toute façon, on a pas mieux.

Pablo poussa un semblant de soupir, étrange mélange de fatigue et de frustration.

- Diouf ne veut toujours pas répondre ?

- Une tombe. Ils ont mystérieusement disparu de la ville hier. Juste après avoir explosé l'une de nos caisse.

Mike repensa un instant à la komoda. Le véhicule brûlé lui revint en mémoire, et comme la veille, il fut pris de court par une horrible odeur d'essence.
Simon sera triste...
Il avait pensé cela sans réellement savoir pourquoi. Il savait que la komoda comptait pour Simon, et qu'il n'avait jamais voulu s'en séparer. Même lorsque les baller avaient été acheté, il ne s'en était pas débarrasser.

- On y va.

La remarque soudaine de Pablo eut le don de ramener Mike à la réalité, et le brun se concentra sur la route. Le baller s'engagea sur une petite route en terre peu pratique pour les voitures. Les komoda glissaient sur la terre, et ils durent faire plusieurs arrêt pour laisser le temps aux conducteurs de reprendre la main sur le volant.

- C'est une saloperie encore cette merde.

Pablo s'accrochait au volant avec force, empêchant le volant de dérailler dans ses quelques dérapages. Le second de la Mano était focalisé sur la route.

- On est pas très loin. Un kilomètre.

- C'est pas toi qui conduit.

Mike ne répondit pas. Mieux valait qu'il ne dise rien.
La route de terre bifurqua soudainement à gauche mais Pablo s'arrêta là. Mike l'interrogea du regard.

- Si on continue, on sera visible.

- Tu veux qu'on finisse à pied ?

- À moins que tu veuilles te faire descendre.

Le brun secoua négativement la tête.

- Bon eh bah alors, on fini à pied.

Pablo n'ajouta rien, et descendit de voiture. Il fut rapidement suivi par Mike et le reste de leur camarade. Miguel alla se poster près de son second

- On y va. Doucement.

Tous acquiesçèrent, et ils continuèrent alors lentement la route.
Celle-ci déboucha sur une large plaine à nue, craquelée par les rayons du soleil et creusée par l'érosion. De là où Mike se trouvait, il pouvait apercevoir les vagues de la mer se reposer calmement.

Le bâtiment se trouvait en contrebas de l'endroit où se trouvait la Mano. C'était une grosse bâtisse en pierre, peu agréable à regarder.
Ça pourrait correspondre.
Le bâtiment était construit en bordure de plaine, pas suffisamment proche de la mer mais suffisamment à découvert. Les murs étaient abîmées et de longues fissures noirâtres serpentaient dans la pierre.

- C'est pas mal comme planque ça.

La remarque de Hannibal en fit sourire quelques uns. Lorsque le blond disait cela, ce n'était jamais bon signe pour leur futures proies.
Mike ignora sa remarque. Ses yeux fixaient le bâtiment, à la recherche du moindre point faible dans les murs. Il y avait des trous, de la saleté, et quelques fenêtres.

La seule porte se trouvait face à eux. Ils pouvaient descendre dessus. Pour autant, Pablo leur désigna la pente abrupte sur leur droite.

- On passe par là.

Sa réflexion était logique. La pente abrupte leur offrait de nombreuses cachettes et de broussailles pour se rendre invisibles, à l'inverse du chemin bâti qui ne laissait voir qu'eux.
Ils ne protestèrent pas, et bientôt, Mike se retrouva masqué par un arbre, main serrée sur la crampe de son 9mm. Il fixait la porte, les sourcils froncés.
C'est ici.
La petite voix était convaincue, et lui aussi. Il avait la même désagréable sensation que lors de son rêve. Ici, il faisait froid et lorsque la pluie tombait, la bâtisse n'était pas protégée. Aujourd'hui, c'était le vent qui secouait le bâtiment, menaçait de faire tomber ceux qui descendaient dans la pente raide.

- Stop. Intima soudainement Miguel.

Le chef leva la main, et aussitôt, les autres s'arrêtèrent. Un long silence s'installa, durant lequel personne ne parla.

Mike fixait la porte.

Et celle-ci s'ouvrit, laissant apparaître un homme vêtu tout de noir, masqué. L'inconnu portait dans son dos une arme de fort calibre.

Le serpent s'éveilla brutalement.

La bataille allait pouvoir commencer.

"Loin de Moi, Près de Toi"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant