Le violet. Terrifiant, mystérieux, il flotte entre les ailes du papillon de nuit, profitant d'un battement pour se démarquer du reste du monde. Le violet, couleur moqueuse, qui vient jouer de ses charmes, tromper, duper, manipuler vos propres armes. Le lilas sauvage s'épanouit à l'ombre protectrice du sapin, pour que jamais on ne l'arrache, fleur invisible parmi les herbes sauvages. Le violet, taquin, sourit dans l'ombre où il vous observe sans relâche, prêt à assaillir sa proie.
IMPOSSIBLE.
Le paysage qui se présentait à moi n'avait rien de réel. Il dépassait tout ce que j'avais pu voir de plus bizarre de toute mon existence. Le ciel rosé et brumeux s'étendait à perte de vue devant moi. Il s'y fondait d'étranges nuages sombres, et au milieu d'eux semblait percé ce qui aurait pu être un soleil mais qui me faisait plus penser à un ballon de baudruche rose bonbon sur le point d'exploser. Des arbres gargantuesques aux racines grimpantes, offraient des feuilles de toutes les couleurs à l'éther. Des champignons possédaient des pieds de la même taille que les arbres et d'une circonférence bien supérieure. Leur teinte rouge sang souffrait d'une drôle de varicelle blanche. L'herbe était bleue, comme si on l'avait tâchée de larmes, bleue, comme si on l'avait habillée d'un manteau de glace. Partout, animaux et créatures, mi-humaines ou d'espèces totalement différente, gambadaient, criaient toutes sortes de choses les uns aux autres, parfois à eux-mêmes. Des oiseaux pépiaient joyeusement, mais leur chant se trouvait très vite couverts par des rires et d'autres exclamations bruyantes dont on ne savait la provenance. Les voix, irrégulières, me donnaient des frissons, malgré la température du lieu.
Ce panorama féerique et inconcevable portait l'empreinte d'une folie que je ne parvenais à saisir à cet instant.
J'observais Arthur du coin de l'œil. Lui-même retenait son souffle, le regard figé sur la ligne d'horizon. Dans ses yeux gris, brillait cette étincelle d'admiration que j'aurais pu retrouver dans les yeux de n'importe quel enfant.
A ce moment-là, j'aurais encore pu tourner le dos, fuir la magie, cet univers absurde.
Mais je crois que j'étais déjà perdue, et ce depuis bien longtemps.
C'était comme si la minuterie d'une bombe venait de se déclencher.
Et que j'étais la seule à pouvoir la désamorcer.
Nos regards se croisèrent dans le vent. Mon regard dût parler pour moi.
- Suis-moi, me dit-il, en tendant sa main vers la mienne.
Je la pris sans hésiter.
Après un certain temps, nous arrivâmes à l'entrée d'un carrefour tortueux, aux chemins indiqués par des flèches ne cessant de tourner sur elles-mêmes, comme si le monde lui-même se demandait où l'on était. L'herbe irrégulière me chatouillait les chevilles, et mon pouls s'emballait sans raison particulière. Du moins aucune dont j'avais conscience. Quelques racines parcouraient le sol, glissant comme des serpents, certaines se repliant sur elles-mêmes pour nous laisser passer, d'autres s'amusant à tenter de nous faire trébucher. Je perdis l'équilibre à plusieurs reprises, mais ne tombais pas grâce à la poigne de fer d'Arthur, me maintenant les deux pieds sur terre, bien que la terre ici soit irrégulière et déroutante. A bout de souffle, la cadence bien trop rapide arrivant à mes limites, je forçais mon guide à s'arrêter.
- Alice, on doit se dépêcher, Manon nous attend et...
- N O N. Arrête d'être la foutue copie conforme du lapin jamais à l'heure de Lewis Caroll, bon sang ! Je sais même pas ce que je fais ici ! J'en sais rien de ce prétendu chez moi dont j'aurais enfoui les souvenirs au plus profond de moi. Qui aurait donné naissance à la belle malédiction des pouvoirs que j'ai reçu, pouvoirs qui aujourd'hui, poussés à leur paroxysme, ont sûrement tué un innocent ! Alors, tu vas poser ton pompon au sol bien gentiment, ne plus claquer le couvercle de ta magnifique montre si tu ne veux pas que je donne un coup de pieds dedans pour l'expédier à l'autre extrémité de cette forêt. Et ne t'avises plus de m'appeler « Alice », je ne suis pas la petite fille blonde qui manque de se noyer dans ses larmes, je suis... Je suis une adulte et je m'appelle Lys, merde, explosais-je le visage enflammé et la voix rauque.
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Le Monde en Bleu
FantasyLys déborde d'émotions ; elle déborde d'une magie bleue qui n'attend jamais rien d'autre qu'un coup de cœur pour s'échapper de son contrôle. Seulement un soir, alors qu'elle voulait juste se défouler, tout bascule. Quelqu'un est blessé, peut-être t...