Chapitre 20

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Notre périple a pris fin il y a maintenant une semaine. Nous sommes de retour à Montréal et mon fils rentre en France demain. Alors ce soir, nous ne sommes que tous les trois à la maison. Ma fille passe le plus clair de son temps avec son frère tant qu'il est là. Je leur ai concocté leur plat préféré et nous sommes installés sur la terrasse à profiter des derniers moments ensemble.

Je n'ai quasiment pas eu de nouvelles de Matt depuis trois jours. Mon dernier appel a basculé sur sa messagerie et je n'ai pas laissé de message car je déteste les répondeurs. Je suppose qu'il est très occupé mais ce soir, j'ai besoin de lui, de son soutien. Je pense que je vais devoir m'en passer. Mais j'avais l'habitude depuis mon divorce de me débrouiller seule et de gérer les moments difficiles. Depuis que Matt est entré dans ma vie avec perte et fracas, j'en avais perdu l'habitude.

Depuis le début de la soirée, je contiens tant bien que mal mes larmes mais c'est de plus en plus difficile. Je regarde mon fils qui rit d'une blague qu'il a fait à sa sœur. Mon cœur se serre et je préfère m'éclipser pour ne pas qu'il voit que je suis en train de craquer.

Sous prétexte d'aller chercher le dessert, je les laisse seuls et je me rends dans la cuisine.

Sur le frigo se trouve une photo de nous trois prise dans une rue de Toronto. Le sourire est sur toutes les lèvres, insouciants que ce moment ou nous devrons nous dire au revoir allait arriver.

Putain, c'est trop dur. Je prends mon téléphone et appel une ultime fois Matt mais sans surprise, c'est son répondeur qui me répond. Il n'a pas pris la peine d'enregistrer lui même un message d'accueil et c'est une voix métallique qui m'indique de laisser un message. J'aurai préférée au moins entendre le timbre de sa voix grave et profonde faute de mieux.

Je n'ai pas eu le temps de raccrocher perdue dans mes pensées que c'est déjà à moi de parler. Alors après un silence de plusieurs secondes pour me laisser le temps de formuler une phrase, une pensée, je me lance : « Matt.... C'est la dernière soirée avec Axel avant un bon moment... c'est dur de laisser partir mon fils... » Des sanglots me prennent à la gorge et doivent faire trembler ma voix, il faut que je raccroche « J'aurai aimé que tu sois là, juste que tu sois là... ». Je raccroche sans rien ajouter car je vais éclater en sanglots. En me retournant, je tombe sur Axel qui me prend dans ses bras sans un mot. Je sais que pour lui aussi c'est difficile. Nous laisser ici, sa sœur et moi et un crève cœur pour lui qui a le syndrome du protecteur très développé. Son séjour est passé trop vite et je ne le reverrai que pour les vacances de Noël c'est à dire dans quatre mois. Et je suis certaine que le temps ne va pas passer aussi vite d'ici là...

En me réveillant le lendemain matin, j'ai trouvé un message vocal de Matt sur mon portable qui m'a laissé une sensation étrange. Depuis, un sentiment d'insécurité a pris place tout au fond de moi sans que je sache vraiment pourquoi : « Ronie....pardonne-moi.... » Sa voix était rauque comme s'il avait crié, pâteuse comme s'il avait bu et son souffle est laborieux. Mais c'est surtout le ton dans sa voix qui m'a alerté. Un ton de regret. Et alors que je pensais que son message s'arrêtait là, il a rajouté : « J'aurai moi aussi aimé être avec toi... plutôt qu'ici putain... Excuse-moi auprès de ton fils et salue le pour moi. Je rentre demain alors on se rappelle. Et je voulais aussi te dire Ronie... tu es une femme extraordinaire, tellement belle et forte... je ne sais pas par quel miracle ma route à croiser la tienne ce soir là dans le restau d'Hugo mais je ne te mérite pas... » Il a presque chuchoté ces mots d'une voix emplie de tristesse. C'est ce qui m'a alerté, le regret et la tristesse qui transpiraient de ses paroles mais la suite a été encore plus douloureuse à entendre.

« Tu es sans cesse présente dans ma tête et quand je suis loin de toi, j'ai mal au ventre d'imaginer que tu pourrais en avoir assez de moi... de mes conneries... en fait, tu devrais me laisser et rien qu'en disant cela, j'ai envie de vomir et d'exploser la lampe de ma table de chevet. »

Un nouveau départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant