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La douleur. La triste douleur. La douleur après une tempête. Une douleur calme. Une douce tristesse. Puis tout me reviens et j'ouvre les yeux pour empêcher les images de ressurgir.Je ne vois pas le plafond. La seule lumière vient d'une lanterne. Je ferme mes mains et elles entrent en contact avec une couverture qui autrefois devait être douce mais qui aujourd'hui est rêche. Je me lève et mes muscles endoloris se détendent. J'allume mon oreillette. Mon père répond et je lui explique que je ne rentrerai pas ce soir. Pour le rassurer, je lui confirme que j'ai bientôt trouvé Solfian. Ce qui est un peu ironique, vu que je suis sur sa couverture mais aucune trace de lui.Je ne fais que quelques pas avant de tomber sur Mme Chauve.
-La Belle au bois dormant s'est réveillée on dirait, sourit-elle
-Oui, merci beaucoup, je réponds désireuse de m'en aller
-Très bien parce que j'ai des questions à te poser
-Je n'ai pas envie de répondre à vos questions.
Elle fait comme si elle ne m'avait pas entendue. Elle m'empoigne et s'assois sur la couverture, m'obligeant à m'assoir moi aussi.
-Que faisiez-vous dans ce couloir ?
-Quel couloir ?
-Vous savez très bien de quoi je parle
-J'étais là par hasard
-Vraiment ?
-Oui
Je soutiens son regard puis elle reprend son interrogatoire :
-Vous ne dormiez pas je suppose ?
-Non
-Alors que faisiez-vous sur le sol
-Je m'étais évanouie
-Pourquoi ?
Il faut que je donne une réponse plausible mais en même temps je ne peux pas lui dire la vérité, pas à elle. Je peux lui dire une partie de la vérité :
-Mes souvenirs me sont revenus
Elle sourit.
-Tu dois donc savoir que la femme sur la photo n'est pas ta mère
Je réalise que je n'ai plus la photo.
-Où est-elle ? je demande d'une voix aigüe
Elle la sort de sa poche et mon inquiétude me quitte.
-Alors, comment s'appelle ta mère ?
-Elle s'appelle Rosa, Rosa Chresta
Elle écarquille les yeux puis secoue la tête :
-Impossible
Elle commence vraiment à m'énerver celle-là.
-Bien sûr ! Vous connaissez mieux le prénom de ma mère que moi! j'ironise
-Très bien, admettons que tu ais raison...
-J'ai raison, je la coupe
Elle me fusille du regard.
-Admettons, je serai donc ta tante...
-Vous êtes ma tante
Bizarrement cette idée ne me plait pas vraiment ;
-Peu importe, le président n'est pas ton père et il le sait. Tu ne dois plus revenir ici avant que Solfian ne soit parti.
-Vous êtes folle !
Elle croit réellement que je vais passer toutes mes journées avec ce monstre.
-Il va bien finir par se douter que tu es de mèche avec nous. Tu pars pendant des heures. A chaque fois tu dis que tu as presque trouvé Solfian mais jamais tu ne le trouves. Il va finir par te demander où tu vas et vas envoyer ses docteurs.
-Je les emmène ici quand Solfian n'y es pas et lui, il change de cachette.
-Si tu les emmènes dans le hangar, Solfian ne pourra plus s'y cacher et l'école grouille de patrouilles.
-Vous avez raison, je soupire
-Il faut que tu retournes chez toi maintenant
-Non, j'attends Solfian. J'ai des choses à lui dire
Je dois lui raconter tout ce que j'ai vu et entendu.
-Impossible. Je lui dirais si tu veux ?
-Non, c'est à lui que je veux parler. Où est-il ? je l'agresse
-Il est à ta recherche et ne reviendra pas avant de t'avoir retrouvée.
-Mais je suis ici !
-Il faut que tu arrêtes de venir.
-Vous avez besoin de moi ! Je suis votre espion !
-Un espion qui est sur le point d'être démasqué. On a encore besoin de toi pour la fusée. Il faut qu'il ait confiance en toi. Tu sais, Solfian est très important. On ne peut se permettre de le perdre pour une amitié. Il sait trop de choses essentielles et c'est aussi la raison pour laquelle il faut qu'il parte : pour les transmettre.
Je ne peux plus rien faire. Je peux juste rentrer chez moi en laissant Solfian croire que je l'ai abandonné pour aller vivre avec un monstre.
Je rentre chez moi et me couche le cœur lourd sans même me changer. Je n'ai pas le choix.Je ne dors pas de la nuit.
Quand vient l'heure où normalement je prends mon petit déjeuner avec mon père, je n'y vais pas. Je reste dans mon lit toute la journée. Je repasse encore et encore mes souvenirs et les images de la mort de Louise reviennent toujours me hanter.
Qu'ont volé mes parents pour que je me sois retrouvée ici ? Pourquoi n'ont-ils rien fait pour me retrouver ? Pourquoi ont-ils caché ma naissance à leurs familles ? Je déteste mon père pour avoir détruit ce que cherchait Charles. Je déteste ma mère d'être morte ce jour-là. Je les déteste de m'avoir fait vivre dans la pauvreté alors que d'après la photo, ils étaient riches. Je déteste Mme Chauve de m'avoir interdit de voir Solfian. Je déteste Solfian...Non, je ne déteste pas Solfian. Et la personne que je DETESTE le plus : Charles. Je le hais pour tous ce qu'il a fait mais surtout pour avoir obligé les docteurs à me planter cette seringue dans le bras.
C'était ce fameux jour où les docteurs m'avaient posée des questions sur ma vie. Je m'étais mise à crier tellement fort que Charles leur avait demandés de me piquer avec cette énorme aiguille. Je m'étais évanouie immédiatement et quand je m'étais réveillée, je ne me souvenais de rien. Toute ma vie avait disparu de ma mémoire. J'ai ouvert les yeux dans une chambre. Charles m'a tendue des vêtements et je savais juste que je détestais cet homme mais j'en ignorais la raison. Un docteur m'a dit que cette chambre était la mienne, m'a montrée la salle de bains et après une bonne douche, il m'a conduite au réfectoire. On m'a indiquée ainsi qu'aux autres, ce que je devais faire et tous les jours, j'ai refait la même chose mais comme je n'arrivais pas à dormir, je me racontais des histoires. Ma mère faisait cela parfois. Elle m'a dit un jour : Ma chérie, si un jour tu n'arrives pas à dormir, inventes toi ton histoire ou chantes notre chanson. J'avais oublié ma chanson et tout le reste de ma vie à cause de cette foutue seringue !
Je soupire. Ressasser mes souvenirs ne m'aidera pas. Je décide de prendre une douche puis de retrouver Charles pour le dîner. Il me pose plein de questions sur Solfian et je lui avoue que j'abandonne les recherches. Il ne me pose pas plus de questions mais me regarde bizarrement. Pour le rassurer, je lui souris (ce qui m'arrache les lèvres) et lui affirme que si j'ai des informations, je les lui transmettrais. Ensuite, je retourne dans ma chambre mais à peine suis-je couchée que les cris de Louise reviennent me hanter. D'étranges formes apparaissent dans le noir. Des formes terrifiantes. Je cache mes yeux sous mon oreiller mais là encore, je sens la présence des...choses. Mon cœur bat la chamade et la sueur commence à couler le long de mon dos. Je finis par trouver le courage d'allumer la lumière. Elle inonde la pièce et fait disparaitre les ombres. Je souffle quelques instants et attrape mes chaussons et ma robe de chambre. Je sors le plan et cherche une porte secrète qui mènerait au hangar. Après avoir passé 5 fois ma chambre au peigne fin, je la trouve enfin. Je me glisse dans le hangar, ferme la porte et... me retrouve dans le noir.
J'avance un peu puis les ombres reprennent. Les images et les cris de Louise tournent en boucle dans ma tête. Mes yeux grands ouverts, mes mains moites, mon cœur reprend un rythme rapide et la sueur continue de couler dans mon dos. J'ai peur que ma respiration ne persuade ces bêtes sauvages aux yeux rouges qui me regardent avec appétit, de se jetter sur moi. Alors, je mets à courir. Courir le plus vite possible. Je cours sans m'arrêter, sans reprendre ma respiration... Quand je percute un mur, je repars sur le côté. J'ignore combien de temps je cours ainsi mais je finis par rentrer dans quelqu'un. Nous tombons tous les deux. Il jure puis se relève. Je réalise que je suis fatiguée d'avoir courue et trempée de sueur. Mes jambes me font mal et je sens mon cœur dans chaque muscle. Je suis incapable de me relever. La personne allume une lanterne. La lumière m'éblouie et m'empêche de voir qui j'ai percuté dans ma course folle.
-Isabelle ! s'écrie une personne que je connais bien
-Solfian ! dis-je
-Que fais-tu là ? demande-t-il étonné
-Arrive pas à dormir, je grommelle en me relevant
-Toi non plus
-Et toi ? Que fais-tu ici ? Si loin de ta cachette ?
-Tu rigole ? C'est juste à côté.
Combien de temps ai-je couru ? Longtemps. Où suis-je ? Loin de ma chambre. Je soupire.
-Ma chambre est loin d'ici.
-Pourquoi ? Ta chambre a une entrée sur le hangar ? dit-il surpris
-Oui, comme presque toutes les pièces
-Où est-elle environ ?
Je lui dessine le plan du hangar. Je place la fusée puis sa cachette. Enfin, je place la porte de ma chambre. Le plan n'est pas exact mais il a l'air de comprendre.
-Très bien, dit-il, je vais t'y conduire.
Il attrape ma main et nous nous mettons en marche. J'évite de penser sinon les cris continueront de me hanter. Je me concentre sur sa main dans la mienne. Je m'accroche à lui. Il est la seule raison pour laquelle je ne m'écroule pas par terre en arrêtant de lutter, de mentir, de me cacher et d'avoir peur. Il ouvre les portes les unes après les autres et au bout d'une dizaine de porte, je m'écris :
-C'est là ! C'est elle ma chambre !
La lumière est toujours allumée et le plan est toujours sur le sol.
-Waouh ! s'exclame-t-il, ça c'est une chambre !
Je souris.
-Viens, entre
Il hésite puis me suis. Je lui montre tout même ma salle de bains. Il est émerveillé. Je ne l'ai toujours pas lâché quand je lui propose :
-Tu veux rester ? Juste cette nuit.
Son visage s'assombrit.
-Non, je ne peux pas
J'aurai aimé pouvoir dire en souriant : Ok, pas de problème mais j'ai tellement peur de rester toute seule.
-S'il te plait, je le supplie, ne me laisse pas toute seule
-Pourquoi ? De quoi à tu peur ? De Charles ? Il ne te fera rien il est persuadé que tu es sa fille.
-Peut-être qu'il sait que je ne le suis pas et qu'il attend juste que je m'en rende compte pour m'éliminer comme sa servante.
Il fronce les sourcils.
-Quoi ? Tu n'es pas sa fille ? Comment ça « éliminer sa servante » ?
Je mords la lèvre et prends mon courage à deux mains.
-C'est pas grave, une autre fois, je souris
Nous savons qu'il n'y aura pas de prochaine fois parce qu'il part dans 3jours.
-Que s'est-il passé hier ? J'ai l'impression que tu as menti à Mme Chauve et qu'elle, elle m'a aussi menti.
-Je n'ai pas envie d'en parler
-Pourquoi ?
-Parce que j'ai peur de ce que j'ai vu, je murmure
-Très bien, je reste avec toi jusqu'à ce que tu t'endormes et ensuite je m'en vais. Si Charles arrive, je me cache dans la salle de bains. Ok ?
-Oui
Ma peur retombe, je me glisse dans mon lit et Solfian s'assoit sur la chaise de mon bureau. Je sombre immédiatement dans le sommeil.
Je cours dans un champ. Ma mère à l'autre bout me sourit. Solfian apparait et se met à courir à côté de moi. Puis les docteurs arrivent et emportent ma mère. Elle m'appelle mais je ne peux plus avancer. Quand enfin, je me suis dégagée, je cours dans la direction où ma mère a disparu. J'arrive dans une forêt. Je vois son corps. Je m'approche encore. Charles est là. Il sourit. Une meute de chien est derrière lui. Leurs yeux rouges brillent dans le noir. Charles fait signe aux chiens et ils se jettent sur ma mère qui crie, crie, crie... Elle finit par se taire. Le directeur l'emmène en souriant et murmurant : je t'aurai. Le visage de ma mère se transforme en celui de Louise après sa mort. Le sang coule de sa bouche. Ensuite, les loups me regardent en se léchant les babines. Charles dit en riant :
-Tu n'es pas ma fille
Les loups me sautent dessus. J'ai juste le temps de voir une fusée s'envoler avec Solfian à l'intérieur. Son visage à la fenêtre me sourit. Puis les loups plantent leurs crocs dans ma chair et je me mets à crier de toutes mes forces. Je crie à m'en arracher les cordes vocales.
J'ouvre les yeux. La sueur coule sur chaque parcelle de mon corps et mon cœur résonne dans mes oreilles. Je tremble de tous mes membres et ma gorge me fait atrocement mal. Charles déboule dans ma chambre. Je lui souris et lui assure que ce n'était qu'un cauchemar. Quand il repart, Solfian sort de sa cachette. Il m'observe, silencieux. Alors je lâche prise et me mets à pleurer. Il s'approche doucement, s'assoit à côté de moi et me sert contre lui. Je pleure un bon moment. Quand je n'ai plus de larmes, je pose ma tête sur son torse et il renforce son étreinte.
-Je vais rester avec toi, chuchote-t-il dans mon oreille
Je hoche la tête.Il s'allonge sur les couvertures et je me blottis contre lui. J'écoute quelques instants sa respiration régulière puis je m'endors.
Quand je me réveille le lendemain, Solfian a disparu. Je soupire. Bien sûr qu'il n'est pas resté, il doit se préparer. Je ne fais rien aujourd'hui. Je mange avec le président, vais en cours, reviens déjeuner avec Charles puis retourne en cours. Je m'allonge sur mon lit et quand vient l'heure du dîner, je retourne encore une fois dans la salle à manger.
Une fois dans ma chambre, j'attends Solfian en me convaincant qu'il n'a aucune raison de venir. J'entends des coups contre la porte du hangar. Je saute de mon lit et ouvre la porte. Solfian s'assoit sur mon lit.
Quand je me réveille le lendemain, Il est encore parti et la journée se déroule comme la veille.
Le soir, mon ami met plus de temps à venir mais je finis par entendre des coups contre la porte. Il entre et s'assoit sur mon lit le sourire aux lèvres.
-La fusée part à une heure précise et rien ne peut l'empêcher de partir. Elle est commandée par un robot. Les portes s'ouvrent à 19h00. Ses portes se ferment 5min avant le départ. Il suffit que je me cache jusqu'à ce que les portes se ferment. Mme Chauve va dérégler les horloges.
Je sens qu'il est excité par ce départ. Je lui souris mais moi, j'ai l'impression qu'on m'enfonce un poignard dans le ventre. Je m'assois à côté de lui.
-C'est génial !
-C'est grâce à toi. Sans toi, je n'aurai jamais pu m'en aller.
Son compliment me fait sourire.
-C'est la dernière fois qu'on se voit. Si je viens au décollage, je risque de tout faire foirer. C'est pour cela que j'ai décidé de te raconter ce qui s'est réellement passé l'autre jour.
Je prends une grande inspiration et je lui raconte tout. Les cris, le sang, les souvenirs, tout. Quand j'ai fini un poids énorme tombe de mes épaules. Il prend ma main.
-C'est horrible, murmure-t-il
Je me blottis contre lui pour le retenir, pour qu'il ne s'en aille pas.
-Je sais.
J'ignore à quel moment on s'est endormi mais quand j'ouvre les yeux, il dort toujours. Je le regarde dormir. Je mémorise son visage dans ma tête. Quand il se réveille, il me surprend en train de l'observer. Je détourne les yeux, rouge de honte. Il sourit. Il se lève, se prépare et moi, je le regarde s'en aller pour toujours m'abandonnant.
-On y est n'est-ce pas ? je demande tristement
Il me regarde surpris :
-On y est ?
-Le moment des adieux. Tu t'en vas ce soir et on ne se reverra plus jamais.
-Oui, on y est
-Adieu alors
-Adieu
Il passe la porte et je vois sa silhouette s'éloigner dans le noir. Je cours à sa poursuite. Je ne peux pas le laisser partir comme ça. Pas avec ces adieux tout pourri. Je me jette son cou et je lui murmure :
-Au revoir
Il referme ses bras autours de moi :
-Je ne t'abandonnerai pas, je reviendrai te chercher
-Ne raconte pas n'importe quoi
-Je te le promets
-Ne fais pas des promesses que tu ne pourras pas tenir
-Non, je te le promets. Je reviendrai te chercher.
Il me lâche et s'évanouit dans le noir. Je retourne dans ma chambre avec au fond de moi l'espoir qu'il dit la vérité. J'ai tellement envie de le croire.
Je passe mes cours à regarder les horloges qui sont normalement déréglées. Je fais les calculs pour savoir quelle heure il est réellement et dans combien de temps part Solfian. Les heures semblent s'étirer. Cette journée ne se finit jamais.
18h30 : Mme Chauve me cours après en criant mon nom. Je l'ignore. Elle me rattrape, reprend son souffle quelques secondes et me dit :
-Nous avons un problème.
Elle m'emmène dans son bureau. Je m'assois sur une chaise puis elle m'explique.
-J'ai reculé toutes les horloges d'une heure mais le président à une montre. Il a vu que les horloges n'étaient pas à l'heure et il en a déduit que quelqu'un voulait l'empêcher de partir. Il pense que c'est Solfian et il a raison. En revanche, il ne se doute pas une seule seconde que tu es dans le coup. Il te croit trop naïve. Les docteurs et le directeur, eux, pensent le contraire. Ils savent qu'il ne faut pas te sous-estimée. Ils ne le diront pas au président. Ils veulent te prendre en flagrant délit. Le président n'arrivera pas trop tôt malgré leurs suggestions. Il pense qu'il ne craint rien mais il va emmener plus de docteurs. Il faut que tu le retarde. Il ne faut pas qu'il atteigne la fusée avant que celle-ci décolle.
-Que vont-ils faire sur terre quand ils verront que le président n'est pas là ?
-Ils en enverront une autre.
-Que pourrai-je bien raconter au président pour qu'il oublie de prendre sa fusée ?
-Je ne sais pas. Quelque chose qui en vaut la peine et qui intéressera aussi les docteurs.
Je soupire. Je vais me faire tuer.
-Ecoute Isabelle, je suis ta tante et quoi qu'il se passe je t'aiderai, me rassure-t-elle
Elle non plus elle n'y va pas. Je la crois quand elle dit qu'elle va m'aider. Après tout, on fait partie de la même famille.
-Je vais faire ce que je peux.
J'allais sortir quand...
-Au fait, vous savez...ben...euh...Solfian et moi, je bégaie
-Oui, je sais, sourit-elle, ce qui est fait est fait. Le principal c'est que personne ne l'ait vu
18h50 : Je bloque le plus de portes possible avec des crayons, des cordes, tout ce que j'ai trouvé. J'ai glissé des bouts de papiers dans les serrures après les avoir fermées avec des crayons. Ensuite, je me cache dans les couloirs. Charles réussi à débloquer toutes les portes mais cela lui prend 10 bonnes minutes.
19h00 : Je suis dans le couloir avant le hangar et j'attends Charles qui arrive. Les horloges affichent 18h00.
19h01 : Charles ouvre la porte et s'engouffre dans le couloir avec le directeur et les docteurs. Je sors de ma cachette et me plante devant eux. Ils reculent tous surpris.
-Elizabeth ! s'écrie le président
-Papa, je dis d'un ton pressé
-Quoi ma chérie ?
-Quelqu'un à déréglé les horloges
-Oui, je sais ma chérie, me sourit-il
-Je pense que c'est Solfian
-Nous le pensons aussi
Il essaie d'avancer mais j'enchaine.
-Papa ?
-Oui, dit-il agacé
-Je ne trouve plus Louise. Quand je l'appelle, elle ne répond pas.
Ma phrase a eu l'effet obtenue. Ils se regardent tous et Charles s'arrête net. Il s'agenouille près de moi, me regarde dans les yeux et m'explique comme si j'avais 4ans.
-Tu sais, Louise a fait des choses pas bien. Elle m'a trahie. Je l'ai donc renvoyée.
-Elle a fait quoi ? je demande en prenant un air intéressé
-Elle a essayé de transmettre des informations aux personnes qui veulent me renverser.
-Comment ?
-Elle a volé des choses, dit-il de nouveaux agacé
-Quoi ?
-Elizabeth ! Ça suffit !
-Monsieur, nous allons être en retard, intervient un docteur
-Oui, oui, je sais. Nous y allons.
Vite. Il faut que je trouve autre chose. Mais quoi ? Le président est déjà reparti. J'ai trouvé ! Cela va me coûter ma vie et peut-être même plus.
-Je ne m'appelle pas Elizabeth.
Charles se retourne surpris mais se détourne vite sauf que je n'ai pas fini. Je n'en suis qu'au début.
-Je m'appelle Isabelle et je suis la fille de Christophe et Rosa Chresta
19h10 : Tous sans exception s'arrête pour me regarder. Ils se lancent des regards étonnés. Je continue.
-Vous n'êtes pas mon père. Je sais qui vous êtes : un homme sans pitié. Le responsable de la mort de mes parents et de ma venue ici. Vous embauchez des pervers pour vous représenter. A moins que vous ne soyez pas au courant que le directeur a essayé d'abuser de moi ?
Ils se tournent tous vers le directeur mais je continue :
Je me souviens depuis toujours de vous et de mon arrivée. Vous avez essayé de me contrôler mais vous avez perdu. Cela fait longtemps que j'ai réussi à me libérer de votre emprise. J'ai arrêté de faire la même chose tous les jours avant votre arrivée mais si le directeur n'avait pas peur de vous, il vous l'aurait dit. J'ai été soumise au détecteur de mensonges et j'ai passé les tests, comme vous vous plaisez à les appeler. Moi, j'appellerai cela plutôt mise à mort. Après tout, vous l'avez tuée Louise. Non ? Vous ne l'avez pas torturée à mort pour récupérer des documents ? Peut-être ne les avait-elle pas volés ? Quelle différence ! Elle n'était pas importante.
-Monsieur, nous devons y aller, chuchote un docteur
-Quel dommage ! Je m'en suis tellement voulu ce jour-là ! Elle morte à cause de moi. Elle avait raison et vous, vous ne l'avez pas crue. Ce n'était pas elle qui avait volé les documents, c'était moi.
19h20 : Là, plus personne ne pense à partir.
Ils sont tous accrochés à mes lèvres.
Je les ai volés dans le bureau du président le soir de la réunion. J'ai pris des gants avec les empreintes de Louise pour que vous croyiez que c'était elle et cela a marché. Je suis espion. Espion pour les rebelles. Je vous ai fait croire que je cherchais des informations pour vous mais en vérité, j'en cherchais pour les rebelles. J'en ai trouvées et je les leur ai données. Ils étaient ravis. Ensuite, j'ai cherché un moyen de les faire sortir, ces espions rebelles cachés dans l'école mais difficile sachant qu'on était sur la lune puis le président risquait d'avoir des soupçons. Alors, je les ai fait entrer dans ma chambre par le hangar pendant trois nuits et nous avons convenu d'utiliser la fusée.
19h29 : Il ne me reste plus qu'une minute de vie.
Vous voulez connaître le nom de cet espion ? Très bien, je vous le dit : C'est...
19h30 : ...Solfian !
A ce moment, il semble tous se réveiller. Ils se mettent à courir, regarder leur montre et voient que c'est trop tard.
Il est parti maintenant, je précise le sourire aux lèvres
Charles est hors de lui. Il pourrait me tuer à mains nues.
-Emmenez moi cette vermine, crie-t-il
Les docteurs m'empoignent. Je n'ai plus qu'à espérer qu'ils ne vont pas me tuer et que Solfian tiendra sa promesse. Les portes en métal s'ouvrent ainsi que trois autres. Je me retrouve dans la salle où Louise est morte. Charles sourit.
-A mon tour de jouer
Mon cœur bat la chamade. Il m'oblige à m'assoir sur un siège et m'attache avec des sangles. Le docteur appuie sur un bouton après m'avoir injectée un produit dans le bras. Une douleur atroce s'empare de moi. Je voudrais qu'elle s'arrête mais les sangles me retiennent. Aussitôt la douleur se fait de plus en plus forte. Je crie, je crie. Ma tête me fait horriblement mal. J'ai l'impression qu'on tire mon corps de tous les côtés et qu'en même temps, on me plante des couteaux dans chaque muscle. Je me débats. Les sangles s'enfoncent dans ma chair. Je cris, plus fort encore. Les larmes coulent le long de mes joues. Une autre douleur ce rajoute aux autres quand Charles me donne une claque où il a mis toute son énergie en disant :
-Tu vas me le payer sale petite vermine.
Je voudrais juste crier : Arrêtez. Je voudrais que la douleur s'arrête mais au lieu de cela les images de la mort de ma mère et la mort de Louise tournent en boucle dans ma tête. Se rajoute les souvenirs des cris et de mes cauchemars. Puis mon cerveau imagine la mort des autres personnes que j'aime. Je voudrais me couvrir les oreilles et m'arracher les cheveux, supplier les docteurs de tout arrêter mais je ne le fais pas. Je continue de crier et de pleurer. Alors, je sens que mes souvenirs s'échappent remplacer par d'autres. Ceux de la journée que je faisais tous les jours. J'essaie de les retenir, mes souvenirs, mais ils sombrent plus vite dans le noir. Je choisis un visage et je le grave dans ma mémoire. Je m'y accroche. C'est ma bouée de sauvetage. Je mémorise chaque trait de son visage et malgré la douleur j'y arrive. Puis une énorme décharge électrique me secoue augmentant la douleur par cent. Je sombre dans le noir en essayant désespérément de retenir un visage avant de mourir : celui de Solfian.


Merci a vous d'avoir lu mon livre en entier. N'hésitez pas à mettre à commentaire si vous avez des questions ou s'il y a des fautes. Ah oui! Si vous avez aimé, n'oubliez pas de voter!
Je recorrige tout.  J'enlève les fautes que je vois (si vous en voyer d'autres n'hésitez pas), le faute de logique et rajoute des détails oubliés.
Ps:j'ai rajouté la description de Mme Chauve que j'avais oublié dans le chapitre 2.

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