Chapitre 2

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Tiana

Quand je rentre chez moi, en général vers dix-huit heures trente, je range mes chaussures dans le meuble qui leur est destiné à l'entrée et dépose ma veste sur le porte manteau.

Ensuite, je me dirige vers ma cuisine et je sors l'une des nombreuses cannettes de Ice Tea qui remplissent la porte de mon frigo tout en glissant ma main sous mon haut pour dégrafer mon soutien-gorge. Je pousse cérémoniellement un petit soupir de satisfaction avant de prendre une grande gorgée de ma boisson. Puis, j'allume ma mini enceinte et je laisse Brian McKnight résonner dans mon appartement. Après quoi, je me dirige en dansant dans ma salle d'eau toujours avec ma boisson en main. Je prends une deuxième gorgée, et dépose la canette sur l'évier le temps de me déshabiller complètement. Je rentre enfin dans la douche et exulte de sentir l'eau couler sur ma peau nue.

C'est ainsi que j'ai imaginé ma soirée : exactement comme toutes les autres de la semaine. Ce qui n'est, bien sûr, pas en train d'arriver.

Pas de Ice Tea. Pas de poitrine libérée. Pas les douces notes de McKnight.

Quand Bradley m'a annoncé vouloir parler en détail des termes de notre accord et que j'ai accepté, je ne m'attendais pas à ce que ce soit dans l'immédiat.

Je n'ai même pas la bonne tenue. Vêtue d'un pantalon large noire et d'une simple blouse de la même couleur, je renvoie l'image d'une personne terne. Je suis beaucoup plus glamour quand je ne vais pas au bureau. J'allais lui dire de reporter notre petit rendez-vous d'affaire quand il m'a montré sa voiture garée en face – une Mercedes Mayback noire.

Décidément Powell Inc. paie bien ses employés. J'ai décidé que plus vite nous parlerions de notre petit arrangement, plus vite je pourrai m'imaginer moi aussi dans ce modèle de voiture. De plus, je ne suis pas disponible ce week-end et il part en voyage professionnel la semaine qui suit. J'ai, quand même, pris la peine de remettre mes talons quand je suis rentrée dans sa voiture avant que nous arrivions à Bercy Village.

Me voilà donc assise en face de lui à l'Indiana Café, à dix-neuf heures à peine, à commander un Diaquiri passion accompagné d'une petite assiette de frites. Lui se contente d'un Jack & Pop.

— C'est Tony, un collègue du bureau, qui m'a conseillé ce bar. Je ne m'attendais pas à ça, m'avoue-t-il. 

Ce sont encore les happy hours et le jeudi soir est synonyme de soirée étudiante. Le bar est plein. On est donc obligés de se rapprocher pour entendre ce que l'autre dit.

— À quoi t'attendais-tu ?

La lumière tamisée le rend plus attirant. Il a quelque chose de juvénile et de provocateur à la fois.

— Plus d'intimité.

Il l'a dit sur un ton... Est-ce moi qui me fait des idées ?

Sûrement. Je n'ai pas eu de relations sexuelles depuis treize mois. Depuis que j'ai accepté le poste d'analyste financière à East Bank. Au début, j'étais extrêmement motivée et j'y mettais toute mon énergie. Plus le temps pour la drague. Il fallait que je fasse mes preuves, que j'impressionne, que je décroche mon CDI. C'est ce qui me permettrait de payer le loyer et je connaissais mes priorités. Et puis, progressivement, une routine s'est installée et je n'ai plus eu ni l'envie ni la force de sortir pour draguer ou me faire draguer. Madi me répète souvent que je suis jeune et que je devrais profiter.

C'est sans doute parce que je n'ai pas senti le regard d'un homme sur moi depuis quelques mois que celui de Bradley me trouble autant. Ça ne peut être que cela. Nous sommes là pour parler de la femme qu'il désire épouser tout de même.

CRUSH DEAL ( Edité chez Butterfly Editions)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant