𝟧𝟢 𝑛𝑢𝑎𝑛𝑐𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑇.𝑂.𝑃

- II -

Trois jours se sont écoulés, trois jours que je repense à ce qui s'est passé. Lui, cet homme comment pouvait-il s'intéresser à une jeune provinciale comme moi ? Et si c'était un jeu ? Bah, au moins j'y aurai goûté un instant. Mais il y a un détail qui me tue, aucun regard aussi perçant soit-il, ne m'avait rendu aussi vulnérable.

- Chanel !

Je lève la tête, Kim.

- Qu'est-ce que tu fais ? Tu as une séance photo à faire.

- Ah c'est vrai...

Je me lève, ma voix est presque endormie.

- Tu es sûre que ça va ?

- Ouais...

Je prend mon appareil en passant et sort de mon bureau, je me dirige vers la salle de photos. Où m'attend quelqu'un que je connais bien.

- Salut Adam.

- Coco.

Arrête avec ton jeu de mot hasbeen.

- Tu es craquantes quand tu t'énerve.

- Arrête de draguer.

Adam est un mannequin et également un ami. Il a été mon premier modèle et aussi celui qui m'a fait rentrer dans la boite, nous avons deux ans d'écart. Il est très beau, logique puisque c'est un mannequin, un mètre quatre-vingt-quatre, cheveux blonds mi-longs, deux beaux yeux marrons et un corps de dieu grec. Malgré cela, je n'ai jamais eu pour lui qu'un sentiment fraternel. De toute façon c'est un don juan, il ne garde jamais une femme plus de deux semaines.

- Alors, qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ? Topless ? Nu ?

Il tient son jean comme s'il allait l'enlever.

- Rien de cela, contente-toi d'être beau et de sourire.

- Beau, je le suis toujours, sourire, c'est un art que je maîtrise.

- Parfait alors.

Je m'accroupis et commence le shooting.

- Tu es sûre que ça va ? Tu as mauvaise mine.

- Je vais très bien, lève le menton.

- D'habitude, pendant nos séances, tu ris, tu souris, tu rayonnes.

- Je ne suis pas un soleil.

- Tu es plus que ça.

- Arrêtez avec vos belles paroles. Croise les bras.

- Arrêtez ? Tu as un chagrin d'amour ?

- La ferme.

- Tu en as un.

Il s'avance vers moi et s'assied en face de moi, à même le sol.

- Tu fais du mauvais boulot quand tu n'y met pas ton coeur.

- Laisse-le où il est.

- Qui est-ce qui te l'a prit que j'aille te le rendre.

Il dit ça tout en souriant, il n'a que 18 ans, qu'est-ce qu'il peut y connaître ce gigolo ?

- J'ai encore des photos à faire.

- Arrêtons là. Dit-il en posant sa main sur mon épaule.

- Mets toi devant le fond.

- Tu va bacler, t'es triste.

- Je ne suis..

- Tu pleures.