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La surprise m'empêche de parler et pourtant il faudra bien que je lui réponde. Pire. Il faudra une réponse plausible qui n'éveille pas les soupçons.
-Tu as vu dans quel état tu es ? En plus de ça, il te faut une nouvelle oreillette. Tu crois que cela pousse dans les arbres ! me gronde-t-il
-On m'a agressé! je me défends
Ce n'est pas tout à fait un mensonge, le directeur a réellement essayer de me faire du mal.
-Par qui ? demande-t-il sévèrement
Je réfléchie. Qui aurait bien pu m'agresser ? Le directeur était avec mon père dans le salon, il ne pouvait donc pas me toucher.
-C'est Solfian ? demande-t-il
Je suis obligé de le dénoncer. C'est la seule personne possible et puis j'ai besoin de la confiance de Charles, mon père pour l'aider.
-Oui, c'est lui
Il allume son oreillette et braille hors de lui :
- Retrouvez-moi le garçon immédiatement ! Dépêchez-vous ! Je veux ne plus pouvoir le reconnaître !...Où est-il ? Mais j'en sais rien bande d'incapable ! C'est votre job de le retrouver !...Vous en faites ce que vous voulez mais je ne veux plus jamais le voir, ni entendre parler de lui !
Je frissonne. Cet homme est vraiment terrifiant et qu'il soit mon père ou non, je ne lui ressemble pas.
Il éteint son oreillette puis me dit doucement :
-Dans ta chambre, il y a une salle de bain avec le nécessaire pour te soigner, et il ajoute, Prend une douche au passage.
Il tourne les talons, ouvre la porte à côté de celle de ma chambre et entre.
J'ouvre la porte de la salle de bains.
C'est une pièce circulaire aux murs blancs et au carrelage blanc. La baignoire est blanche. Le lavabo ? Blanc. Les serviettes ? Blanches. Le papier toilette ? Blanc. Les toilettes ? Blancs. L'armoire à pharmacie ? Blanche aussi. Même les médicaments et crèmes sont blancs.
J'entre dans la baignoire et laisse couler l'eau chaude sur mes muscles endoloris par la bagarre. Je regarde l'eau noire s'engouffrer dans le siphon. J'ai eu de la chance que mon père n'ait pas de soupçons. Quand l'eau est enfin claire, je l'éteins et m'enroule dans une serviette douce. Je sors de l'armoire à pharmacie les crèmes pour les bleus, le désinfectant et les pansements. N'ayant jamais utilisé ces produits, je les applique tant bien que mal sur mes blessures. Ensuite, j'enfile de nouveaux vêtements et entreprend de démêler mes cheveux. Une fois prête, je rejoins mon père dans la salle à manger.
Au milieu de cette pièce circulaire aux murs blancs recouvert de tableau étrange, trône une table en verre entourée de quatre chaises d'un blanc cassé ornée de cuir transparent aux pieds en or recourbés. Il y a aussi une fenêtre et un lustre. Du lustre de verre émane toujours une lumière naturelle et la fenêtre est toujours noire et immense. Plus loin, collé à elle, il y a un gigantesque canapé de cuir noir placé devant une petite table en verre en pieds dorés recourbés. Tous les deux sont posés sur un tapis moelleux blanc cassé qui rappelle celui des chaises. Fixée au mur, une imposante télévision noire réfléchie les tableaux.
-Assied-toi, me dit mon père
Je m'assois. La chaise est aussi confortable que je l'avais imaginée.
La table est mise et de nombreux plats l'envahissent mais le plus impressionnant reste la vaisselle qui reflète la lumière.
-C'est du cristal, m'explique Charles
Il commence à se servir. Je prends un peu du rôti et des haricots comme d'habitude. Quand je les mets dans ma bouche, je manque de m'étouffer. Je ne savais même pas que les haricots pouvaient être aussi bons et la viande aussi tendre.
Le repas finit, je retourne dans ma chambre, me couche et attend. J'ignore quoi mais j'attends. Mon père vient me souhaiter une bonne nuit puis sort de la maison. Je l'entends fermer à clé la porte d'entrer. Aussitôt, je me lève et sort de ma chambre. Je retourne dans la salle à manger. A ce moment la lumière s'allume, une alarme se déclenche m'explosant les tympans, des robots sortent de nulle part et pointent leurs armes sur moi.
Mon père déboule dans la pièce en courant.
-Baissez vos armes ! ordonne-t-il aux robots
Ils baissent leurs armes et l'alarme s'éteint. Elle résonne encore dans mes oreilles. Charles m'attrape par les épaules et me regardent dans les yeux :
-Elizabeth ! A quoi tu joues aujourd'hui ?
-Je...J'avais soif, je bredouille encore surprise par la tournure des évènements
-Pourquoi n'as-tu pas appelée Louise?
Mince ! Coincée ! Je cherche une excuse :
-J'ai cassé mon oreillette,
Il m'en tend une autre et un verre d'eau que Louise lui a apporté entre temps :
-Tiens et ne sort jamais de ta chambre la nuit.
-Oui papa
Je retourne dans ma chambre et résume la situation. Si je sors, des robots (des vraies en métal) me font sauter la tête et si je ne sors pas, je ne peux pas aider Solfian. En plus, à cause de moi, il est traqué. S'ils le trouvent, c'est à lui qu'ils font sauter la tête ou pire. Je n'ai qu'une solution : désactiver le système de défense.
Toute la nuit je me creuse les méninges. Au matin, je n'ai toujours rien trouvé. Je me glisse dans ma salle de bains en pensant que l'eau m'éclaircira les idées.
J'enlève ma chemise de nuit bleu, me douche, enfile une jupe blanche et un tee-shirt imitation laine rose, applique de nouveaux la crème sur mes nombreux bleus et mon cocards, désinfecte mes blessures et change les pansements. Je repousse mes questions à plus tard et cours rejoindre mon père dans la salle d'à côté.
La table est toujours aussi bien garnie.
-Bonjour Elizabeth, m'accueille-t-il
-Bonjour Papa
-Tu as bien dormie ?
-Oui, je mens
-Parfait. Louise ! Apportez du jus d'orange pour Elizabeth !
Louise s'avance une carafe à la main. Elle la pose et une idée germe en moi. La seule personne qui peut se balader la nuit sans se faire exploser la tête, c'est Louise. Charles me la dit hier : Pourquoi n'as-tu pas appelé Louise ? Il faut que je trouve un moyen de me faire passer pour Louise et je vais avoir besoin de l'aide de mon père.
Après le petit-déjeuner, il sort. Je l'observe attentivement. Il tourne la poignée, la porte s'ouvre et...il sort. Rien d'exceptionnel ! Cela ne peut pas être une histoire de poignée. Comment pourrait-il savoir si c'est une autre personne qui entre ou l'autre qui ressort. C'est peut-être le seuil? Je me concentre sur ma vue. FLASH ! Je fixe le seuil avec insistance mais il n'y a rien au sol. Pourtant il ne fait rien d'autre que de tourner la poignée.
-Vous avez finis mademoiselle ? demande Louise d'une voix qui me parait lointaine.
FLASH !
-Oui, oui
Je sors de la pièce.
Je réfléchie toute la journée sur le mystère des portes. Je suis sûr que c'est la clé. J'ai regardé attentivement toute la pièce ce midi et il n'y a aucunes caméras ou autres système de sécurité. Il n'y rien contre les incendies. Cette salle a une défense qui parait vulnérable mais ne l'est pas.
Le soir, je retourne dans le hangar perdu dans mes pensées. Sauf que comme je ne sais pas m'orienter dans ce noir, je suis obligé de les interrompre et de crier :
- Solfian !
Il arrive peu de temps après. Je vois la lumière de la torche.
-Salut, dit-il le sourire aux lèvres
-Salut, je grogne sans le regarder
-Alors, les nouvelles
-Je n'ai rien,
-Ah... dit-il déçu
-Je ne comprends pas, dis-je pour moi même
-Quoi ?
J'ignore sa question.
-Comment ? je me demande à haute voix en tournant en rond. Au bout d'un moment je m'arrête et m'exclame :
-J'ai trouvé !
-Ah oui... C'est trop cool..., tente Solfian perdu
Je continue de l'ignorer. J'ai un plan ! Ce soir, je vais explorer les deux pistes que j'ai pour m'assurer qu'elles sont fausses ou, au contraire, parfaitement vraies. Je vais appeler Louise. Quand elle va arriver, je vais fixer le seuil puis quand elle repartira, je me concentrerai sur la poignée. S'il se passe...
-Allô ? me coupe Solfian
-Oui quoi ? je m'énerve
-J'aimerais bien que tu m'expliques ce que tu as trouvé ?
Je réfléchie : Est-ce que je lui dis ? J'ai confiance en lui mais ce n'est qu'une piste. Si elle est vraie, je saurai juste comment fonctionne les portes de mon appartement et cela ne lui sert strictement à rien. Aussi, je choisis de dire :
-Il n'y a rien à expliquer parce qu'il n'y a rien
-Tu n'as rien trouvé ?
-Non, pas encore mais je cherche. Tu sais, il y a tellement de sécurité et les moyens de les contourner sont bien cachés.
-Ok. Tu veux que je fasse quelque chose ?
-Non pas pour l'instant
-Très bien
Un long silence s'éternise. Ce rendez-vous ne servait à rien, nous n'avons rien à nous dire.
-Bon, dans ce cas à demain
-Oui, à demain, je réponds en souriant
Je quitte le hangar avec une idée et ça, c'est une bonne chose.
Une fois rentrée chez moi, je mange avec mon père, Charles et cours me coucher. Quand je l'entends fermer la porte, j'allume mon oreillette et je chuchote :
-Louise, pourrais-tu me ramener de l'eau, s'il te plait ?
-Oui, tout de suite madame
Je me concentre sur ma vue. FLASH ! Je vois tout : les objets étranges sur mon bureau, les fils de ma couverture...
Je vois des chaussures blanches dont je distingue tous les détails, entrer. Sur le sol, il ne se passe absolument rien. Les chaussures se rapprochent. Je m'oblige à retrouver mes autres sens. FLASH !
-Pouvez-vous me donner à boire ? je demande pour garder les empreintes de ses doigts sur le verre au cas où
Elle porte le verre à ma bouche sans me regarder. Je vous conseille de ne jamais essayer. J'ai mis de l'eau sur mon oreiller.
-Merci... et euh... Pouvez-vous posez le verre sur le bureau?
Elle me regarde. Pendant une brève seconde, j'aurai juré voir un éclair de surprise dans ses yeux. La seconde d'après, je n'en mettrais certainement pas ma main à couper. Elle se retourne et pose le verre sur le bureau. Je fixe la poignée si fort que j'en aie malle aux yeux. FLASH !
Je vois la poignée et Louise poser sa main dessus. Au même moment, je vois une lumière verte presque imperceptible malgré ma bonne vue s'allumer. Je vois une marque s'ajouter aux autres quand elle lâche la poignée après l'avoir tourné. Une marque de doigts. La porte se referme. FLASH !
Ainsi c'est donc la poignée. La lumière verte, c'est qu'elle peut passer. Que détecte-t-elle ? L'empreinte digitale ? Peut-être. J'ai bien fait de garder le verre. Cette protection ne marche-t-elle que la nuit ou toute la journée ?
Stop ! Je n'ai déjà pas dormi la nuit dernière. Il est grand temps que je dorme. Je ferme les yeux et presque aussitôt, je m'endors laissant un point d'interrogation à mes questions mais j'ai avancé depuis ce matin. Lentement mais Surement.
Je sens le vent frais dans mes cheveux, la terre humide sous mes pieds et surtout les larmes couler le long de mes joues, l'odeur de ma mère toujours en mémoire.
-Monte, m'ordonne l'homme avec une bague
J'ouvre les yeux. Devant moi se trouve une voiture noire aussi grande que la maison aux fenêtres noires. Elle est garée juste derrière ma maison.
-Ne monte pas ma chérie
Je me retourne. Mon père me regarde avec tristesse et ma mère à côté de lui, pleure silencieusement. Les docteurs sont entre eux et moi pour former une limite et s'assurer qu'aucun de nous 3 ne la dépasse.
-Allons Christophe, rie Charles, c'est mieux que la mort !
-Parle pour toi, murmure mon père
Le sourire de l'homme en costume s'éteint, il me regarde avec férocité et je frémis :
-Monte dans cette voiture ! crie-t-il
-Mais maman... j'objecte
-MONTE DANS CETTE VOITURE ! hurle-t-il
Je regarde ma mère. Elle me sourit et secoue la tête. Avant que j'aie pu faire un geste, les hommes en blouses blanches m'attrapent et m'attachent dans la voiture. Je hurle et me débat, en vain. Charles s'assoit à côté de moi. La voiture démarre. Je continue de hurler. Je regarde par la vitre de derrière ma mère et mon père se battre avec les hommes en blouse blanches. J'ai juste le temps de voir ma mère s'écrouler sur le sol avant de les perdre dans un virage. Alors je me rassois correctement et me tais. Je laisse couler des ruisseaux de larmes sur mes joues en silence, l'odeur de ma mère à jamais gravé dans mon cœur.
Je me réveille en sursaut. La sueur coule le long de mon dos. Je tremble. La même odeur que l'autre jour m'habite : Une odeur d'amour et de tendresse.
Comment peut-on ne pas se souvenir d'un cauchemar qui vous laisse tremblante ?
Je cours dans la salle de bains et prend une bonne douche. J'enfile des vêtements et me regarde dans le miroir. L'odeur me hante toujours. Je regarde mes yeux marrons en me demandant si ma mère avait les mêmes puisque mon père a les yeux noirs. Mes cheveux noirs qu'ils coupent chaque année, dépassent à peine mes épaules. Ils tombent raide comme des bâtons de bois. Ma peau blanche comme la neige contraste avec mes cheveux nuits. Ma frange droite me tombe dans les yeux Je ressemble plus à ma mère ou mon père ? Je soupire. Je ne le saurai jamais. Je tourne le dos au miroir et sors de ma chambre.
J'entre dans la salle à manger.
-Bonjour Elizabeth,
-Bonjour Papa
-Comment vas-tu ?
-Bien et vous ?
-J'ai passé ma nuit à me battre pour qu'on fouille l'école de fond en comble pour retrouver Solfian, soupire-t-il, Au fait où était-il quand tu l'as vu ?
-Dans les couloirs, dis-je sûr de moi
-Bien
Il recommence à manger. Je prends une grande respiration et me lance :
-Papa, j'ai peur qu'il vienne ici pour me faire du mal
-Ne t'inquiète pas chérie, il ne peut pas entrer tant que je suis dans cet école
-Vraiment ? Tu en es sûr ?
-Oui ma chérie
-Même quand tu n'es pas là ? dis-je en imitant un ton admiratif
-Oui, sourit-il
-Comment ?
-Tu avais encore soif hier ou c'était autre chose ? dit-il en me faisant un clin d'œil
Je sursaute :
-Comment sais-tu que Louise est venue dans ma chambre hier ? dis-je d'une voix blanche
-Je sais tout. Qui vas où, à quelle heure et qui ressort ou reste.
-Comment ?
Il s'approche de mon oreille et me murmure :
-Top secret.
Je me force à rire mais en vérité la peur me noue l'estomac. Il sait qui vas où et à quelle heure. Voilà donc comment il a appris que je suis sortie de ma chambre avant-hier. Les robots doivent se déclencher automatiquement. Soit ils le préviennent, soit c'est autre chose. Il a dit : qui reste et qui ressort. Donc si on entre à plusieurs, il le sait. La poignée indique qui vas où. L'heure, c'est peut-être les robots ou autre chose. Il y a peut-être un détecteur sur les portes pour savoir combien de personne entre.
Très bien, donc si je veux entrer dans son bureau qui est je ne sais pas où, je dois entrer seule en me faisant passer pour Louise et récupérer ce qui le prévient que je suis entrée dans SON bureau. En résumé, c'est impossible.
Au moment où mon père sort, je me concentre sur ma vue. FLASH ! Il tourne la poignée et rien ne se passe. FLASH ! Aucune lumière n'est apparue, j'en suis sûr.
Le soir venu, je cours au hangar. Solfian m'attendait. Il m'emmène près d'une couverture miteuse avec pour seule lumière, une lanterne. Je lui explique les grandes lignes de mon idée et quand je me tais, il me regarde comme si j'étais folle.
-Quoi ? je demande inquiète
-C'est impossible !
-Je sais mais...
-C'est parfait ! s'écrie-t-il
Je suis perdue là. Il vient de dire que c'était impossible.
-Euh...
-Grace aux empreintes digitales, la poignée identifie la personne. Il doit avoir rentré dans la mémoire du système les personnes qui ont le droit de rentrer dans les pièces. L'heure...mmm...
-Pas besoin. Le système ne fonctionne que quand il verrouille la porte me souvenant des observations de ce matin et déduisant la suite.
Le système ne peut pas se déclencher quand il est dans l'appartement : c'est ridicule. Puis s'il a une réunion, il est informé des déplacements de tous ces invités ? Non, ils sont avec eux.
-Bien vu. L'objet...Je ne pense pas que ce soit les robots. Tu n'as pas remarqué quelque chose qu'il n'enlève jamais ? Un objet symbolique ?
Je réfléchie.
-Sa bague ! Il faut donc que j'aie les empreintes digitales de Louise pour entrer dans son bureau après lui avoir piqué la bague. C'est toujours impossible ! je soupire
-Tu n'as pas les empreintes de Louise? Si non, tu ne peux pas te débrouiller pour les avoir ?
-Comment ?
-Sur un verre qu'elle seule à toucher ou...
-Oui ! J'en ai un ! je le coupe me souvenant du verre de l'autre jour
-Bien.
-Oui mais pour la bague...
-Une chose à la fois. Tu as des gants chez toi ?
-Oui
-Tu vas mettre des gants et me rapporter le verre.
-Quand ?
-Demain
-Tu vas en faire quoi ?
-Tu verras, sourit-il malicieusement
Un frisson me parcoure.
-D'accord mais pour la bague ?
Il m'embrasse sur la joue ignorant totalement ma question.
-A demain, dit-il en s'enfonçant dans le noir avec un sourire malicieux
- Attend ! Pour la bague ? trop tard, il a déjà disparu, alors je chuchote, A demain
Le lendemain, quand la cloche sonne la fin du dernier cours, je cours chez moi, entre, enfile des gants, attrape le verre et ressort aussitôt. J'arrive toute essoufflée au hangar
Il n'y a personne. Je refuse de crier. J'avance doucement dans le noir. Soudain, j'entends un bruit derrière moi. Je me retourne brusquement.
-Il y a quelqu'un ? je chuchote terrorisée
J'entends un autre bruit derrière moi et me retourne presque aussitôt. Je sens une main dans mes cheveux et je hurle de peur. Une lumière s'allume et je voie Solfian plier en deux. Il essaie de se retenir de rire mais il n'y arrive pas très bien. Moi, je ne trouve pas ça drôle du tout. Je suis terrorisée.
-Tu as failli me faire mourir de peur, abruti, je lui réponds sèchement
-Tu aurais dû voir ta tête, c'était trop drôle, dit-il entre deux hoquets, Puis ce n'est pas vrai, tu es toujours vivante.
Il repart dans un fou rire. Je pose le verre, enlève les gants et les pose à côté. Je relève la tête.
-Voilà le verre, dis-je vexé
Il me regarde avec des yeux rieurs. Je tourne les talons et me dirige vers la sortie. S'il veut se moquer de moi, il le fera tout seul.
Sa main se referme sur mon poignet.
-Attend, dit-il calmement
-Quoi ? je demande agacée
-Ne pars pas
-Si c'est pour te moquer de moi, non merci.
-Reste, s'il te plait. Je suis désoler, me supplie-t-il
Je plonge mon regard dans ses yeux. Ils me lancent une prière silencieuse avec une once de tristesse. Il a l'air tellement malheureux que j'aie envie de le prendre dans mes bras et de lui caresser les cheveux. Non mais ça ne va pas ! Voilà que je me mets à délirer ! Reprend-toi ma fille !
La pression de sa main sur mon poignet me rend nerveuse. Comme si le simple fait que sa peau entre en contact avec la mienne en me suppliant des yeux, m'angoissent. Plus je m'approche, plus ma respiration s'accélère.
-Merci, dit-il en souriant malicieusement et j'ai l'impression de fondre
Il lâche mon poignet et tous mes muscles se détendent. Il met les gants, attrape le verre et avance. Je le suis.
Il s'assoit sur le sol. Je m'assois à côté de lui :
- On n'est pas obligé de voler la bague, dit-il
-Vraiment ?
-Non, il faut trouver un soir où il a une réunion. Il sera trop occupé pour te voir et les alarmes ne marcheront pas. Personne ne peut entrer de l'extérieur avec sa porte d'entrer, il n'a donc rien à craindre. La seule personne dont tu devras te cacher, c'est Louise.
-Oui mais il faut trouver...
Il pose un doigt sur ma bouche.
-Je m'en charge.
-Ok
Je ne sais même pas s'il a compris.
-Je sens que demain, j'aurai plein de choses à te raconter, murmure-t-il
Je souris.
-Ok
On reste quelques instants à se regarder puis je me lève mais je ne bouge pas. Je mords la lèvre. C'est par où la sortie ?
-Je te raccompagne ?
-Oui, je veux bien
Il passe devant et me conduis vers la sortie.
Toute la soirée et la journée du lendemain, je suis excitée. Je vais bientôt pouvoir entrer dans le bureau de mon père.
Je me balade dans les couloirs le sourire aux lèvres, ravie de pouvoir enfin pénétrer le bureau de mon père quand soudain une main se plaque sur ma bouche me coupant la respiration. Avant que j'aie eu le temps de me débattre, je suis enfermée dans les toilettes. La cabine est très étroite. Je commence à essayer de me dégager quand une voix me chuchote dans l'oreille. Une voix que je connais trop bien.
-Arrête de te débattre et écoute.
Je frissonne.
Il enlève sa main de ma bouche et la glisse dans ma poche. Je sens sa main sur ma cuisse malgré le tissu de mon pantalon. Mes muscles crispés sont collés à lui.
-Ce soir 20h00, continue-t-il
Son souffle sur ma nuque me caresse et je frissonne encore. Il détache sa bouche de mon oreille mais je sens toujours son souffle sur ma nuque et je frissonne une nouvelle fois. Puis il passe devant moi, sors de la cabine et ferme doucement la porte. Je ferme les yeux. Mon cœur résonne dans mes oreilles. Je sens encore sa main dans ma poche et son souffle sur ma nuque. Quel supplice de garder son sang-froid quand on est collé contre son ami ! Si c'est ça l'amitié, non merci, pas intéressée ! Mes muscles ne se détendent pas. La soirée risque d'être longue. Je sors le sachet que Solfian a déposé dans ma poche. Il y a des gants, une seringue et un papier plié en quatre. Je le sors et le lit:
Mets les gants et tu auras les empreintes digitales de Louise. La seringue est remplie de somnifère si jamais tu as un problème.
Bonne Chance
Je déchire le papier, le balance dans les toilettes et tire la chasse d'eau . Il ne doit rester aucune trace de notre projet. Je remets le sachet dans ma poche et rentre chez moi.
Le repas se fait en silence. Mon père doit préparer les derniers détails de sa réunion et moi, la peur mêlé à l'excitation m'empêche de prononcer le moindre mot.
Je vais me coucher. Au bout de quelques minutes, j'entends des hommes entrer. Les voix s'éteignent quand la porte du salon se referme. Je me lève, enfile les gants, un gilet, glisse la seringue dans ma poche et sort de ma chambre. Le voyant vert s'allume. Le silence règne et le noir m'enveloppe. Je m'avance, tourne la poignée de la pièce en face de ma chambre, ouvre la porte et...

La liberté est dans tes yeux...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant