Chapitre 3

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Lou, Lloris et les trois autres élèves originaires de Nimore montèrent à bord du carrosse. Celui-ci faisait au moins la taille d'une petite maison et l'intérieur était spacieux, ensorcelé pour ne pas ressentir les possibles secousses pendant le vol. Il y avait plusieurs tables, entourées de sièges moelleux cousus de satin et aux bordures dorées. L'endroit était déjà presque plein, puisque le dragon s'arrêtait à Nimore en dernier.

Lou laissa son ami aller s'asseoir en premier tandis qu'il s'approchait des serviteurs chargés de monter leurs bagages. Ils portaient un uniforme à la chemise violette, un collier ras-du-cou décoré de l'insigne de l'école et une boucle d'oreille gravée d'un chiffre, différent pour tous.

« Excusez-moi, appela poliment le jeune prince en s'approchant. »

Le serviteur, dont les cheveux blancs indiquait qu'il était originaire de Thunia, releva la tête avec surprise, puis la baissa aussitôt pour éviter le regard de l'adolescent, sans oser répondre.

« Je ne veux pas vous ennuyer, repris Lou en souriant, je voulait juste savoir si j'étais autorisé à libérer mon koralo pendant le voyage. Il déteste les cages. »

L'homme devant lui garda les yeux sur le sol, figé. Lou pencha la tête sur le côté en lui demandant s'il savait parler. Un deuxième servant, originaire de Nimore, arriva à ce moment et envoya son camarade à son travail. Il s'inclina ensuite devant Lou et resta tête baissée devant lui.

« Pardonnez-le monseigneur, marmonna le serviteur, il est nouveau et nous sommes généralement habitués à un traitement... violent si nous osons adresser la parole aux mages.

—Je ne suis pas comme ça, répondit Lou avec une moue agacée, ce n'est pas parce que vous êtes des nogiciens qu'on doit vous traiter comme du bétail.

—Je... merci de votre considération... »

Lou l'invita à se redresser, avant de reposer sa question.

« Bien sûr, affirma l'homme en souriant, du moment qu'il est bien dressé. De toute façon, nous nettoierons derrière s'il fait quelque chose.

—Je ne le laisserais pas faire de bêtise, affirma Lou en se dirigeant vers la dite cage, mais il est très bien dressé de toute façon. »

Il déverrouilla le loquet et ouvrit la porte. L'animal se précipita aussitôt contre ses jambes en ronronnant.

Les koralos étaient très appréciés comme muleen domestique. Leur poil doux -pour les races qui en avait- le ronronnement apaisant qu'ils produisaient lorsqu'ils étaient heureux et leur adorables miaulements en avait fait le muleen le plus domestiqué de tout Holaris, en plus d'être un excellent chasseur pour se débarrasser des petits nuisibles. Rapides et vifs, leurs membres postérieurs étaient pourvus d'une rétractile, capable de se positionner presque à la verticale pour poignarder leur proie et la tuer. Leur queue, rigidifiée par des tendons osseux, les aidaient à s'équilibrer lorsqu'ils se dressaient pour harponner leur butin. Et la petite taille de leurs pattes antérieur n'entachait absolument pas leur agilité.

Lou prit son petit compagnon dans ses bras et frotta son nez contre le sien. L'animal répondit d'un coup de langue en le fixant de ses quatre iris jaunes. Le jeune prince remercia le serviteur et rejoignit son ami sur un des sièges, où le muleen s'installa aussitôt confortablement.

« Il se met toujours aussi facilement à l'aise, remarqua Lloris en grattant le ventre de la créature, dommage que mon père n'ai jamais voulu que j'en ai un.

—Ce n'est pas grave, lança Lou, tu as toujours pu jouer avec Carotte autant que tu le voulais. »

Lloris acquiesça en pouffant. Enfant, il avait plusieurs fois tenter d'emmener l'animal dans sa chambre, avec l'autorisation de Lou, pour dormir avec et ainsi ne plus faire de cauchemars, mais son père s'en était toujours rendu compte. Ce n'était pas un mauvais homme, mais il était strict et pensait qu'un muleen de compagnie distrayait trop les enfants. Et bien qu'il pouvait confirmer l'assiduité du prince à suivre ses cours, il ne changeait pas d'avis.

C.H.A.R.M.E.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant