J'ai compté les secondes. Les minutes. Les heures. Assis sur le rebord du lit, passant en revue le moindre ongle qui recouvre mes doigts avec mes dents acharnés, je n'ai pas cessé d'attendre que la nuit se finisse.
Retrouver ma femme, peu importe ce qu'elle aura à dire là-dessus.
Et surtout : peu importe de quelle façon.
Tout ça pour finir par faire le tour de l'hôtel, de la ville, de revenir...
Et de la retrouver.
Plantée, devant moi, toujours habillée de la même tenue que la veille, à défaut d'une paire de bottines qui lui donnent un air faussement rebelle, elle semble dépourvue de forces...
Et en même temps plus déterminée que jamais.
— Ça te dirais qu'on aille manger quelque chose ?
J'ai envie de hurler. De la prendre par les épaules, de la secouer, de lui demander ses comptes...
Marque mes mots, Saddie Esmeralda Belucci-Parsons... Tu ne m'abandonnera plus jamais.
Mais à la place je déglutis péniblement, desserre mes poings et hoche la tête.
— Tu me laisses une minute, alors ? Histoire de... De me préparer ?
Non.
— Oui.
Je ferme les yeux quand son bras effleure le mien, lorsqu'elle me contourne pour passer et les rouvre, que lorsque les portes de l'ascenseur se referment sur elle.
Je resterai là. En profitant ce qui me reste de toi ; le vague souvenir que ta peau a un jour voulu de la mienne.
***
Je laisse mes lèvres brûler au contact du café que je ne cesse de siroter, alors que mon regard est rivé sur Saddie. Les yeux plissés par le soleil de onze heures de Phoenix, ses cheveux chocolatés voletant sur des épaules qui, à présent, sont recouverts d'un chemisier blanc, elle reste silencieuse.
Je peux deviner son soutien-gorge sous le tissu fin de son vêtement... Tout comme sa petite culotte sous sa jupe crayon. Même si ça, je ne peux que me l'imaginer... Et pas le voir.
Calme-toi, Holden. Elle est là, maintenant. Elle ne partira plus...
Pas vrai ?
Saddie joue avec sa fourchette sur le morceau de beurre qui est en train de fondre sur son pancake et je vide ma tasse en scrutant ce qui est resté enroulé autour de son annulaire...
Ces bagues qui nous lient.
Néanmoins, l'impatience me gagne et je finis par me redresser sur mon siège en croisant les bras sur la table.
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Stains Never Fade | En Cours
RomanceCertaines blessures sont difficiles à fermer... Quant à certaines cicatrices, impossibles à cacher. Saddie Parsons en sait quelque chose. Célèbre romancière au passé tourmenté, elle est cependant retranchée sur sa vie monochrome alors que son mariag...