Chapitre 2

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 Les portes d'arrivée s'ouvrent devant le flot de passagers et un vent frais vient balayer mes cheveux attachés en un chignon plus flou que serré, preuve d'un voyage de 6h en classe éco. Je suis épuisée et j'ai une furieuse envie d'une bonne douche pour effacer les traces de ce vol. Mais quand j'aperçois ma fille, perchée sur la pointe des pieds pour essayer de m'apercevoir, mon cœur se gonfle de joie et je cours presque vers elle, traînant derrière moi, deux énormes valises qui contiennent ce qu'il reste de ma vie. On se jette dans les bras l'une de l'autre dans une étreinte chargée de pleurs et de larmes de joie. C'est si bon de la sentir contre moi, à deux, nous sommes plus fortes. Depuis sa naissance, ça a toujours été ainsi. Je tire ma détermination de l'amour de mes enfants.

Après quelques minutes à se serrer sans un mot tellement le bonheur est intense, elle s'écarte de moi et ses deux iris d'un bleu tiré des eaux du pacifique plongent dans les miens tout aussi humides mais aussi sombres que les siens sont clairs :

- « Enfin, t'es là ! J'ai cru que ton avion avait été détourné tellement j'ai trouvé l'attente longue. »

- « Je suis heureuse moi aussi d'être enfin arrivée ! En plus, j'étais assise à côté d'un homme qui sentait tellement la sueur que je voyais de la pitié dans les regards des hôtesses quand elles venaient nous apporter nos plateaux repas.... J'ai cru vomir à plusieurs reprises ! »

Nous partons d'un éclat de rire en se dirigeant vers la sortie de l'aéroport. Il y a tellement de monde que nous sommes obligées de slalomer pour éviter des enfants qui courent, des couples qui s'embrassent, des hommes d'affaires pressés...

- « Je suis garée dans le parking souterrain » me dit ma fille, fière de me montrer qu'elle se débrouille très bien dans cette ville tentaculaire. « Tu vas voir, cette ville est vraiment chouette, les soirées y sont folles, les restos excellents mais super chers surtout que le service n'est pas compris ! ».

- « Je suis sûre de m'y faire. J'ai tellement hâte ! »

- « Le départ n'a pas été trop dur ? J'ai eu Axel au tel après que tu ais embarqué. Il était bouleversé... »

- « A vrai dire, cela a été très difficile de le laisser. J'ai tellement pleuré mais je me dis que dans moins d'un mois, il vient nous voir alors... »

Je peine à poursuivre car le souvenir de mon fils me serrant si fort dans ses bras avant mon départ de France me bouleverse encore.

Romane sentant la tristesse de nouveau m'envahir me serre le bras pour me communiquer sa force. C'est une discussion que nous avons eu tellement de fois avant mon départ au téléphone. Ce sentiment d'abandonner mon enfant est si fort que j'ai failli laisser tomber mon projet à multiples reprises. Mais Axel m'a au contraire encouragé à partir. Bien sûr, il était triste de cette séparation, mais il savait que c'était mieux pour moi. Il n'arrêtait pas de me rappeler que j'avais travaillé tellement dur pour y arriver qu'il n'était pas question que je renonce pour lui.

Il a 20 ans et il travaille. Une vie remplie d'amis, de sport et de filles... Il ressemble à son père comme Romane me ressemble d'après nos proches . Pourtant, ils sont blonds vénitien aux yeux bleus tous les deux comme leur père et moi sommes bruns. J'ai les yeux noisettes avec des reflets verts et mon ex mari les a marron. Le mystère de la génétique... Mais nos différences s'arrêtent là.

Axel fait 1m95 pour 90 kg, gaillard comme on dit chez nous dans le sud-ouest de la France. Il aurait pu jouer au rugby sans craindre ses adversaires. C'est un beau gosse et le nombre de ses flirts le confirme si il y avait un doute. Mais il a le même caractère que son père : casanier et n'aime pas les changements alors partir vivre dans un pays de l'autre côté du globe n'était même pas envisageable pour lui. De plus, il est fusionnel avec son père comme Romane l'est avec moi. On aime nos enfants plus que tout au monde aussi fort l'un que l'autre mais nous avons « chacun le notre ».

Un nouveau départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant