Chronique d'un Ass Guardian

Chapitre 5

J'étais étendu sur mon lit depuis près de deux heures. Mon corps entier me faisait souffrir le martyre, et une migraine venait de naître dans ma tête fortement violentée. Ils n'y étaient pas allez de main morte ces deux là! Je subissais en quelques jours l'équivalent d'une vie de honte. Frappé, mis au sol sans scrupules, voilà en quoi consistait cet entraînement qui devenait vite ridicule. Le Soldat avait toujours son incroyable force et Stark n'était pas mauvais malgré ses réflexes ralenti par un grammage élevé d'alcool dans son sang. J'étais un dieu, puissant, valeureux et sans peur, et je me retrouvais là, à ramper devant eux afin de ne pas me prendre un énième coup dans les côtes. Toutes ces semaines en prison m'avaient rendues faible et vulnérable à un point où je ne pouvais me battre plus de cinq minutes sans avoir un point de côté. J'étais pourtant agile et robuste malgré ma faible constitution, et en quelques séances, j'avais vite repris du poil de la bête. Cependant, sans mes pouvoirs, je ne pouvais pas faire grand chose.

J'enrageai dans une des multiples chambres que constituaient la tour Stark, allongé en attendant que la douleur dans mes épaules disparaisse peu à peu. On m'avait bien proposé de prendre ces étranges comprimés blancs que l'on diluait dans l'eau, mais un dieu comme moi n'avait pas besoin de ce genre d'objet ridicule pour se remettre sur pieds, même si je commençais à regretter mon surplus de fierté qui m'avait poussé à refuser l'offre de l'Iron man. Je fixais le plafond blanc parsemé de petites lumières bleus qui éclairaient faiblement la pièce, plongée dans la pénombre. Le soir était mon moment préféré de la journée, offrant une ombre utile pour se dissimuler aux yeux des autres qui vous regardent comme si vous étiez un monstre. Trop de fois sur Asgard on avait rit de moi, le fils d'Odin si différent, si faible et pâle, alors que son frère se pavanait dans sa belle armure dorée. Je me souvenais de ces nuits où je m'échappais à cheval. Je galopais sans m'arrêter jusqu'à la mer, et là, je m'allongeais dans le sable et j'observais les étoiles. C'était certainement le seul moment de sérénité que pouvait m'offrir la terre d'Asgard, lorsque le monde était plongé dans le silence. A ce moment, je me sentais libre, et fort, pouvant tous les contrôler et leur faire ravaler leurs paroles de mépris. Et maintenant, me dis-je, voilà où j'en étais. Essayant difficilement de sortir la tête de l'eau, combattant contre la mort et le reste du monde, seul, et le dos en compote. Ma haine contre les humains était à présent telle que mon corps entier tremblait sous son poids. Mais celui que je détestais le plus était Thor, cet idiot, indigne du trône, indigne d'Odin et d'Asgard, indigne de tout ce que sa chance avait pu lui offrir alors que moi, j'étais plus intelligent, plus réfléchis, je méritais bien plus ce qu'il possède, alors que j'étais au stade de sans abris.

Je me leva aussi vite que mon corps meurtri me le permettait et sortit de cette pièce qui m'étouffait. Je vérifia que cet ivrogne de Stark ne traînait plus dans le coin puis, après m'être passé un grand jet d'eau sur mon visage en feu, je me posta sur le balcon dominant toute une ville en effervescence malgré la nuit déjà bien entamée. L'air frais me fit du bien et me permis de reprendre peu à peu contenance. Jamais je ne m'étais laissé sombrer dans le désespoir, jamais je n'avais laissé les autres comprendre ce à quoi je pensais, et ce que je pouvais ressentir. Une brise fraîche balaya mes cheveux. J'esquissa un sourire. Bientôt, tout cela allait m'appartenir. Bientôt, le dieu de la discorde allait être acclamé et vénéré dans l'univers entier, et Thor sera à mes pieds, me suppliant de le pardonner pour ses méfaits, tandis que je tuerai son humaine sous ses yeux. Cette idée me redonna du baume au cœur et la pression qui enserrait ma poitrine sembla s'évanouir peu à peu. Il fallait que j'aille me reposer, car le lendemain allait être la mise en pratique de nombreuses semaines de remise à niveau.

J'étais assis sur le même balcon, mon regard toujours dirigé vers l'horizon tout en observant le soleil se levant doucement. Je ne ressentais aucune fatigue, seulement une grande excitation. Même si ce n'était pas le genre de combat que j'attendais, j'étais heureux de pouvoir m'activer un peu. J'aiguisais l'unique couteau que l'on avait bien voulu me donner avec soin. Mon père, Odin, m'avait toujours dit de considérer son arme comme une amie précieuse, et de la traiter avec respect. C'est sûrement l'unique chose que je traitais avec respect depuis le moment où j'avais compris que ma vie était d'envergure divine et que j'avais une armée de sous-fifre à mon service. Une jeune femme répondant à l'étrange nom de Pepper Potts m'avait apporter une tasse contenant un liquide brun ma foi fort amer qui me fit grimacer. Je la renvoya d'un geste de la main, sans lui adresser un regard. Comme toutes les humaines de cette planète, elle était vraiment laide. Comment Stark pouvait s'intéresser à elle?