Chapitre 1

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Tobias Angus Rogue faisait les cents pas dans le vaste cabinet qui lui servait de bureau, les talons de ses bottes claquant sur le marbre lisse, ses mains croisées dans le dos. Quelques mèches de cheveux noir corbeau s'étaient échappées de son catogan et taquinaient librement l'appendice nasal proéminent qui lui servait de nez.

Son air peu avenant en cet instant décourageait ses conseillers d'ouvrir la bouche pour émettre le moindre mot qui pourrait faire trembler les murs du palais et les colères du prince étaient légendaires dans la principauté de Poudlard.

– Mon fils unique... Comment une telle chose peut-elle se produire ? ! éructa-t-il.

– Votre Altesse, commença un vieil homme à la longue barbe d'argent et aux lunettes en demi-lune cachant des yeux bleus pétillant.

– Severus... Dieu, pourquoi ? implora-t-il en levant les yeux vers les voûtes du plafond dont la peinture représentait des angelots du Paradis avec leur bouille ronde et leurs petites ailes.

C'était une volonté d'un de ses ancêtres, fervent catholique, de faire peindre les plafonds des pièces de réception avec des représentations de scènes bibliques. Ses descendants n'avaient pas vu l'utilité de tout faire effacer.

Tobias ne pratiquait pas. Il ne croyait pas non plus mais s'obligeait à assister aux offices car la religion catholique était religion d'État et que chacun allait à l'église le dimanche ainsi que les jours de fête. C'était une pratique séculaire à Poudlard et personne ne se voyait faire autrement.

– Son Altesse n'a pas d'autre choix que de se soumettre, Votre Altesse, répliqua poliment le vieil homme.

Rogue cessa ses allers et retours pour toiser son Conseiller qui ne fléchit pas, se contentant d'incliner légèrement la tête.

– Pourquoi, au nom de Dieu, suis-je puni ainsi ? ! tempêta le prince. Je pensais avoir payé ma dette au Tout-Puissant lorsque Eileen est morte ! Mais non, il faut qu'il en soit décidé autrement ! Tout cela à cause de cette femme, cette maudite femme !

Il crispa le poing, comme s'il voulait le serrer autour du cou de la responsable de tout ses maux.

– Sibylle Trelawney...

– Ne prononcez pas son nom ! ordonna le souverain froidement. Je refuse d'entendre le nom de cette femme ! Ensuite, chacun va oublier ce qu'il s'est passé, ce qui a été dit et mon fils ne sera jamais au courant !

Les Conseillers s'inclinèrent et quittèrent le bureau en prenant bien garde à refermer la lourde porte richement décorée. Le prince se laissa tomber dans son fauteuil et se prit la tête entre les mains. Oublier était plus facile à dire qu'à faire.

Prenant sur lui pour que, malgré tout, les mots honnis de cette Sibylle Trelawney ne soient pas perdus, Tobias prit sa plus belle plume, un parchemin et écrivit.

La feuille fut scellée dans une enveloppe, cachetée avec le sceau princier et placée dans le coffre du cabinet caché derrière une lourde tenture.


0o0

Le temps était maussade, comme l'humeur du prince héritier de la couronne de Poudlard. Son cœur pleurait en même temps que la pluie qui s'abattait sur les parapluies noirs ainsi que sur le cercueil fermé dans lequel reposait le corps de son défunt père.

Severus Tobias Rogue sentit la petite main de sa fiancée sur son bras. Elle le soutenait dans l'épreuve.

Il fréquentait Pansy Parkinson, une femme de haut lignage dont la famille était très proche de l'entourage du prince. Il lui avait fait la cour dès qu'elle avait été assez âgée pour lui convenir et comptait bien l'épouser d'ici quelques mois. Pour l'heure, elle partageait sa couche et cela leur convenait.

SAS, Son Altesse SérénissimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant