Chapitre 12

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 En rentrant, j'ai découvert que Romane avait improvisé une fête à la maison. Il y avait partout des boîtes de pizzas, des gobelets rouges, des amis... Une ambiance festive comparée à la soirée que je venais de quitter.

Pour ne pas m'imposer et venir jouer le trouble fête, je me suis glissée dans ma chambre pour y prendre une douche rapide.

Habillée d'un simple tee-shirt blanc asymétrique et d'un short en jean, je redescends vers mon bureau pour y mettre un peu d'ordre. Après tout, il est à peine 21 h et je dois m'occuper l'esprit afin de ne pas repenser au fait que j'aurai pu revoir Matthew...

Cela fait 1/2 heure que j'organise mon espace de travail. De la musique m'arrive depuis l'étage supérieur et je vois de la porte fenêtre donnant sur le jardin des jeunes gens discuter, rire ou chahuter. Pour retrouver un peu de calme, je me calfeutre en fermant fenêtre et rideau.

Occupée à visser un écrou récalcitrant nécessaire à la stabilité d'une étagère avec en fond sonore l'album de Francis Cabrel, je me fige...

Il est là... Je ne le vois pas mais je sens sa présence, son parfum.

Sans me retourner, je dis d'une voix que j'espère posée pour ne pas lui dévoiler mon trouble :

- « Qu'est-ce que t'es venu faire ici ? »

- « Bonsoir à toi aussi Ronie... »

Sa voix... Je ne l'avais pas entendu depuis une semaine mais je ne l'avais pas oublié. Par contre, l'effet qu'elle produit sur moi est déroutante. J'en ai des frissons partout. Je souffle pour marquer mon agacement et décide de faire preuve d'un peu de courage. Je me redresse et armée d'un tournevis, je me retourne enfin.

La vision de son corps appuyé nonchalamment contre le chambranle de la porte restée ouverte de mon bureau me perturbe. Derrière moi, depuis les hauts parleurs de la chaîne hi-fi, Cabrel chante « Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai ». Je pense que c'est un très mauvais timing....

Il me détaille en commençant par mon visage et descend lentement jusqu'à mes pieds nus. Je lui rends la politesse : il porte sans doute encore la tenue qu'il devait avoir à la soirée car il est à tomber. Un costume gris anthracite dont le pantalon lui tombe bas sur les hanches, une chemise noire dont les deux derniers boutons ont été ouverts sans doute à cause de la chaleur étouffante et une cravate du même ton que son costume desserrée et légèrement de travers.

Par contre, je peux constater que son visage est marqué de signes de fatigue. Il a les yeux cernés et des ombres sombres rendent son regard triste. Ses cheveux sont indisciplinés sans doute à cause d'un passage répété de sa main et une barbe sombre de trois jours qui lui donne un côté bad boy mais sexy...

J'ai envie de lui. Les palpitations de mon cœur résonnent dans mes oreilles et se répercutent dans tout mon corps. Il faut qu'il parte car de nouveau, des larmes de frustrations commencent à monter. Les souvenirs de notre dernière conversation refont surface, son aveu d'avoir voulu coucher avec une autre me glace le sang.

- « Comment es tu entré ? » dis-je enfin pour rompre ce silence d'un ton sec.

- « J'ai demandé à des jeunes gens qui fumaient dehors devant ta porte restée ouverte si tu étais là et ils m'ont dit que tu étais en bas dans ton bureau et sans que ça ne perturbe qui que ce soit, je suis entré» Il a l'air en colère mais maîtrise le son de sa voix sans doute pour éviter de me faire monter sur mes grands chevaux. Comme je ne dis toujours rien, il se redresse et fini d'entrer dans mon bureau réduisant ainsi la distance de sécurité qui nous séparait.

Je souffle d'agacement :

- « Qu'est-ce que tu veux ? »

- « Je suis venu vérifier que tu allais bien » dit-il comme si c'était une évidence.

Un nouveau départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant