16 - Bokuto

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Le doux ciel bleu de la fin de matinée était traversé de nuages cotonneux de toute part, laissant court à l'imagination de Bokuto pour y discerner des créatures imaginaires surplombant la Terre. C'est à peine s'il entendit la sonnerie annonçant la pause déjeuner.

Il était usuel de trouver le champion de Fukurodani distrait pendant les heures de cours. Le moindre petit attrait de nouveauté qu'il pouvait trouver ne manquait pas de lui détourner l'esprit des blabla monotones de ses professeurs. Cependant, depuis quelques jours, Bokuto n'était plus seulement inattentif aux leçons mais au reste de son entourage également. Il était complètement ailleurs. Il divaguait à repenser aux dernières semaines qui s'étaient écoulées et particulièrement aux derniers événements. Il se dessinait sans arrêt dans son esprit un visage à la peau laiteuse, des cheveux bruns rebiquant sur les pointes et des yeux océan transperçants. Il pouvait encore entendre la voix d'Akaashi l'appeler, le féliciter ou lui murmurer doucement quelques mots. Toute la journée n'était dédiée qu'a l'attente interminable pour que la fin d'après-midi veuille bien pointer le bout de son nez, et avec elle les retrouvailles avec son passeur favori.

Depuis une semaine, cela n'allait pas fort le soir dans le gymnase derrière le lycée. Les entraînements étaient fades et se ressemblaient, particulièrement en matière de progrès. L'équipe de Fukurodani stagnait si ce n'était même pas plutôt une régression. Bokuto prenait un mal fou à avoir la possibilité ne serait-ce que d'entrevoir l'esquisse d'un sourire sur le visage d'Akaashi. Ce dernier se montrait particulièrement renfermé, l'esprit pragmatique au possible et le regard plus insipide que jamais. La bonne humeur de l'ace le quittait un peu plus chaque jour, au même titre que ces espoirs pour redresser la barre.

Dire qu'il ignorait la raison de ce changement brutal dans le comportement de son partenaire aurait été un mensonge. Le rapprochement avec la tournure des évènements de la dernière soirée en date était plus qu'évident. Le lendemain de cette nuit là, Bokuto avait eu à la fois envie de sauter de joie que de se frapper le crâne contre un mur. Il avait été jaloux et désagréable au possible et bien que de se rejouer la scène avec Oikawa et Iwaizumi continuait à le mettre hors de lui, il ne s'était aucunement reconnu dans sa façon d'agir à ce moment précis. La vérité c'est qu'il en venait à se sentir effrayé par sa propre attitude. Bokuto en était certain maintenant, il était accro à Akaashi si bien que cela le rendait complètement fou. Comment avait-il pu perdre ses moyens aussi facilement ? Qu'en serait-il s'il en venait à ce que son amour pour Akaashi ne soit pas réciproque, qu'il soit entiché de quelqu'un d'autre ? Ou même s'il en venait simplement à s'éloigner de lui, à ne plus faire parti de son quotidien ? Son cœur se froissait dans sa poitrine rien que d'y penser.

Et pour sur, il était légitime que Bokuto soit taraudé par toutes ses interrogations. Parce qu'Akaashi avait bel et bien pris cette définitive gorgée d'alcool concluant le jeu puéril qu'ils avaient fait chez Kuroo. Ce verre vide qui semblait crier à Bokuto :

« Akaashi n'est amoureux de personne, et encore moins de toi !»

Mais à chaque instant où il fermait les yeux, Bokuto pouvait encore sentir la douce main d'Akaashi tendrement serrée dans la sienne lorsqu'il s'était réveillé à ses côtés le lendemain matin. Son paisible visage endormi avait eu raison de lui et s'il avait pu crier de joie il ne s'en serait pas prier. Le temps qu'il se lève pour préparer un semblant de petit déjeuner, Kotaro avait déjà reçut une centaine de questions plus déplacées les unes que les autres de la part d'un Kuroo bien trop investi et curieux. Retournant dans la chambre en pensant y découvrir un Akaashi à peine réveillé et peut-être même bien avec la gueule de bois, toute sa bonne humeur disparut quand il ne trouva personne. Le passeur s'était excusé de s'être enfuit le jour d'après, et pourtant tout avait radicalement changé depuis.

Bokuto se torturait l'esprit à penser qu'il avait fait quelque chose de travers, à se maudire de n'avoir pu refouler ses sentiments un tantinet, rien que pour la soirée. Il ne pouvait s'empêcher de penser que tout était de sa faute, de sa jalousie déplacée et de son attitude de gamin irresponsable.

Tout de même, jamais il n'aurait pu regretter un seul instant passé aux côtés d'Akaashi. Ils étaient trop précieux pour cela. Et tant pis si cela faisait mal de découvrir que ça n'irait jamais plus loin, Bokuto l'aimait trop pour cela. S'il existait une huitième merveille au monde nul doute qu'il s'agissait de Keiji Akaashi. Et c'était pour cette raison qu'il ne pouvait laisser tomber. Il laisserait les distances et le temps dont le passeur semblait avoir besoin, même si son cœur en souffrait chaque seconde un peu plus. Il ne pouvait se rabaisser à aller à l'encontre de ce que désirait Akaashi.

Mais là était tout le problème. Si c'était réellement ce que le brun voulait, alors pourquoi un voile de tristesse recouvrait son regard depuis ce jour ? Pourquoi sa mâchoire tressautait nerveusement à chaque fois qu'il lui adressait la parole ?

Pourquoi enchaînaient-ils les défaites ?

Chaque jour le nombre de leurs erreurs augmentait, balayant à une vitesse incroyable tous les efforts qu'ils avaient mis dans leur passes depuis le début de l'année. Bokuto faisait tout son possible, mais ce n'était habituellement pas à Akaashi d'être déprimé et à lui de le remonter à bloc. Le champion se sentait complètement démuni. Il avait tout essayé, et par dessus tout il avait essayé de comprendre, en vain. Tout se contredisait sans cesse dans son esprit, se mélangeant pour ne former qu'un brouillard épais dont on ne voit plus la fin.

Et Akaashi, lui, fidèle à celui que finalement, il avait sans doute toujours été, restait terriblement imperturbable.

Chaque jour [Bokuaka] (Inachevée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant