C.H.A.R.M.E.

Chapitre 10

 Le professeur d'enchantement n'était autre qu'Enrico Vio, le cousin de Lucio. Lorsqu'il ouvrit la porte de la salle, les élèves durent vite s'écarter car il se jeta sur le jeune homme.

« Lucio !! S'écria-t-il, pourquoi n'es-tu pas venu me voir pendant la visite hier ? Je voulais t'inviter à la séance de maquillage aux dortoirs de Luxaura !

—Heureusement que je ne t'ai pas vu alors, grinça Lucio en essayant de se dégager de l'étreinte, lâche-moi En' ! »

Enrico fit la moue. C'était à se demander lequel des deux était le professeur. Il les fit finalement entrer et les invita à s'asseoir.

Enrico était un omega, un des rares omegas à dépasser le mètre septante, puisqu'il faisait un mètre septante-neuf. Il portait en plus des cuissardes à talons qui le grandissaient de quelques centimètres supplémentaires, le faisant dépasser de peu Pharom et Rhalyf. Sa tenue bordeaux était voyante, la robe ouverte jusqu'en haut sur les deux côtés, courte à l'avant et longue, formant une courte traîne, à l'arrière, ses épaules étaient également découvertes, laissant fièrement voir la marque des sorciers sur son épaule droite, tandis que les larges manches tombaient presque au sol lorsqu'il baissait les bras. Il portait un maquillage léger qui soulignait ses traits délicats, quelques bagues en or et des créoles à peine dissimulées sous ses longs cheveux bruns ondulés. Ses yeux noisette pétillaient de malice alors qu'il attendait que ses élèves s'installent.

« Bienvenu, lança-t-il joyeusement lorsque tout le monde fut assis, je suis Enrico Vio, votre professeur d'enchantements. Nous allons commencer par les sortilèges les plus faciles. Le premier est généralement réussi en peu d'essais. Prenez tous votre baguette. »

Il leva la sienne, Séductrice carmin, une baguette aux couleurs rougeoyantes, incrustée de deux rubis. Les élèves l'imitèrent, prêt à lancer leur premier sort.

« Notre premier sort, continua Enrico, nécessite un léger mouvement vers l'avant, comme ceci. Tâchez de garder votre deuxième main prête à recevoir la fleur qui en jaillira. Et prononcez correctement, en articulant, Floria. »

Lorsqu'il prononça ce mot, une rose rouge sembla pousser depuis l'extrémité de sa baguette, jusqu'à éclore complètement et s'en détacher, tombant avec légèreté dans la main tendue du professeur.

« On ne sait jamais quelle fleur sortira, expliqua Enrico en humant le parfum de sa rose, ne soyez pas surpris si vous avez une tulipe, une valériane ou une emalyn. Le professeur Pane'e sera ravi si vous lui apportez une fleur utilisée en potion. A votre tour. Essayez. Et n'oubliez pas de soigner votre prononciation. »

Le sort n'était pas bien difficile. Yulian, contrairement aux potions, eu plus de difficulté, surtout pour prononcer l'incantation. Il fit d'abord apparaître une ronce, puis une brindille quelconque, un cactus, rien du tout, un champignon et enfin, une lénia. C'était une fleur répandue pour ses propriétés magiques, souvent utilisée dans beaucoup de potion, mais aussi pour sa beauté. Dotée de quatre pétales d'un bleu glacé, elle poussait en grappes à partir de cristaux naturels.

Lou pour sa part y parvint à son deuxième essai, faisant apparaître un lys blanc.

Loni, assis juste devant lui, se retourna pour lui offrir le lotus bleu qu'il avait fait jaillir de sa baguette, au même moment que Rhalyf, à droite, qui lui tendait sa rose rouge.

Lou rosit et les sermonna discrètement. Le cours n'était pas fait pour ça. Ils se ravisèrent, déçu et attendirent en silence, comme tous les autres. Enrico passa entre les rangées pour voir les résultats. Personne n'avait échoué. Il ne donna pas d'étoile noire à Yulian non plus pour ses précédents essais catastrophiques, comprenant bien ses difficultés. Il l'encouragea plutôt et le félicita d'avoir finalement fait jaillir une fleur. Il ajouta que leur professeur d'herbologie, Yakov Sergey, serait ravi de récupérer la ronce, le cactus et le champignon. Peut-être pourrait-il même identifier la brindille.