Chapitre 3 : Te Revoir

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Je suis derrière Gee quand il ouvre la porte. Même si ce moment je l'ai imaginé, rêvé, je veux que Mikey puisse voir son frère en premier. Surtout après son coup de panique concernant ma visite.

Je laisse Gee avancer, en restant à l'entrée de la chambre. Je découvre une pièce claire, blanche, dénuée de toute décoration. Il y a seulement le lit de Mikey, deux chaises et une table fixée au sol. Fixée au sol... pour éviter tout incident et tout accident très certainement. Une télévision est accrochée au mur. Une armoire avec une serrure est elle aussi fixée dans un angle de la pièce. Et la seule fenêtre qui permette une vue sur l'extérieur est composée de barreaux. Je me rends alors compte que tout ce qui entoure Mikey, est prévu pour ne pas qu'il se retourne contre lui-même.

Mikey est attablé face à la porte, en train de griffonner sur des feuilles blanches. Il lève la tête pour nous découvrir, et bien que Gee soit devant, il ne me quitte pas des yeux. Même quand son frère le prend dans ses bras, son regard reste accroché au mien.

Une fois Gee séparé de Mikey, il se met à l'écart. Je n'arrive pas à avancer de moi-même, attendant le signal de mon petit ami. Il hésite lui aussi. Je ne sais pas si c'est la présence de Gee qui nous rend si timide ou l'hésitation de Mikey à me voir. Alors pour détendre l'atmosphère, je lui souris. Il répond à mon sourire par une main tendue.

Le signal que j'attendais vient de m'être envoyé. Alors sans me poser de question j'avance vers Mikey et lui prend la main. Nous sommes restés comme ça quelques secondes, son visage toujours sans un sourire mais, avec une pointe de soulagement. Je profite de la douceur de sa peau sur mes doigts, puis il choisit de combler le vide entre nous.

Mikey m'attire contre lui, ce qui apaise mes craintes. Je suis persuadée que nous revoir lui fait du bien à lui aussi, et non pas seulement à moi. Je ne lui ai pas sauté au cou, je l'ai laissé établir le contact. Et la manière dont il me tient fermement contre lui me fait me sentir bien. Il pose ses mains sous mes cheveux, contre ma nuque et appuie sa tête contre la mienne. Ses doigts ne cessent de caresser mon cou.

C'est quand j'entends la porte de la chambre se refermer que je comprends que Gee s'est éclipsé. Mikey m'embrasse tendrement les cheveux, en soufflant un « Je t'aime Lisa » à peine perceptible. Je ne veux pas me décoller de mon petit ami, je veux rester tout contre lui. Je préfère imaginer son sourire plutôt que faire face à ses grands yeux tristes et pourtant j'ai aussi envie de m'assurer qu'il est bien là.

Ses cheveux rebelles retombent sur ses yeux presque verts. La tristesse de ses derniers me marque. Il a d'habitude une douceur toujours rassurante sur son visage. Là je le sens froid, le visage fermé, cela le rend encore plus anguleux. Je ne reconnais plus Mikey physiquement, et pourtant son contact si tendre me confirme que c'est bien lui.

- Tu m'as manqué Mikey.

- Je sais. Dit-il.

- J'ai besoin de savoir pourquoi.

Il reprend ma main et m'entraine sur son lit. Je m'allonge à ses côtés dans ses bras, nos deux corps étroitement collés. Son souffle vient caresser ma joue, tellement nous sommes proches. Pour rien au monde je ne veux qu'on vienne nous déranger. Nous sommes bien, simplement l'un contre l'autre.

- Je ne voulais pas que tu me vois dans cet état-là. Dit-il. J'ai essayé de me contenir avant notre engueulade, mais j'ai pas pu résister longtemps. Et il y a eu cette crise. Je sais ce que je t'ai fait subir, je sais la peur que t'as eu. Gee m'a raconté ce qu'il s'est passé, je ne m'en souviens plus.

- Ce n'est pas de ta faute Mikey. Ne parle pas comme ça.

- Alors ne te crois pas fautive. Toi non plus tu n'y es pour rien. Ensuite j'ai pas eu le droit aux visites. Ils m'ont pas mal shooté, ça reste un trou noir les premiers jours d'hospitalisation.

A ces mots, je le serre encore plus fort dans mes bras. J'imagine le malaise profond dans lequel il a plongé et duquel il essaie de sortir. Et moi je viens lui demander des explications... j'en ai presque honte.

- Puis quand j'ai eu le droit d'avoir des visites j'ai autorisé la seule présence de mon frère. Je ne voulais pas te faire subir mon état. Tu as vécu la grosse crise et mes conneries, je voulais t'épargner tout simplement.

- Je ne veux pas être épargnée Mikey. On est ensemble ce n'est pas que pour les bons moments. Je veux te connaitre avec ta maladie et apprendre à la gérer.

- C'est pas facile pour moi. Dit-il en soufflant.

- Est-ce que tu veux qu'on arrête d'en parler ? dis-je en sentant son exaspération.

- Non ! J'ai bientôt fini et je veux vraiment tout te dire.

- Je t'écoute.

- J'ai peur que ma situation te fasse fuir, de t'user et je veux t'épargner mes malaises, mes crises. Je ne veux pas que tu subisses tout ça. Et je n'ai pas l'habitude de partager ces moments. Conclut-il.

- Je comprends Mikey, mais former un couple c'est se soutenir même dans les moments difficiles. Je sentais que depuis quinze jours tu sombrais mais tu t'es renfermé. Tu ne m'as pas laissé une chance... je veux qu'on partage, qu'on échange, que tu ne me laisses pas dans le flou et que tu ne me mentes pas. Je suis prête à connaître ta maladie. Et même si ça me brise le cœur de ne pas te voir sourire aujourd'hui, je sais que c'est passager. Je veux construire un avenir avec toi. Je t'en supplie ne me tiens pas loin de toi, laisse-moi te redonner le sourire.

Mikey me serre encore plus fort dans ses bras et je sens son sourire se dessiner contre ma tempe.

- Tu souris ? demandais-je.

- Ca se pourrait. Dit-il.

Je relève la tête et vois effectivement une ébauche de sourire sur les lèvres de Mikey. La tristesse dans ses yeux est toujours là, mais cet étirement de ses lèvres témoigne de son envie de faire des efforts. Je le sens rassuré par mes paroles et je suis rassurée des siennes. Il veut simplement m'épargner, me protéger de lui et nous protéger de la rupture.

Et pour la première fois depuis quinze jours, je peux enfin regoûter aux délicieuses lèvres de mon petit ami. Je n'avais pas réalisé jusqu'alors, que nous ne nous étions toujours pas embrassé. Ses lèvres généreuses, peu étendues et parfaitement dessinées viennent s'écraser contre les miennes, avec toute la douceur que je lui connais.

Mikey est bien plus délicat que mes ex, il est tellement doux. Il est toujours très attentionné envers moi et j'apprécie ces échanges très romantiques que nous avons. Après ce baiser langoureux, je peux voir de nouveau un sourire et ses yeux un peu moins tristes.

- Tu crois qu'on peut dire à Gee de revenir ? demandais-je.

- Oui ... mais on peut aussi le faire attendre. Dit-il.

Je rigole de retrouver un Mikey taquin avec son frère. Il me recolle contre lui pour profiter simplement de ce moment en duo.

Jusqu'au boutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant