18 - Bokuto

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Bokuto aimait ce parc pour la bouffée de fraîcheur qu'il apportait à la pollution des alentours. C'était un havre de paix composé de fleurs et de verdure implanté en plein centre-ville comme un petit coin de paradis que rien ne peut atteindre.

Le lycéen avait toujours apprécié la nature et ses mystères et surtout les animaux dont la vie pouvait être si différente de la sienne et si facile. Il les enviait parfois. Il avait beau prendre les choses à la légère, ou plutôt en donner l'air, il voulait que le monde rétrécisse et redevienne simple comme lorsqu'il n'avait pas encore de dizaine sur ses bougies d'anniversaire.

Mais dernièrement, s'il se sentait nostalgique en ces lieux, ce n'était pas parce que les enfants au loin jouant à loup lui rappelait ses plus jeunes années ou bien ses deux petites sœurs. C'était à cause de l'ensemble des souvenirs dont il ne pouvait ignorer l'omniprésence. Il ne pourrait compter le nombre de fois où il était parti ou rentré de chez lui aux côtés d'Akaashi sur ce chemin en terre. Leur pas se calant sur le même rythme lent et apaisant, comme s'ils souhaitaient rallonger encore un peu la journée, même si ce n'était que pour quelques secondes de plus.

Que ses habitudes prennent fin subitement du jour au lendemain n'avait pas été facile à digérer. Alors forcément il ne pouvait s'empêcher de rester ici à espérer. Et il ne pouvait s'empêcher de se répéter qu'il était idiot, que l'on n'était pas dans un film où Akaashi apparaîtrait par magie en courant à en perdre haleine pour que tout redevienne comme avant ...

Hein ?

Bokuto sentit son cerveau arrêter de fonctionner un instant, ou au contraire il se surchargea de confusion quand la silhouette du premier année apparut au loin, englobée par l'onde rougeoyante du soleil couchant. Son ombre grandit à une vitesse surprenante ce qui ne permit pas à Kotaro de sortir de sa stupeur avant qu'Akaashi ne se trouve face à lui. Le son de sa respiration haletante et la vision de sa cage thoracique s'abaissant à un rythme rapide le ramena à la réalité. Il se releva si brusquement qu'il eut peur d'avoir effrayé son cadet un instant.

– K-Kaashi ?

Il reconnut à peine sa voix quand il prononça son nom. Akaashi le regarda longuement, incapable de se stabiliser sur sa cible. Bokuto ne l'avait jamais vu aussi désorienté, aussi ... émotif ?

– Bokuto-san je ...

Le champion garda le silence, pendues aux lèvres d'Akaashi, il n'aurait su quoi dire de toute manière.

– Je ... dois te dire quelque chose ... continua Akaashi, en détournant le regard. En fait, je ... je déménage dans trois jours à 300km d'ici.

Bokuto écarquilla les yeux, son souffle se coupant pour de bon. D'abord incapable de répondre quoique ce soit, il baissa les yeux sur ses chaussures alors qu'Akaashi devenait de plus en plus horrifié par le silence mordant s'installant entre eux.

Akaashi à 300km de lui. Eux deux, séparés par la distance parce que le destin l'a voulu ainsi ? C'est donc comme ça que le rêve dans lequel baignait Kotaro ces derniers temps s'arrête ? Un rêve qui se brise finalement pour lui montrer que cela n'existe pas, une histoire qui finit bien. Car oui, il sait déjà que distance rime automatiquement avec souffrance pour lui. Pour quelqu'un d'aussi attaché et vif, il ignore s'il serait capable de supporter ça bien longtemps. Il était devenu accro à Akaashi, le réalisant subitement alors que l'évidence avait été là depuis tout ce temps ... depuis le tout début. Et l'instant d'après –car il semblait qu'il n'avait fallu qu'un battement de cil pour que tout change du tout au tout– il apprenait qu'on lui arrachait des mains, du cœur ? Alors même qu'il commençait à comprendre ?

Chaque jour [Bokuaka] (Inachevée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant