Chapitre 10

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Le vent s'en prit à Harry dès qu'il passa la porte. De grosses rafales froides pour ne pas dire glaciales griffèrent la peau veloutée du futur prince consort. Ce dernier resserra son écharpe d'une étrange couleur rouge et jaune autour de son cou et mit sa capuche sur la tête. La dernière grippe lui avait donné une leçon. Il bénit d'avoir mis son gros manteau et ses bottines fourrées, au moins il serait au chaud sans prendre le risque d'attraper la crève.

Il remonta l'allée impeccable. Rien n'avait vraiment changé hormis que les arbres commençaient à mourir. D'ici quelques semaines ou mois, ils seraient retournés à la poussière. Le jeune homme pensa à devoir faire tout le tour de Poudlard afin de tenter de repérer la « mère ». La sienne apparemment. Il se dit que rencontrer cette Mrs Trelawney n'était pas une mauvaise idée. Elle pourrait le renseigner plus avant sur cette prophétie.

Mais avant d'aller lui parler, Harry avait autre chose de prévu. Il voulait aller chez le médecin afin qu'on puisse examiner son bras qui lui faisait mal. C'était celui qu'il avait mordu la veille pour étouffer ses larmes. C'était la première fois qu'il se mordait depuis longtemps. En général, personne ne se souciait de savoir ce qu'il faisait. Il ne manquait à personne. Les voisins tapaient contre le mur et en hurlant pour qu'il se taise. C'était tout.

Aujourd'hui, il avait mal. Il pouvait plier et déplier tous les doigts ainsi que la main. Sauf que la morsure était profonde et qu'il ne voulait pas d'infection. Hors de question de subir un interrogatoire Severusien et d'être considéré comme un enfant.

Le jeune homme se frotta les yeux afin d'essayer de chasser le sable inexistant qui le piquait. Il avait dormi par terre, roulé en boule et s'était réveillé perclus de douleurs et raide un peu partout à force d'être resté dans la même position inconfortable. Son bras valide avait été envahi de fourmis pendant de longues minutes avant de retrouver dans ses doigts la moindre sensation.

Il s'était levé, l'esprit embrouillé, s'était lavé et était allé prendre un petit déjeuner en ignorant totalement que Severus était matinal. Le prince l'attaqua à peine fut-il arrivé, faisant remonter la colère de la veille et poussant Harry à sortir de table alors qu'il n'avait pas terminé. Le jeune homme avait ensuite déambulé dans le palais pour le quitter quinze minutes plus tard alors qu'il n'était pas huit heures.

Il jetait sans cesse des coups d'œil sur sa montre toute neuve qu'il s'était achetée avec son argent quelques jours plus tôt avant de tomber malade. Il lui restait deux bonnes heures avant son cours avec lord Malefoy. Un cours qu'il redoutait parce qu'il sentait que l'homme lui rappellerait son départ de la veille, sa façon de parler et qu'il serait épouvantable.

Harry n'avait pas envie de s'y rendre, néanmoins il n'avait pas le choix. Il avait fait une promesse et mettrait un point d'honneur à l'honorer quand bien même cela lui coûtait. Il avait l'affreux pressentiment que Severus était au courant de l'affaire et que le prince allait lui faire un sermon bien senti, le rabrouer et l'humilier encore un peu plus.

Le brun leva les yeux vers le ciel gris et soupira. Il secoua la tête puis se remit à avancer. Il atteignit la rue déserte et se dirigea vers le cabinet du Dr Pomfresh qu'il savait être en ville dans la rue Ste Mangouste.

La première fois que Harry avait vu le nom des rues, il avait cru halluciner devant l'originalité frôlant parfois la bêtises des pancartes. Les gens avaient de drôles d'idées.

Le trajet jusqu'au cabinet fut relativement rapide. Après un bon mois à visiter les rues de Poudlard, Harry connaissait plutôt bien la ville, du moins les artères principales et le vieux quartier. Quelque chose lui disait qu'il n'aurait plus vraiment le temps d'aller se balader autant qu'avant avec tout ce que Severus voulait qu'il ingurgite tant en politique qu'en finance ou en économie. À croire que le prince avait oublié que son fiancé n'était pas un érudit et qu'il avait de grosses lacunes dans certaines matières de base. Peut-être allait-il devoir faire mention du fait qu'il ne se souvenait plus comment on posait une simple division ou qu'écrire anglais sans fautes était tout bonnement impensable.

SAS, Son Altesse SérénissimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant