Chapitre 26

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Egrim avait soigné le capitaine, plus quelques autres matelots près de lui qui souffraient de brûlure occasionnée autant par lui-même que par les rayons laser de Narsa. Puis il s'était enfui sans un au revoir, se téléportant dans le radeau où l'attendaient ses amis.

Le capitaine resta au sol quelques instants de plus, savourant l'air qui entrait dans ses poumons pour la première fois depuis un peu trop longtemps. Ses côtes n'étaient plus cassées. Tout allait bien. Tellement que, pendant une minute, il s'efforça de comprendre si tout cela s'était réellement produit. Ça lui semblait complètement absurde ; pourquoi ne les avaient-ils pas tués ? C'était Celeyste ! Il avait son épée à sa gorge. Il avait tranché la tête de deux de ses hommes en un seul mouvement ! Leurs crânes décapités gisaient encore près de lui, il lui suffisait de tendre la main pour les toucher. Un mage, une fée, un télépathe, une télékinésiste... et selon la rumeur de ses matelots, une sirène était dans l'eau, attendant sagement qu'ils tombent pour les noyer. Il ne l'avait vraiment pas vu venir. Il se rappelait clairement avoir capturé deux elfes et une fée ; d'où sortaient tous les autres ?!

Une main apparut devant lui. L'un de ses hommes – il avait encore l'esprit trop embrouillé pour ce souvenir de son prénom – attendait qu'il la prenne pour se relever. Le capitaine accepta son aide, se redressa, épousseta sa chemise aux boutons d'or et repositionna son chapeau, de travers sur sa tête. Quand il reporta son attention autour de lui, il remarqua que son équipage tout entier l'observait.

Au départ, ils étaient une cinquantaine. Sous ses yeux, pourtant, il n'y avait plus qu'il vingtaine d'hommes et une dizaine de nains.

— Qu'est-ce qu'on fait, capitaine ? demanda l'un d'eux.

Il dévisagea longtemps ce qu'il lui restait d'équipage. Son second, celui qui avait été nommé après le meurtre du premier, n'était nulle part en vue. Était-il encore mort ?

— Svein ? appela-t-il. Où est Svein ?

Les matelots s'observèrent entre eux.

— Il est tombé à l'eau, s'éleva une voix depuis le fond du groupe.

Évidemment.

— Très bien. Toi, t'es mon nouveau second. C'est quoi, ton nom ?

Le nain qu'il avait pointé devint rouge tout en fixant avec horreur le doigt qui le désignait. Il n'avait pas envie d'occuper ce poste. Tous ceux qui y avaient gouté étaient morts !

— Euh... Triengur.

— Les nains ont toujours des noms tellement bizarres. Je vais t'appeler Tri. Ça te pose un problème ?

— Non, monsieur...

— Bien.

Le capitaine tourna le dos à son équipage, le temps de réfléchir pendant quelques secondes. Il observa au loin le pays de Thrasryall qui s'étendait devant lui ; ses plages, ses forêts, et ses magnifiques montagnes, beaucoup plus impressionnantes que ce qu'ils avaient au nord-ouest de Nyirdall. À mi-chemin, un petit radeau cheminait entre les vagues, s'avançant lentement vers la terre.

— Ils n'ont aucune idée de ce qui leur attend.

Il avait parlé pour lui-même, mais tous l'avaient entendu.

— Mais pourquoi tenaient-ils vraiment à venir ici... ? Pourquoi toute cette mise en scène ?

— Capitaine ?

Il se retourna, faisant face à ses matelots. L'un d'entre eux s'avança d'un pas.

— Nous sommes presque arrivés au port. Qu'est-ce que vous voulez faire ? On continue, ou on les prend en chasse ?

La Légende de Nyirdall, Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant