22 : NUIT MOUVEMENTEE

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  Malgré les flammes qui envahissaient la chambre d'Amma, condamnant la moindre issue et encerclant le lit, Edgar devina tout de suite qu'il s'agissait d'un rêve

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 Malgré les flammes qui envahissaient la chambre d'Amma, condamnant la moindre issue et encerclant le lit, Edgar devina tout de suite qu'il s'agissait d'un rêve. Mais savoir que rien de tout cela n'était réel ne rendait pas la situation moins angoissante.

Il se redressa, le dos contre le mur, en sueur. A ses côtés, son amie dormait toujours paisiblement. Comment était-ce possible, avec les flammes qui léchaient ses pieds et menaçaient d'embraser les draps ?

Dans un mouvement saccadé, précipité, il la secoua. L'épaule d'Amma était froide lorsque ses doigts rencontrèrent sa peau sombre. D'abord, il la fit bouger doucement. Puis, de plus en plus fort, de plus en plus frénétiquement. Elle ne se réveillait pas.

— Amma !

Il eut l'étrange impression que ce n'était pas sa voix qui sortait de sa bouche. Elle sonnait différemment, plus rauque, moins hésitante que celle d'Edgar. Elle paraissait plus terrifiante. Il haussa le ton en essayant de ne pas se focaliser sur ce timbre qui n'était pas le sien.

— Amma !

Son amie ouvrit les yeux. Dans ses pupilles brunes, plusieurs émotions se succédèrent. De la fatigue. Elle se frotta les yeux. De la surprise, ensuite.

Puis, de la peur.

— Amma, on va brûler si on reste là !

Il connaissait cette voix. C'était une voix de femme qu'il avait entendu récemment, mais qui faisait écho à d'autres souvenirs plus lointains, plus enfantins.

Son amie hurla soudain :

— Lâche-moi !

La main d'Edgar se déroba, loin de l'épaule d'Amma. Il ne comprenait pas pourquoi elle lui demandait de la lâcher, mais il se plia à la demande. Il voulut lui faire remarquer qu'ils n'avaient pas de temps à perdre s'ils ne voulaient pas mourir. Mais alors, elle asséna :

— Va-t-en, Garnet ! Tu me fais peur !

Stupéfait, Edgar baissa les yeux sur ses mains. Il ne reconnaissait pas ses doigts, ni la teinte de sa peau. Un bruit capta son attention au niveau de la porte de la chambre, et il tourna la tête si vite, qu'il remarqua de longs cheveux qui volaient autour de son visage. De longues mèches auburn à l'ondulation parfaite.

C'est là qu'il se vit.

C'était lui qui venait d'entrer dans la chambre. Lui qui se tenait de l'autre côté des flammes rougeoyantes. Mais s'il était là-bas, comment pouvait-il être en même temps dans ce lit ?

Pétrifié, Edgar – qui n'était plus certain d'être Edgar – regarda son double traverser les flammes sans ciller. Pire encore, il y avait sur son visage une expression inqualifiable qui ressemblait à celles de Garnet lorsqu'elle utilisait son don.

Il n'avait jamais imaginé que ses traits pourraient former une telle expression.

Il se faisait peur.

Les monstres naissent dans les flammesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant