Qu'est-ce qu'être un animal d'élevage ?

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Je voudrais maintenant rentrer davantage dans le détail des raisons éthiques que j'estime devoir convaincre toute personne raisonnable et/ou douée d'empathie de renoncer définitivement à l'achat de chair animale.

Si en français nous parlons d'« élever » des animaux et d'« éleveurs », en réalité, il ne s'agit pas de cela. Les enfants qu'on élève, on leur prodigue amour et éducation, on les fait grandir, non pas seulement physiquement mais surtout humainement, de tel sorte qu'ils deviennent indépendants et épanouis. Pour les animaux que l'on retrouve dans nos assiettes, il en va tout autrement. Ceux-ci n'existent jamais que pour finir dans notre estomac. De leur premier jour jusqu'à leur dernier, ils sont condamnés à manger pour grandir, grossir et à être abattus pour nourrir des humains qui pourraient vivre sans manger de chair animale. Au cours de leur courte existence (on ne les laisse pas vivre vieux, cela coûterait trop cher aux éleveurs et ce serait sans doute également moins savoureux pour les papilles), ces animaux ne connaissent jamais la liberté : ils passent toute leur vie dans des enclos, sans possibilité de connaître un jour quelque ailleurs que ce soit. Surtout, quand vient l'heure de finir en carcasse, les pauvres bêtes sont déportées vers des camps d'extermination qu'on appelle plus couramment « abattoirs » où elles sont au mieux électrocutées puis dépecées et débitées en morceaux, au pire égorgées puis dépecées et débitées en morceaux. Pas une fois dans leur courte existence, ces êtres vivants sensibles ne connaissent le plaisir et le bonheur d'être aimés des humains, pas plus qu'ils ne connaissent celui de la liberté, d'aller où bon leur semble, d'être seuls ou accompagnés selon leur humeur.

Ainsi, l'animal d'élevage naît dans un camp de concentration / une prison dont on ne dit pas le nom et n'en sort que pour aller mourir dans un camp d'extermination qui ne dit pas davantage son nom. Et de même que les détenus de nos centres pénitenciers ne choisissent ni leurs codétenus ni la durée de leur incarcération, les animaux d'élevage sont contraints et forcés de passer toute leur courte existence dans des espaces exigus, clos et surpeuplés de semblables pas toujours amicaux. La différence fondamentale entre nos détenus et les animaux d'élevage reste que les premiers ont connu la liberté avant d'être condamnés, à l'issue d'un procès, par la Justice, pour la commission d'une infraction à la loi. Rendons-nous compte : nous acceptons et entretenons un système où les animaux subissent un sort infiniment plus terrible que celui des pires criminels condamnés par la Justice, alors même qu'ils ne sont quant à eux, jusqu'à preuve du contraire, coupables d'aucun crime ou délit, responsables d'aucun préjudice que ce soit. La réflexion, présentée de la sorte, est quelque peu niaise et anthropomorphiste, je le concède. Cependant, si l'on se donne véritablement la peine, comme je vous enjoins à le faire, de mettre en balance l'humanité et la dignité que l'on garantit (au moins un peu) aux criminels avec la barbarie et l'indifférence avec laquelle on produit de la chair animale, l'on se rend d'autant mieux compte de l'injustice et de l'injustifiabilité de la situation des animaux d'élevage.

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