SAS, Son Altesse Sérénissime

Chapitre 11

Ce n'était pas une mais deux personnes qui l'attendaient dans la salle. Les deux personnes au monde que Harry ne voulait pas voir. Du moins, l'une, à savoir son fiancé.

Que faisait Severus en compagnie de Lucius ? Le lord l'avait-il prévenu du retard de son élève et le prince s'était dit qu'ils allaient l'attendre ? Si tel était le cas, Harry était doublement mort. Si un regard pouvait tuer, Potter serait étendu par terre, assassiné par les onyx brûlantes de colère de son fiancé.

– Lord Malefoy, je vous prie de nous excuser, fit Severus en se levant pour s'approcher de Harry. J'ai besoin d'avoir une petite discussion avec Mr Potter.

Harry ne dit rien, se contentant de devancer Son Altesse. Il sortit dans le couloir et fut rudement poussé en direction du bureau princier. Une fois dans le salon jouxtant la salle de travail, et la porte fermée, il se planta devant la fenêtre et attendit l'explosion qui tarda.

– Tu étais où ? commença Severus plus calmement qu'il en avait l'air.

– Ça te regarde pas.

Il voulait que Severus hurle, crie, beugle, explose et non reste stoïque. Parce que Harry désirait fortement pouvoir lui renvoyer en pleine tête tout ce qui se passait de mauvais ici. Mais cela ne pourrait se produire que si Son Altesse daignait se conduire comme tout humain normalement constitué quand il était en colère. Alors il poussait l'homme à réagir enfin.

– Je pense que si, ça me regarde, gronda soudain le prince.

– En quoi ? Je croyais que tu me faisais confiance, répliqua Harry en se tournant vers lui, presque satisfait d'avoir sorti Severus de ses gonds.

– Je te fais confiance.

– Menteur ! Si c'était vraiment le cas, tu serais pas là en train de me demander où j'étais ! On dirait un père avec son fils ! Sauf que chui pas ton fils, bordel de Dieu ! J'croyais que c'était clair !

Severus croisa les bras, une lueur mauvaise dans le regard. Les deux hommes se toisèrent froidement, autant en colère l'un et l'autre.

– En fait, tu me fliques, tu as tellement pas confiance en moi que tu veux limite que je te fasse un rapport sur ce que je fais toutes les putains de secondes ! Si tu veux savoir, j'étais parti baiser parce que j'étais grave en manque ! Il était bon et j'ai...

– Tu n'es qu'un ingrat,  Potter.

Son nom craché sonna comme une claque sur sa joue. Harry serra les dents et les poings pour ne pas sauter à la gorge de Severus et commettre un meurtre. Le pire était que son interlocuteur le croyait sur parole. Il croyait que Harry avait eu une relation sexuelle avec quelqu'un.

– Un ingrat égoïste, continua Rogue. Tu ne penses qu'à toi, les autres peuvent crever ! La preuve, tu es parti passer un peu de bon temps alors qu'une personne qui prend sur son temps de travail se déplace pour te donner des cours ! Pire encore, tu t'en vas et te montre d'une incorrection crasse ! Tu as la moindre idée de ce que je tente de te donner ? Ce que je fais pour que tu puisses entrer dans un monde qui est le tien ? Tu t'en fous ! On dirait que tu veux rester dans ta médiocrité, dans ton ignorance ! Si c'est le cas, tu le dis et j'arrêterai de tenter de te sortir de ta merde !

Outré et blessé, Harry allait ouvrir la bouche pour répliquer vertement.

– La ferme, Potter, je parle et je n'ai pas envie de t'entendre ! Si tu veux qu'une fois cette année terminée et ton boulot fini, retourner à la rue pour reprendre tes activités, soit. Tu en prends le chemin ! Mais tu fonces droit dans le mur et les emmerdes !

– T'as fini ?

– Non ! hurla Severus, réellement hors de lui. Alors tu la boucles et tu me laisses terminer ! Ensuite, tu iras présenter tes excuses pour ton comportement inexcusable d'hier et ton retard impardonnable de tout à l'heure ! Je continue ! Ici, ce n'est pas un lupanar et je pensais que nous avions mis les choses au clair dès le début ! Tu pouvais coucher avec tout le monde si ça te chantait  avant  les fiançailles qu'elles soient ou non officielles ! Même si rien n'est officiel, tout le monde le sait ! Alors tes crises de manque, je m'en moque comme de ma première chemise. Tu utilises ta main, comme tout le monde et tu ne vas pas voir ailleurs ! Tu n'as aucune idée de l'image que tu donnes du prince ! À peine fiancés, son conjoint se barre ailleurs. Magnifique ! Même si rien ne se passera entre nous, je refuse de voir mon fiancé aller écarter les cuisses ! C'est clair ?