Chapitre 32

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La route avait repris son cours, et cette fois, c'était Nuvem qui menait la marche. Tys était derrière lui, le tenant par la corde et prêt à le paralyser de sa télépathie s'il tentait quoi que ce soit. Mais jusqu'à maintenant, il était docile. Peut-être avait-il peur de ce que le groupe ferait de lui s'il se dévoilait inutile, bien que les menaces de mort de Leerian ne lui avaient fait ni chaud ni froid. Pour l'instant, du moins, le natif les avait guidés à travers la forêt, les sommant de prendre telle route plutôt qu'une autre en blâmant le sol recouvert de plante carnivore. Même si la balade semblait monotone depuis maintenant plusieurs heures, Nuvem leur avait, en réalité, évité de nombreux dangers.

Le soleil commençait à décliner quand ils firent une première pause. Tys tira sur la corde de Nuvem pour l'arrêter, et celui-ci grommela en sentant ses liens se serrer au-dessus de son ventre.

— On campe ici pour la nuit, dit Leerian.

— Quoi, déjà ? s'étonna Tys. Je lui ai promis de le libérer ce soir... nous ne sommes toujours pas arrivés où tu voulais. Comment on fera, pour la suite ?

— Dis-lui qu'on le garde un jour de plus. Il ne peut pas dire non, de toute façon.

Nuvem observait les deux elfes, les yeux plissés tout en essayant de comprendre quelque chose. La magie de Tys n'agissait plus sur lui.

Quelques pas plus loin, Danayelle et Mishi se consultèrent d'un regard. Un mauvais souvenir commun remontait à leurs mémoires. D'un même mouvement, elles levèrent la tête vers le ciel. Les arbres aux branches nus leur coupaient la vue, mais elles aperçurent tout de même la lune, partiellement cachée derrière les nuages.

— C'est ce soir, fit Mishi dans un gémissement plaintif.

— Ne vous en faites pas ! s'exclama Leerian en se tournant vers elles. La potion va faire son boulot.

Mishi et Danayelle avaient du mal à y croire. Tout au long de la marche, Leerian avait été devant elles. Et maintenant qu'il les regardait, c'était la première fois depuis longtemps qu'elles pouvaient voir son visage. Toutes deux remarquèrent ses yeux cernés, ses pupilles rétrécit en deux minces lignes verticales, et les quelques gouttes de sueurs qui glissaient de son front. Et son corps raide comme une planche de bois témoignait de tous ses efforts pour s'empêcher de trembler.

Leerian se tourna à nouveau vers Tys, et prit une grande inspiration pour réguler sa voix.

— Détache-le. J'ai besoin de la corde.

— Il va s'enfuir. Ta potion ne va pas te faire plonger dans le coma, comme à tous les soirs ?

— Non... pas totalement.

Tys grimaça, mais obéi enfin. Il retira les liens de Nuvem qui, aussitôt libérer, disparut en courant.

— Ne t'en fais pas, dit Tys en donnant les cordes à Leerian. Il est seulement parti se cacher derrière un arbre. Il est trop curieux de la suite. S'il s'éloigne trop, je peux l'obliger à revenir.

Leerian hocha simplement la tête. Les effets de la pleine lune montaient rapidement en lui, et ce n'était que grâce à la potion qu'il tenait encore sur ses pieds. Il alla s'asseoir contre un arbre, pris une grande inspiration et expiration pour s'efforcer de réguler son pouls qui s'affolait de plus en plus, puis ferma les yeux.

— Attachez-moi.

— Je m'en occupe ! s'exclama Egrim en courant pour arriver le premier. J'adore te voir démuni.

Leerian ouvrit un œil pour dévisager le mage. Décidément, Narsa commençait à déteindre sur lui.

— Oh, classe ! fit Egrim avec lenteur. Tes pupilles sont rouges.

La Légende de Nyirdall, Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant