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Je cours quelques mètres puis je m'arrête. La lumière ne me parvient pas. Heureusement que j'ai pris une lampe torche. Je pose mes mains sur mes épaules, là où devrait se trouver le sac et je réalise que je ne l'ai pas. Je ne l'ai pas pris dans ma fuite. La seule chose qu'il me reste c'est la photo qui est toujours dans ma main. Je soupire. Géniale ! J'avance, les mains devant. Je devrais finir par tomber sur le mur. Puis je me souviens de la taille du hangar. Combien de temps vais-je mettre pour y parvenir. Après ce qui m'a semblé être une éternité, mes mains se posent sur une surface lisse et froide. Aucun doute, c'est bien le mur. J'avance en gardant toujours une main dessus. Je rencontre plusieurs portes mais après avoir ouverte celles qui ne sont pas verrouillées, je découvre des salles de classe, des chambres, des bureaux. Aucune pièce ne m'aide à m'orienter. J'erre depuis plusieurs heures quand, épuisée par des heures de recherche, je décide de m'arrêter. Je m'assois dans le noir. Je me concentre sur ma vue. Flash ! Je vois le sol et les murs qui n'ont pas de fin. Flash ! Ensuite je fais la même chose avec mon ouïe. J'allais abandonner mais c'est là que j'ai entendu un cri presque indistinct malgré mon ouïe surdéveloppée. Un cri suivi de pleins d'autre. Je me concentre sur ces cris. Ils se font de plus en plus fort et une fois qu'ils sont trop fort pour mon ouïe, Flash ! J'ouvre les yeux. A ma grande surprise, je ne suis plus du tout au même endroit. J'entends de nouveau les cris. Je ferme les yeux et me dirige grâce à eux. D'autres voix se rajoutent entre les cris. J'ouvre les yeux et m'avance encore mais sur la pointe des pieds. De grandes portes de métal se dressent devant moi. Des raies de lumières s'échappent de l'intérieur. J'essaie de regarder entre les deux battants de la porte mais je ne vois rien. Alors lentement, je pousse la porte. Une image apparait dans ma tête : celle de la fille rousse. Les cris sont les mêmes. Soudain, je n'ai plus du tout envie de savoir ce qui se passe mais j'entends la voix de mon père demander férocement:
-Avouez ! C'est vous qui êtes entrée dans mon bureau et avez volé ces plans et ce dossier !
-Non, ce n'ai pas moi, pleure une jeune fille
-Où avez-vous mis ce dossier ? hurle mon père
Un frisson me parcours.
-Pitié ! Ce n'est pas moi qui l'ai ! C'est une fille... Une fille aux cheveux noirs jais, gémit la fille
Je suis trop pétrifiée pour bouger. La fille pousse des cris déchirants. Des cris horribles. Même la fille rousse n'avait pas poussé des cris aussi terrifiants.
-Pour la dernière fois, Où est le dossier que vous avez volé ? dit mon père d'une voix inhumaine.
-Je ne l'ai pas ! Je ne l'ai pas ! Je ne l'ai p...
Elle pousse un autre cri. Plus fort, plus plaintif, plus terrifiant que les autres. Un cri qui doit lui arracher les poumons. Je plaque mes mains contre mes oreilles ne retenant la porte qu'avec mon dos mais je l'entends encore. Le cri se tait mais il résonne toujours dans mes oreilles.
-Que fait-on monsieur ? demande un homme
-Débarrassez moi de ça, dit-il avec dégout, Et surtout retrouvez moi ce dossier, hurle-t-il hors de lui
Toute tremblante, je pose mes mains sur la porte et jette un œil dans la pièce. Ce que je vois finit de me terrorisée. Mon père est parti et les docteurs ramassent le corps d'une jeune fille. Ses cheveux lui collent au visage. Lui-même est marqué de blessures, bleus, coquards... Pareils pour ses bras, ses jambes, son dos et ses vêtements ne sont plus que des lambeaux. Ils l'ont torturée à cause de moi. Les médecins la soulève et je la reconnais : C'est Louise. Elle ne réagit pas. Alors je vois du sang sortir de sa bouche et couler sur le sol. Ce n'est qu'une fois qu'ils sont partis que je réalise que cette pièce est la salle des tests. Les tests de Louise ! Mon père en a parlé hier. Sauf que là, c'est plus que de simples tests ! Ils ne l'ont pas seulement torturée...Ils l'ont tuée. Tous cela à cause du dossier que j'ai volé...à cause de moi. De violents tremblements me prennent. Les cris résonnent dans ma tête s'accompagnant de l'image de Louise, le sang coulant de sa bouche. Les larmes coulent le long de mes joues. Puis sans prévenir tous mes souvenirs me reviennent. Un flot d'image m'assaille. Les cris de Louise, ma mère, les miens s'entremêlent. Les images, les sons, tous se mélangent. Je tombe sur le sol, les mains sur la tête essayant en vain, de tout faire taire.

La liberté est dans tes yeux...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant