« - JUNE, OÙ EST NOTRE PUTAIN DE PETIT-DÉJEUNER ? »
L'habitude. Manière usuelle d'agir, de se comporter. Mes soi-disant parents ont l'habitude de m'utiliser en tant qu'esclave, tout comme j'ai l'habitude de répondre à leurs besoins. Non pas par envi, mais bien par obligation.
Je me réveille en sursaut face aux cris que pousse mon père (si l'on peut le qualifier de tel). Mon réveil n'a pas sonné, je ne leur ai donc pas encore préparé leur petit-déjeuner, comme j'aurai dû le faire. Ils vont me frapper de nouveau pour cela, mais l'habitude se fait ressentir. Je jette un coup d'œil en direction de mon réveil, et je vois qu'il est 6h49. Assez tôt, voire même trop tôt, mais ils m'obligent à me lever à 5h afin d'effectuer toutes les tâches ménagères avant leur réveil. Tandis qu'eux se lèvent à 6h30.
Je descend précipitamment à la cuisine, et croise mes parents, rouges de colère. Difficile de croire qu'il n'y ait pas de fumée qui sorte de leurs oreilles, à ce niveau-là.
« - Eh, sale conne ! Tu crois aller où comme ça ? s'écrit Véronique.
- Je suis désolée. Votre petit-déjeuner aurait dû être prêt, mais mon réveil n'a pas sonné. Cela ne se reproduira plus. »
Soumise. Sale conne. Tu n'es même pas capable de te défendre.
Ma conscience. Les violences psychologiques de mes parents ont même réussi à monter la petite voix dans ma tête, ma conscience, contre moi.
« - Ça ne sert à rien de t'excuser, ça ne changera rien, le petit-déjeuner n'est pas fait, tout comme la poussière. As-tu passé l'aspirateur ? NON, PUISQUE TU DORMAIS, INSOLENTE ! ON TE LOGE, ON TE PAYE L'ÉCOLE, ON FAIT TOUT POUR TOI, ET VOILÀ COMMENT TU NOUS REMERCIE ? Va faire à manger avant que je t'en colle une. DÉPÊCHE-TOI !"
Je me dépêche donc d'aller leur préparer le petit-déjeuner, sans prendre le temps de m'en faire un. Le temps, je n'en ai pas, je dois encore effectuer toutes les tâches ménagères, mais c'est aussi ma rentrée dans mon nouveau lycée, il ne faut pas que je sois en retard.
Après leur avoir servi leur petit-déjeuner en vitesse, sans obtenir de remerciements, je me dépêche de passer l'apirateur. Ensuite, je fuis dans ma salle de bain, qui est uniquement la mienne, pour me préparer en vitesse. J'entends des pas montants les escaliers, mais je n'y prête pas la moindre attention. Après avoir terminé de m'habiller, de me maquiller, et de me coiffer, je sors de ma salle de bain. Je m'apprêtais tout juste à prendre mon sac et partir pour le lycée, quand une grande main rugueuse m'en empêcha. Je sais très bien à qui elle appartient, malheureusement, je l'ai souvent côtoyé. Joe.
"- Ma petite fille chérie, tu croyais vraiment t'en sortir comme ça après avoir oublié de nous faire à manger ? Je le supplie du regard de me laisser tranquille, de ne pas me toucher, me frapper, mais la compassion ne fait définitivement pas partie de son vocabulaire."
L'enfer débute. Mon corps entier y passe. Le dos, les mains, le visage, le cou et les bras : absolument tout mon être se consume à la violence de ses coups. Il use même d'une punition plutôt inhabituelle : la cigarette, ou plutôt, les brûlures de cigarette, qu'il prend plaisir à créer sur mon bras.
Lorsqu'il termine enfin, je suis par terre, accablée. Mon corps y est, mais plus mon esprit. Il faut que je me lève, je dois aller en cours. Mais avant, je dois cacher mes nouveaux bobos, comme je les appelle depuis mes 10 ans maintenant. Je fonce dans ma salle de bain. Je vérifie l'état de mon corps, et je cache les blessures susceptibles d'être vues par les autres. Uniquement mon visage est à cacher, je porte des vêtements noirs et amples pour que les autres ne voient pas l'horreur qu'est mon corps, même sous 28 degrés.
Il est maintenant 7h30, je pars pour le lycée, à pied. Pas de bus pour moi, moins il y a de contact avec les autres, mieux je me sens, si je puis dire. La forte chaleur se fait bien ressentir, mais je n'ai pas le choix. J'ai environ 10 minutes de trajet. Je vois d'autres élèves, je suppose, marcher eux aussi en direction de l'enfer.
J'arrive enfin au lycée. Je souffle un bon coup, et je me lance. Je vois un attroupement de lycéens, je suppose que c'est là-bas que je pourrai trouver les panneaux d'affichage indiquant ma classe. Cependant, comme je suis nouvelle, je dois aller directement au secrétariat, mais je n'ai aucune idée d'où il peut se trouver. Sur le chemin pour rentrer dans le bâtiment, je croise un petit groupe d'amis, de 3 personnes, je vais donc leur demander. Le problème étant que je suis clairement associable, mais il va falloir que je surmonte cette angoisse.
"- Hum, excusez-moi ? Ils se retournent tous vers moi, c'est extrêmement gênant.
- Oh, bonjour ! C'est une plutôt jolie fille qui m'a répondu, blonde, aux yeux verts, assez grande. Tout va bien ?
- Vous pouvez m'indiquer la direction du secrétariat s'il vous plait, je suis nouvelle, donc je ne connais pas du tout le bâtiment ?Me justifiais-je.
- Oui, bien sûr ! Viens avec nous, on va t'accompagner, pas vrai ? Elle se retourne en direction de ses amis, qui hochent la tête avec enthousiasme.
- Oh, euh, merci ? Nous commençons donc à marcher vers le secrétariat.
- Comment tu t'appelles ? C'est un grand brun qui me demande, avec un sourire.
- June, et vous ? Je demande timidement.
- Moi c'est Matt, elle s'est Ava, ma petite amie, et là c'est Hayden."
Je hoche la tête, lorsqu'on arrive finalement au secrétariat. Je les remercie brièvement, toque et entre dans la pièce. La secrétaire me donne alors mon emploi du temps et me communique ma classe, puis me distribue tous les papiers nécessaires. Elle appelle le directeur, qui vient pour m'emmener dans ma classe.
Lorsque celui-ci toque et entre, tous se lèvent et se mettent à me fixer. Je rougis, gênée par tous ses regards sur moi. J'ai la mauvaise impression qu'ils sont capables de lire en moi, de voir que je me fais battre, ce que Véronique et Joe m'infligent chaque jours. Je suis pris d'un sursaut lorsque le directeur prend enfin la parole.
"- Bonjour à tous, j'espère que votre rentrée se passe convenablement. Je vous présente votre nouvelle camarade, June. Accueillez-la comme il se doit. Il se tourne vers le professeur. Je vous la laisse, Mr Smith. Au revoir.
- Bien, monsieur le directeur, au revoir. Le proviseur sort, me laissant seule sous les regards appuyés de mes camarades et de mon professeur, qui reprend la parole. Bonjour June, je suis Mr Smith, ton professeur de mathématiques de cette année. Tu peux aller t'installer à côté d'Ava. Ava, lève la main s'il te plait."
Ava ? Je lève la tête pour regarder si l'on parle bien de la même Ava, celle qui m'a aidé à trouver le secrétariat. En effet, je constate que c'est bien elle, que j'aperçois au fond de la salle. J'ai également aperçu du coin de l'œil Matt et Hayden. Elle me lâche un grand sourire, auquel je ne réponds pas. Cela fait maintenant 8 ans que je ne souris plus. Je me dirige vers ma place attitrée par mon professeur, sors mes affaires, et me mets à dessiner. Je sens un regard sur moi, mais je n'y prête pas plus d'attention. Ava commence à me parler discrètement.
"- Tu vas bien ?
- Euh, oui.
Elle ne chercha pas à continuer le dialogue, se doutant certainement que je ne voulais plus parler.
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Save me from hell
Ficção Adolescente/!\TW La mort. Elle est l'état irréversible d'un organisme biologique ayant cessé de vivre. Cet état se caractérise par une rupture définitive dans la cohérence des processus vitaux de l'organisme considéré. Au niveau cellulaire, la mort désigne l...