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Le courrier.
Merde je n’ai pas été cherché le courrier.

Je souffle et me lève d’un pas nonchalant du canapé que je squatte depuis hier soir et me dirige vers la porte d'entrée.
Je n’ai aucune envie de me lever, et la procrastination est mon meilleur ami. Mais bon, si je ne vais pas chercher ce putain de courrier maintenant, le facteur va croire que je suis morte, vu la tonne de papier dans la boite…

Je chope les clefs sur le passe-plat et pars chercher mon butin (si tenté que butin signifie factures impayées depuis trois mois et saisie de la maison si je ne m'y mets pas).

Je jette directement à la poubelle tout ce qui ne m’intéresse pas le moins du monde, c’est-à-dire les trois-quarts.

Mais je souris en saisissant la lettre à mon nom.

Robin Buckley, écrit d’une écriture que je pourrais reconnaitre entre mille, et sur du beau papier jaune poussin.

Il n’y a qu’elle pour choisir une couleur aussi horrible, je pense.

J’arrache l’enveloppe et me laisse tomber sur le canapé pour la lire. Mais je pers mon sourire très rapidement quand je vois son contenu.

« Mes parents se séparent.
Je reviens à Hawkins.

                                                                     - M ».

Mon cœur loupe un battement et je fronce les sourcils.
Ses parents se séparent ? Mais pourquoi ?
D’un côté, je vois le tragique de la situation, mais d’un autre côté, je ne peux m’empêcher de sourire en pensant au fait que je vais bientôt la revoir.

Je vais bientôt revoir ma cousine.
 
 

*
 


 
Le lycée d’Hawkins. Il n’y a pas pire endroit pour les ados, de nos jours.
Les trois-quarts des élèvent détestent l’école, souffrent, ou finissent par se tirer une balle dans la tête.
Pour la petite troupe de Robin Buckley, c’est exactement pareil. Il s’en est passé des choses dans cet endroit, en a peine un ou deux ans.
Des choses que des adolescents de dix-sept/dix-huit ans ne devraient pas avoir à subir.

Mais ils ne se plaignent pas, non, ils sont bien trop occupés à remercier le ciel d’être encore en vie. Entre les disparitions, les tests scientifiques sur humains, les Démogorgons, ils en ont vu de toutes les couleurs…

Je sais tout ça car elle m’écrit souvent.

Le téléphone fixe, ce n’est pas trop son truc, mais écrire des lettres et les poster pour l’autre bout de l’Amérique du Nord, il n’y a aucun souci. On a donc pris l’habitude de faire ça, pour se raconter notre vie, les potins du lycée, et tout le tralala.

Il n’y a pas très longtemps, je lui ai envoyé une dernière et ultime lettre. Mes parents se séparent. C’est la vie, on fait avec. Mais mon père a décidé de venir vivre près de chez sa sœur, la mère de Robin. Donc logiquement, ce sera la dernière lettre que je peux lui envoyer, car on part dans très exactement deux heures, trente-sept minutes et douze secondes.

Robin ne m’a jamais répondu.

Je ne sais pas si elle est en colère ou quoi, mais ça m’énerve. Je sais qu’elle a pris la fâcheuse habitude de ne jamais ramasser son courrier, donc ça ne m’étonnerait même pas que ma lettre soit encore en train de pourrir dans sa boite aux lettres.

Mais justement, quand je me lève à mon tour pour chercher mon courrier, je crois que j’obtiens une réponse.
Je rentre et déchire rapidement l’enveloppe avec un coupe papier et déplie la lettre avec une lueur d’impatience. Je ne veux pas qu’elle soit en colère contre ma lettre assez brève et sèche.

Highway To Hell {Eddie Munson}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant