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Je me lève d'un bond, traverse la pièce en courant, ouvre violement la porte et me réfugie dans ma chambre. Je sais que ma réaction était irréfléchie mais j'étais surprise. Je n'arrive pas à choisir si j'y crois ou pas. Tout ça semble tellement irréaliste et invraisemblable. Je finis par décider d'y retourner demain pour avoir des explications. Donc me revoilà le lendemain dans son bureau. La jeune fille me conduit devant le bureau. J'en profite pour la détailler. Ses cheveux roux dont quelques boucles s'échappent, sont cachés sous un bonnet blanc. Elle porte les habits de l'internat. Les chaussures déformées d'un gris terne s'accordent parfaitement avec la robe sans forme de la même couleur qu'elle as recouverte d'un tablier bleu. Elle n'est ni trop grande, ni trop petite, ni top grosse, ni trop mince. Ses yeux verts sont toujours vides. Sa peau blanche est parsemée de fine taches de rousseurs.
-Je n'aurai jamais cru que tu reviendrais si vite, dit une voix dans mon dos
-J'ai besoin d'explications, je réponds d'une vois neutre sans bouger
Il s'assoit en face de moi.
-Comme ?
-Pourquoi vous m'avez abandonné ici ? Qui est ma mère ? Tout
-Ta mère était une femme formidable, dit-il mélancolique, Malheureusement, elle m'a quitté pour mon meilleur ami alors qu'elle était enceinte. Bien sûr, j'ignorais ce détail. Un jour, je me suis levé et elle avait disparu. Dès que j'ai su où elle était et avec qui, je me suis rendu chez eux. Elle et son mari complotait contre moi alors je les ai exilés à la campagne. Je savais qu'ils avaient une fille et pour me venger je le leur aie pris pour l'envoyer ici. Quelle ironie ! C'est ma propre fille que j'ai envoyé dans cet internat ! En plus, ils s'en fichaient puisque ce n'était pas leur fille !
-Comment l'avez-vous su ?
-Quand je suis retourné chez eux quelques semaines plus tard mais impossible de te retrouver avec tous les enfants que j'ai envoyé ici.
-Vous êtes donc mon père ?
-Oui
Nous restons silencieux à nous regarder puis il dit :
-Tu sais que maintenant tu peux venir quand tu veux ici. Je vais te donner des clés. Tu pourras faire ce qu'il te plait et si tu as un problème n'oublie pas de m'en parler. Suis-moi, dit-il en se levant
Il ouvre la porte à droite de celle à la poignée dorée et entre. Je reste sur le seuil, éblouie.
La pièce est gigantesque. Les murs bleu clairs sont recouverts de tableaux. Au milieu trône un énorme lit aux couvertures bleu clairs comme les murs incrusté de fils dorés. On pourrait me mettre au moins dix fois dans le lit. Des draps de velours bleus marine entours le lit. A côté du lit, se dresse une armoire aussi grande et large que deux éléphants. Sur l'une des portes de l'armoire en bois clair comme la porte est fixé un miroir où je me vois des pieds à la tête. A côté de la porte, posés sur des étagères qui semble voler, des millions de livres de toutes les tailles. Face au lit, sous une petite fenêtre sombre, un bureau avec un ordinateur et un tas d'autres gadgets inconnus. De l'autre côté, encore une porte en ce bois clair. La lumière émane d'une lampe qui semble être de la vapeur colorée. Elle diffuse une lumière qui a l'air naturelle. Le sol est le même que dans la pièce d'à côté.
-C'est magnifique ! je m'exclame
-Ta nouvelle chambre te plait ?
-Ma nouvelle chambre !
-Oui, dit-il souriant
Je rêve ! Cette chambre sort droit de mes rêves et c'est la mienne !
-Elle est incroyable !
-Tant mieux. Tiens prend les clés, il me tend les clés et une oreillette, cela te servira pour appeler Louise et me prévenir en cas de problèmes, il hésite puis ajoute, Veux-tu bien me servir d'espion en quelque sorte et me raconter tout ce qui se passe dans cet internat ?
-Oui bien sûr, dis-je sûr de moi
-Parfait, dit-il en souriant, tu devrais retourner en cours mais change de vêtements avant.
-Oui papa
Il rit puis referme la porte derrière moi. J'enfile un pantalon de velours rose moulant, une chemise blanche et le tailleur assortis sans oublier des bottes noirs montante et un foulard blanc et rose. Je me regarde dans le miroir. Je souris. Ça change de la robe grise et terne.
Je sors, ferme la porte, met l'oreillette et retourne en cours le sourire aux lèvres.
Pendant tout le reste de la journée, je suis sur un petit nuage. Mon sourire s'est figé sur mes lèvres, mes yeux sont tout le temps dans le vague et une petite chansonnette me tourne dans la tête. Normalement je me serai inquiété de savoir comment je connais cette chanson alors que jamais aucune musique n'a franchi le seuil de cet internat. Sauf qu'aujourd'hui n'est pas un jour normal donc je ne m'inquiète pas.
Le soir venu, alors que je retourne dans les appartements de Charles, je tombe nez à nez avec le directeur. Il me sourit et ce sourire me fait froid dans le dos. Le même sourire démoniaque que dans son bureau.
-Alors comme ça, on est la protégée de monsieur le Président? Tu choisis bien tes parents Elizabeth ou plutôt Isabelle. Mais n'aie crainte je ne lui parlerais pas de ce mensonge, ni de tous les autres parce que j'aurai largement le temps de m'occuper de toi plus tard, quand il sera parti.
-Non, dis-je avec confiance, Il va m'emmener avec lui.
-Ah vraiment! Tu crois ça! Il éclate d'un rire faux et glaçant.
Mon sang ne fait qu'un tour. Mon cœur s'accélère. Cet homme me donne l'impression d'être la terreur à l'état brut.
-Surtout quand il découvrira la vérité, continue-t-il
-Je lui ai dit la vérité
-Ttttt, pas de mensonge, nous savons tous les deux que tu n'es pas plus sa fille que moi son père, dit-il en avançant
-Vous ne savez rien de moi! je crie en reculant
Il s'arrête. Le fantôme de son sourire encore sur ses lèvres, il plonge ses yeux glacés dans les miens. Je m'arrête figé comme si cet ignoble regard pouvait me contrôler. Ses yeux tranchants comme des lames de couteau me fixent. Je suis prisonnière de l'étau mortel de ses pupilles. Chaque muscle me fait mal mais ils ne me répondent plus. Il avance, il avance doucement, lentement. A chaque pas il se rapproche et ma peur augmente car je suis figée. Il n'est plus qu'à une dizaine de centimètres de moi, ses yeux sont traversés par un éclair de satisfaction et enfin mon cerveau se réveille. Un signal d'alarme rugit dans ma tête et je m'enfuis en courant. Je cours, je cours. Je descends les escaliers, je traverse la cantine sans m'arrêter et je me planque dans un placard à balais...qui n'en ai pas un.
Autour de moi, tout est noir. J'entends mon cœur résonner dans mes oreilles. J'essaie tant bien que mal de récupérer silencieusement ma respiration sans m'étouffer. Je me plaque contre le mur en plâtre du tunnel et avance sans en décoller mes mains. La sueur coule dans mon dos, sur mon visage et mes mains sont toute moites. Soudain, je m'arrête. J'écoute attentivement mais je perçois distinctement les talons du directeur sur le sol de métal. Une petite lumière arrive jusqu'à moi. Il a laissé la porte ouverte.
-Où es-tu ma jolie ? dit-il d'une voix sadique
Il s'approche encore. Je ferme les yeux. Tout est fini. Je chercher une solution. J'ouvre les yeux. J'ai trouvé ! J'appuis sur mon oreillette et je déclame à haute voix :
-Mon très cher père, le directeur vous cherche. Il aimerait vous voir tout de suite.
Une voix grave résonne dans le noir :
-Très bien mais qu'il ne me fasse pas attendre. Dites-lui que je l'attends.
-Je n'y manquerai pas
J'éteins mon oreillette et plante mon regard dans celui du directeur le sourire aux lèvres :
-Mon père vous attend, ne le faites pas attendre.
Il me regarde d'abord surpris puis un sourire naît sur son visage. Je soutiens son regard avec défi. On se dévisage ainsi pendant quelques minutes puis il tourne les talons. J'écoute ses pas s'éteindre dans le couloir et que la porte claquer furieusement. Je pousse un soupir de soulagement. Il sait qu'il ne peut pas m atteindre mais il sait aussi que j'ai peur de lui et que Char...Mon père ne restera pas éternellement. C'est pourquoi, malgré que le directeur soit parti, je m'enfonce un peu plus dans le noir en longeant le mur.
Plus je m'éloigne, plus je sens une odeur étrange, très étrange, une odeur inconnue. Soudain, je me cogne contre un mur en métal qui résonne encore plusieurs minutes en produisant un bruit assourdissant. Je me fige, me concentre sur mon ouïe. FLASH! Aucun de mes autres sens ne fonctionne, seule l'ouïe existe sauf que il n y a pas de bruit. C'est le silence complet. Géniale! Je commence à retrouver mes autres sens quand...j'entends un bruit de pas. La personne tient à ne pas se faire voir car elle marche avec beaucoup de précautions. Je retrouve tous mes sens, cours le long du mur et me glisse dans un trou. Seule problème, la crevasse n'en n'ai pas une parce je ne rencontre pas d'obstacle. En fait, ce que j'avais pris pour un mur est un immense objet circulaire en métal. Je me plaque contre l'objet, ferme les yeux et attend cette personne.
Les pas s'arrêtent de l'autre côté de l'objet circulaire. J'aperçois une faible lumière. Mon cœur s'accélère. Elle connaît forcément les lieux sinon elle n'aurait pas une torche et n'aurai jamais pu s'orienter dans ce noir.
-Je sais que vous êtes la! Montrez-vous! crie une voix qui m'ai un peu trop familière.
Solfian. Il est la dernière personne que j'aurai aimé voir. Alors je pousse un soupir et sors de l'ombre. Un sourire narquois se dessine trop rapidement sur son visage à mon goût.
-Tient, tient. Regardez qui voilà. Tu es perdu ou peut-être que tu as peur du noir? dit il avec méchanceté
-Non je me suis cachée, je réponds blessé par ses paroles méchantes
-Pourquoi n'as-tu pas couru te réfugiée chez Papa. Il est si gentil et si doux. Après tout, il a sauvé le monde, dit-il en imitant d'un enfant ignorant
Je choisis de répondre sur un ton neutre bien que la colère boue en moi. Non mais qui est-il pour me parler sur ce ton.
-C'était le seul endroit pour échapper au directeur
-Pourquoi? Tu n'aimes pas ses manières? Pourtant il est comme toi. Je croyais que cela te plaisait au moins tu étais désirable. Maintenant, tu as ton meurtrier de père pour t'aider. Je suis sûr qu'il est favorable au fait que tu traques et tues des innocents pour ensuite t'envoyer en l'air avec le directeur! Apres tout tu n'es pas sa fille pour rien
Il crie en disant cela mais je ne l'écoute même plus. La colère a grandi en moi comme une vague avant un tsunami dévastateur à chaque mot sortis de sa bouche.
Je me jette sur lui en criant:
-Je t'interdis de me parler
Il tombe à terre sous le poids de ma rage, ma colère et ma peur. Il n'est pas responsable de tout mais il va payer pour les autres, tant pis pour lui. Il est très surpris. J'en profite pour lui flanquer un violent coup de poing dans le nez. Celui-ci se met à saigner mais il s'en moque et presque aussitôt me repousse de ses mains violement. Je tombe en arrière et le choc m'étourdis. Avant de m'en être remis, il attrape mon tee-shirt, me relève et me balance contre le mystérieux objet. Au moment où il s'approche, je me baisse, passe au-dessous de ses jambes et les lui attrape. Je tire vers moi et il tombe face contre terre. Je le maintien au sol mais il me retourne et se retrouve au-dessus de moi. Il agrippe mes poignets et les serre si forts contre me sol que j'ai l'impression qu'il va me casser les os. Je me débats, malgré mes efforts il ne lâche pas prise. Ses yeux brillent d'une lueur féroce.
Il se relève m'obligeant aussi à le faire puis il me flanque un coup de poing dans le ventre et une douleur aiguë s'empare de moi, me vibrant dans les tympans. Il m'empoigne par les cheveux. Avant qu'il est tenté quelque chose je lui donne un coup de pied dans l'entre jambe. Malheureusement, je me repose 2 secondes et il en profite pour m'envoyer son poing au hasard sur mon visage. Pas de chance, il touche près de l'œil. Je suis bonne pour un cocard! Peu de temps après il m'empoigne par les poignets, me les replies dans mon dos et me plaque contre l'objet circulaire. Je me débats mais rien à faire. Je croise son regard. J'arrête de bouger.
Soudain, je me sens très fatiguée. Mes poignets tenus par ses mains, sont endoloris. Ma chemise est trempé e de sueur et de sang. J'ai mal partout. Mon oreillette est en mille morceaux. Des cheveux se sont collés contre mon visage et les autres sont en batailles, plaqués contre le métal de l'objet.
Le nez de Solfian pisse le sang. Il macule son tee-shirt sale et imbibé de sueur comme ses cheveux désordonnés. Malgré cela, nos yeux ne se quittent pas. Ils ne se battent plus en duel. Ils se noient les uns dans ceux de l'autre. Ses yeux noirs tempête ont les laissés place a une nuit calme. La lumière de la torche tombée pendant le combat ne semble éclairé qu'eux. Nos respirations saccadées troublent ensemble le silence. J'ignore combien de temps on reste comme ça sans bouger. Longtemps mais quand je me surprends à penser que j'aimerais qu'il se rapproche de moi, je rougis et trouble le silence en disant:
- Ils vont s'apercevoir de mon absence
Il me lâche, recule de trois pas et me dit d'un ton sec:
-Bien sûr
Je suis vraiment une idiote. Je viens de rouvrir les hostilités.
-Arrêtons de toujours se disputer et soyons amis. C'est plus drôle, je le supplie
-Tu arrêteras de voir ton père?
-Je peux voir les deux
-Non, désoler, soupire-t-il, je ne peux pas te voir si tu vois ton père. Tu ne sais pas ce que cet homme m'a fait.
-Pourtant c'est ce qui pourrait t'aider
-Parce que maintenant tu t'inquiètes de m'aider, dit-il d'un ton sarcastique
-J'ai une dette envers toi, j'explique
-Je te libère de ta dette, dit-il en s'en allant
Je le suis suppliante:
-Pourtant je suis la meilleure alliée que tu puisses avoir justement parce qu'il est mon père. En plus, tu es malheureux ici. Encore plus que moi je l'étais. Je t'en prie! Laisse-moi t'aider!
Il s'arrête et je manque de lui rentrer dedans. Il semble réfléchir puis il dit en me regardant dans les yeux après s'être retourné :
-Tu veux réellement m'aider ? Ce n'est pas un piège ?
-Non ce n'est pas un piège, dis-je étonnée
-De toute façon, même si c'est un piège, je ne pourrai pas le savoir tout de suite, parle-t-il à lui-même, Qu'est-ce que j'y perds ? Rien ou peu de choses, j'ai plus à y gagner.
Je l'écoute et j'attends sa réponse en priant pour qu'il accepte. Après de longues minutes de réflexion, il finit par soupirer :
-D'accord. J'accepte ton aide.
Je souris mais me reprend aussitôt :
-Pour commencer, il faut que tu m'aide à sortir de ce...ce... euh...
-Hangar, finit-il
-C'est un hangar ?!
-Oui
-Donc c'est la sortie !
-Oui aussi
-Qu'attendons-nous ! je m'exclame
-Je ne sais pas conduire et toi non plus, je suppose
-Non, dis-je déçu
-De plus, tu as vu une voiture ici?
Non
-Continue
-Donc tu m'aides à sortir de ce hangar et moi une fois chez mon père je cherche des informations sur comment sortir sans se faire remarquer. De ton côté, tu cherches comment neutraliser les alarmes etc. Ok ?
-Ok
-Rendez-vous demain ici
Il acquiesce d'un signe de tête et me conduis vers la sortie. Je referme la porte sur lui. Je remonte les couloirs et les escaliers. Ouvre la porte de chez moi et...me retrouve face à face avec mon père qui me demande contrarié :
-Elizabeth, pourquoi es-tu couverte de sang ?

La liberté est dans tes yeux...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant