Adieux

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Nathalie tapota son livre du bout des doigts. Il n'y avait qu'un seul mot pour définir ce qu'elle ressentait en ce moment.

Ennui.

Depuis le départ de Duusu, sa convalescence prolongée, elle s'ennuyait. Profondément.

Elle avait lu tout ses livres, avait réalisé tout son travail. Les visites de Gabriel s'étaient faites de plus en rares. Et elle ne parlait même pas de celles d'Adrien.

Après maintes et maintes hésitations, elle se décida à allumer la télévision. Elle avait bien peur de ce qu'elle allait y voir, mais la tentation l'en emporta. Elle s'assit sur une chaise en face de son lit et alluma l'écran. La voix de Nadja Chamack emplit la pièce.

- Aujourd'hui encore, Ladybug et Chat Noir ont fait preuve d'un grand courage, en sauvant une petite fille des griffes du Papillon. L'enfant venait tout juste de perdre sa mère, et le Papillon s'était servi de ses émotions douloureuses pour l'akumatiser.

Le sang de Nathalie se glaça dans ses veines lorsqu'elle entendit les nouvelles.

- Papillon n'est qu'un lâche ! s'exclama Ladybug. S'en prendre à une petite fille ravagée par le deuil montre bien à quel type d'ennemi nous avons affaire !

Derrière elle, la petite fille, âgée tout au plus de sept ans, éclata en sanglots.

- Veux ma maman ! cria-t-elle à travers ses larmes. Le monsieur avait promis que je pourrais la ramener ! 

Alors que Ladybug et Chat Noir se précipitait pour la consoler, Nadja reprit la parole :

- Cette nouvelle akumatisation montre bien que Papillon est un homme égoïste, près à tout pour parvenir à ses fins. Personne ne saura jamais qui il était avant...

Nathalie coupa la télévision. De grandes larmes baignaient ses joues et elle ne faisait aucun effort pour les arrêter.

C'était fini. Il ne restait plus rien de celui qu'elle avait autrefois aimé. Nadja Chamack avait raison. Gabriel avait disparu, enfoui sous la folie du Papillon. Il avait démontré l'étendue de ses pouvoirs, aujourd'hui, en akumatisant la fillette ravagée par la perte de sa mère, la veille, un bébé d'à peine un mois, l'avant-veille, une centenaire qui désespérait de la vie.

Il avait abusé du désespoir des gens, certes, pendant longtemps. Mais cette petite fille akumatisée par le deuil était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Cette enfant aurait très bien pu être Adrien ! Mais à quoi avait-il donc pensé ?

Nathalie inspira profondément, chassant ses larmes d'un revers de main.

C'était fini. Elle ne voulait plus aider ce qu'était devenu Gabriel. Elle ne voulait plus aider l'homme qui détruisait Paris, la vie de deux adolescents, celle, infiniment précieuse, de son propre fils.

Elle ferma les yeux, cherchant dans sa tête, la meilleure solution.

Quand elle les rouvrit, elle savait ce qu'elle devait faire. 

Elle ne voulait plus rester dans la maison qui lui rappelait tant de mauvais souvenirs. Et, pour remédier à cela, il n'y avait qu'une solution.

Partir.

**********

Il pleuvait à verse, lorsque Nathalie passa la lourde porte du Manoir, sa valise à la main. 

En regardant le portail, l'étendue parisienne qui se trouvait derrière elle, elle fut prise d'un doute. Était-ce vraiment la meilleure chose à faire ?

Elle secoua la tête. Sa décision était prise, elle devait l'appliquer avant d'éprouver des regrets.

Sous la pluie battante, elle avança d'un pas, d'un deuxième. 

Recueil d'OS MiraculousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant