Boulette et lettre parfumée

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Le dos droit, un sourire confiant flottant sur les lèvres, et la démarche digne. Il portait son uniforme impeccablement ajusté, en-dessous de sa robe noire, à l'encolure brodée aux couleurs de sa Maison. Ses chaussures, cirées et conformes à son rang, claquaient doucement sur la pierre froide du corridor.
À ajouter à cela : ses cheveux soigneusement plaqués et son blason parfaitement aligné à la bordure de sa robe.
En sommes, tout était parfaitement parfait.
Voilà comment il aimait se présenter.

La classe, la droiture et la franchise étaient les Maîtres mots du Serpentard.
Sa mère les lui avait enseignée, à défaut de lui donner de l'amour.
Les nombreux pères qu'il avait eu également. Enfin, il ne comptabilisait que ceux ne lui ayant pas fait trop de mal.
Quoique, à bien y réfléchir, le richissime Moldu au tempérament explosif, avait au moins eu le mérite de l'initier à l'Art de la répartie.
C'était toujours ça de pris.

Le jeune héritier n'avait pas eu une enfance des plus tendres.
Sa mère l'avait haïe avant même sa venue au monde, et n'avait eu de cesse de lui reprocher sa simple existence depuis.
Intelligente, froide et calculatrice, elle l'avait fait grandir dans la solitude et la violence -qu'elle soit verbale ou physique-.
Pourtant, lors de sa rentrée en première année à Poudlard, le jeune garçon avait décidé de tout laisser derrière lui : ses blessures, sa solitude, son silence. Car il était plus fort que cela, et ne désirait rien d'autre que de vivre sa vie comme il l'entendait.

Rusé, taquin, tâtonnant avec l'Art subtile de la séduction, intelligent et discret. Oui, il avait su tirer profit de son passé afin de tisser la toile de son avenir.
Évidemment, il ne pouvait plaire à tout le monde. Mais après tout, avait-il été conçu pour plaire à tous le monde ? Non. Car le monde était là pour lui plaire, à lui.

"Mr Zabini, pressez le pas, je vous prie. La première sonnerie ne va pas tarder à retentir, ne soyez pas en retard !"

S'arrêtant dans le couloir, Blaise pivota sur ses talons et se confronta à l'hideuse face de la sorcière.
Son sourire toujours fiché sur les lèvres, le Serpentard plissa les yeux très légèrement, assombrissant subtilement ses iris.

"Je ne suis jamais en retard, Miss Ombrage... C'est le monde qui est quelque fois en avance", assura-t-il d'une voix doucereuse.

La femme en rose ouvrit la bouche, comme pour répliquer quelque chose, mais Blaise ne lui en laissa pas l'occasion et s'en retourna à ses affaires.

"Mais vous avez raison, Miss", lança-t-il lorsqu'il arriva à l'angle du couloir, "Il serait bien impoli de ma part de les faire attendre trop longtemps !" et le Serpentard se dépêcha de sortir du champ de vision de Ombrage.

Gloussant de son insolence, Blaise perçu les petits cris pitoyables de l'harpie qui l'accompagnèrent durant encore quelques mètres, avant de disparaitre au loin.
Il comptabilisa rapidement dans son esprit toutes les heures de retenues qu'il avait encore à faire, et estima approximativement celle qui viendrait s'ajouter au tableau avant la fin de la journée.

"Jusqu'au trois mai ?" souffla Théodore, debout à côté de lui devant la table de travail, "À ce rythme, il va falloir lever un peu le pied, sinon tu risques de t'endetter pour l'année prochaine"

Le rire moqueur de son ami amusa le métisse, qui apposa une main choquée sur sa bouche.

"Voyons, voyons, Théo ! Tu me connais, tout cela n'est qu'un affreux malentendu dont je suis la malheureuse victime...!"

"Mais bien sûr", approuva faussement le Serpentard, contenant son hilarité, puis il baissa la voix lorsque leur professeur de Potions passa à côté d'eux, "Autrement, tu a vu dans quel état sont Harry et Draco ? Si ils continuent sur cette lancée, notre dortoir va bientôt se confondre avec une morgue..."

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