Il y a un millier de poisons dans le monde. Des fleurs. Des baies. Des feuilles. On nous prévient de la nature qui nous entoure. On nous enseigne de ne pas tendre la main à la plus jolie plante qu'il soit. À sentir l'odeur enivrante de cette tentation.
La survie est primordiale, dit-on...
Mais il faut parfois goûter à la fatalité, pour à nouveau retrouver la saveur dans la sécurité.
Alors quand Holden se baisse à nouveau en attrapant mon visage pour m'embrasser avec fougue, je me laisse basculer dans le plus mortel de poisons.
Ce n'est pas tendre. Il n'y a pas de douceur dans ses lèvres ; tout comme il n'y en a pas chez-moi. C'est plus charnel. Plus envieux encore. Si la luxure pouvait se résumer à un contact, ce serait celui-ci. On s'embrasse jusqu'à ce qu'on peine à respirer. Jusqu'à ce qu'on halète.
Jusqu'à ce qu'on s'effondre comme des falaises sous l'érosion.
Toujours assise dans le fond de mon siège qui cogne contre mon bureau face au poids de Holden, j'enfonce mes ongles dans la peau de sa nuque pour approfondir peu importe quelle douleur nous habite tous les deux.
Tordre. Mordre.
Arracher et déchirer.
On s'entrechoque.
Tant que c'est ce qu'il faut pour éviter de sentir les blessures que l'on s'est infligés, ces derniers jours...
Holden m'attrape férocement par la taille et tout en balançant la chaise sur le côté, m'assieds sur le bureau.
Je porte mes mains à son visage, mais il les repousse.
Je grogne contre sa bouche, tente à nouveau, mais il réplique encore. À la troisième fois, il plaque mes mains sur le bureau et presse son front contre le mien en haletant :
— Tu n'as pas envie de faire ça doucement, Saddie... Alors si on arrêtait de mentir, au moins maintenant ?
J'ai envie de protester.
Parce que malheureusement, il a raison. On est tous les deux trop en colère et meurtris. On veut la vérité dans nos gestes, à défaut des paroles qu'on peine à exprimer.
Alors à la place, je recule lentement la tête et fléchis les genoux pour rapprocher son bassin de mon entre-jambe, me libérant au passage de son emprise pour défaire le lacet de son jogging.
Il essaye de m'embrasser.
Je recule.
Il essaye encore.
Je recule.
Dans le noir, on entame une valse que l'un de nous deux mène... Sauf que ni moi, ni lui, savons réellement de qui il s'agit.
J'échange nos places, mais la force qu'émet son corps contre mon bureau fait tomber quelques stylos.
Je le garde plaqué contre le rebord, d'une main sur le torse et la fait glisser le long de ses muscles. Son souffle qui caresse mon front fait vriller le mien dans mes poumons.
VOUS LISEZ
Stains Never Fade | En Cours
RomanceCertaines blessures sont difficiles à fermer... Quant à certaines cicatrices, impossibles à cacher. Saddie Parsons en sait quelque chose. Célèbre romancière au passé tourmenté, elle est cependant retranchée sur sa vie monochrome alors que son mariag...