Je regarde par la fenêtre, toujours sous le choc, en pensant à ce qu'il arriverait si je sautais. Le monde irait mieux. Mais je ne peux pas faire ça, du moins, pas maintenant. Je me lève, sors de la chambre, et tente de partir discrètement de la villa pour aller chez moi, alors que les autres se baignent, heureux. J'allais enfin pouvoir sortir, lorsque j'entendis quelqu'un crier mon nom. Je me retourne et vois la bande m'interroger du regard. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir inventer comme excuse ?
"- June ? Tu t'en vas déjà ? Me demande Mia.
- Mes parents vont s'inquiéter, il se fait tard.
- Je vais te ramener. Dit Aaon. Je vois Abigaïl me lancer un regard noir.
- Non, ce n'est pas la peine, je vais me débrouiller, merci.
- J'insiste, attends-moi là, j'arrive dans 10 minutes."
Et c'est ce que je fais. J'étais en train d'attendre, quand Alec arrive vers moi.
"- June ? J'ai vu Abigaïl sortir de la chambre où tu étais tout à l'heure, il s'est passé quelque chose ? Dois-je lui dire ?
- Je... Il me regarde avec intérêt. Non, non, tout va bien. Elle venait juste voir comment j'allais, ne t'en fais pas.
- Hum, si tu le dis. Dit-il d'un air méfiant. Sinon, qu'est-ce qu'il s'est passé ce midi ? Je veux dire, comment ça se fait que tu aies vomi ?
- Je ne sais pas. Peut-être quelque chose que j'ai mangé ce matin. Encore un mensonge."
Il allait répliquer mais Aaron arriva. Sauvée par le gong.
On entre alors dans sa voiture. Aucun de nous ne prend la parole. Le silence est pesant, voire oppressant.
Je me mets alors à penser à ce qu'il va m'arriver ce soir. Le lycée a forcément dû appeler mes parents pour mon absence cette après-midi. Même si ce n'est que du sport, je risque gros. Je n'ai jamais osé sécher les cours, bien trop effrayée par mes parents d'accueil. Du plus loin que je me souvienne, Joe et Véronique m'ont toujours frappé, même si la fréquence et la force de leurs coups ont considérablement augmenté avec l'âge. Je n'ai jamais su la raison de leur haine envers moi.
"- Tu as l'air dans tes pensées, June. Est-ce que tout va bien ?
- Oh, euh... Oui, ne t'en fais pas, je réfléchissais, rien d'important.
- Tu sais que si tu as des problèmes, tu peux nous en parler, n'est-ce pas ?
- Oui, merci, c'est gentil. Je réponds brièvement.
- C'est normal June, nous sommes tes amis. Mes amis ? Il ment, je n'ai jamais eu d'amis, et ce n'est pas prêt d'arriver. »
PDV Aaron
Elle se braque suite à ma réplique, je le sens. Après avoir passé 10 minutes à m'indiquer la route, elle me dit de m'arrêter.
"- Je vais continuer à pied, merci de m'avoir ramené.
- J'ai dis quelque chose qu'il ne fallait pas ?
- Non, pas du tout. C'est juste que si mes parents voient que je me suis faite ramener par un inconnu, je vais me faire tu... engueuler. Je vais me faire engueuler. Tu comprends ?
- Hum, okay. Si tu as un problème n'hésite pas, tu as notre numéro. À demain, bonne nuit June.
- Bonne nuit. Dit-elle précipitamment. »
Elle sort de la voiture et commence à marcher en direction de sa maison. June n'a pas l'air heureuse. Elle a l'air tout le temps stressé, sur les nerfs, et sur ses gardes. Elle veut nous éloigner d'elle un maximum, cela se voit facilement, et je compte bien découvrir pour quelles raisons.
Je t'aiderai, June, je te le promets.
PDV June
J'arrive sur le perron de ma maison. J'entre le plus discrètement possible. Personne dans le salon, ni dans la cuisine. Étrange, leur voiture était pourtant bien garée à l'entrée. Je décide d'aller à l'étage. Grosse erreur. Joe et Véronique sont en plein partie de jambes en l'air, la porte grande ouverte. Comment ai-je fait pour ne pas les entendre d'en bas ? Enfin bon, tant mieux pour moi. Je prends mes écouteurs dans ma chambre, descends discrètement et vais faire le ménage. Peut-être cela rattrapera le fait d'avoir sécher, j'espère qu'ils seront plus indulgents. Ça m'étonnerait.
Tout à coup, je sens une main m'attraper les cheveux violemment. Mes écouteurs sont arrachés de mes oreilles de la même manière. L'enfer recommence. Les coups de poing, les claques. J'ai mal, je souffre, aidez moi. Je reçois un fort coup de pied au niveau de la mâchoire. Je sens un liquide chaud s'immiscer dans ma bouche. Du sang. Ma tête tourne.
"- POURQUOI TU AS SÉCHÉ LES COURS SALE CONNE ? ON SE CASSE LE CUL A TRAVAILLER POUR TE PAYER LE LYCÉE, ET COMMENT TU NOUS REMERCIE ? EN SÉCHANT ? Tu ne croyais quand même pas que tu allais t'en sortir comme ça ma chérie ?"
Et c'est repartie, les coups fusent. S'en est trop, je sens mon esprit partir et mon corps s'envoler. Je succombe à la violence de mes bourreaux.
Ellipse
Mes paupières sont lourdes, je peine à ouvrir les yeux. Lorsque j'y parviens, la lumière m'éblouit. Tout mon corps est endolori, j'ai du mal à bouger. Je souffre. Mentalement et physiquement, je suis à bout. Je suis encore à terre, dans le salon. Je lève difficilement la tête vers l'horloge. Il est 4h12. Je suis allongée ici depuis hier ? De pire en pire. Tant que j'y suis, autant faire le ménage tout de suite, ainsi que le petit-déjeuner pour Joe et Véronique. Ainsi, je pourrai partir plus tôt au lycée, et échapper au réveil de mes deux bourreaux.
Je me lève avec difficulté, et j'effectue toutes ces tâches. J'ai mal partout.
Ellipse
La journée est enfin terminée. Il ne s'est rien passé de spécial, ce fut une journée banale. J'ai réussi à faire en sorte de ne pas manger avec la bande, je ne veux pas qu'ils s'attachent à moi, je ne ferai que leur causer des problèmes.
Je rentre chez moi. J'aperçois Joe, avachie dans le canapé, une bouteille à la main. Pathétique. Je monte le plus discrètement possible dans ma chambre, afin de ne pas attirer son attention. Je ne sais pas où est Véronique, et à vrai dire, peu m'importe. Je me sens aussi mal que ce matin, physiquement, mais surtout mentalement.
Je ne prends pas la peine de me changer, je fonce tout droit dans mon lit. Mon regard dérive sur mon armoire, dans laquelle se trouve cet objet. Je ne sais me retenir, et je m'en empare le plus vite possible. J'en ai besoin. Cette lame que je tiens entre mes mains est bien une des seules choses me faisant sentir vivante. Je trace le premier trait. Je repasse en réalité sur une ancienne cicatrice. Je complète mon œuvre.
Une fois fini vient la honte. Je suis faible. Je n'irai jamais mieux. Je suis seule. Je m'endors, les larmes dévalants mes pommettes.
"Je suis trop absorbé par ma propre vie
I'm too consumed with my own life
Sommes-nous trop jeunes pour cela ?
Are we too young for this?
J'ai l'impression de ne pas pouvoir bouger
Feels like I can't move
Partageant mon coeur
Sharing my heart
Ça me déchire
It's tearing me apart"
VOUS LISEZ
Save me from hell
Teen Fiction/!\TW La mort. Elle est l'état irréversible d'un organisme biologique ayant cessé de vivre. Cet état se caractérise par une rupture définitive dans la cohérence des processus vitaux de l'organisme considéré. Au niveau cellulaire, la mort désigne l...