30 : LE PLUS PEUREUX DE NOUS DEUX

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 A chaque fois qu'il se retrouvait dans l'Underground, il espérait que ce serait la dernière

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A chaque fois qu'il se retrouvait dans l'Underground, il espérait que ce serait la dernière.

Et à chaque fois, il y retournait contre son gré.

Il avait les membres endoloris, comme s'il avait passé trop de temps dans une position inconfortable. Son dos lui faisait mal, il avait l'impression que ses épaules ne s'emboîtaient plus correctement. Ses jambes étaient lourdes et douloureuses. Dans l'obscurité, il ne les voyait pas bien, mais il était persuadé qu'elles étaient constellées de bleus. Et pour couronner le tout, l'arrière de sa tête était appuyée sur une aspérité de la roche de l'Underground. En levant sa main gauche pour tâter son cuir chevelu, il y découvrit une grosse bosse au point de contact avec la paroi inégale et coupante.

Il se redressa pour ne plus s'y appuyer. Ironiquement, son poignet dans le plâtre était peut-être la partie du corps qui lui faisait le moins mal.

C'est alors qu'il entendit un souffle qu'il n'avait pas perçu avant, et qu'une voix susurra :

— Enfin réveillé, frangin ? Je pensais qu'avec les années tu me donnerais plus de fil à retordre, mais en fin de compte, t'es encore plus fragile que quand t'étais gosse.

— Garnet...

Dans l'obscurité, il ne savait pas où la situer. Il détestait ne pas pouvoir la voir, ni anticiper ses mouvements. C'était en partie grâce à cette nuit constante qu'il avait si souvent fait les frais des idées de torture de sa demi-sœur, dans son enfance. Il ne savait jamais où l'attendre. Il n'avait pas réussi à trouver le moindre point faible qui la rendrait prévisible.

Jusqu'au soir d'Halloween.

— C'est quoi, ton plan, cette fois ?

— T'as maté trop de films si tu crois que je vais te servir toutes les explications sur un plateau, ricana-t-elle.

Edgar ne répondit rien. Le brouillard du réveil commençait à quitter son esprit, et il réfléchit. Il se doutait que la rouquine n'était pas assez stupide pour lui expliquer ce qu'il faisait là. Mais la faire parler était le seul moyen de détourner son attention pour espérer reprendre des forces et s'enfuir.

— Oh, t'en fais pas, je sais que t'es pas stupide à ce point. Mais ça m'arrangerait de savoir ce que je fous ici. Non pas que j'aime pas cet endroit, hein, mais bon, il fait un peu froid. Et l'Underground manque cruellement de trousses à pharmacie.

Elle eut un rire mauvais.

— Mon pauvre Edgar... t'as mal ?

Il garda le silence.

— Mais t'avais qu'à pas t'en prendre à moi, si tu voulais pas être blessé. Il fallait pas tenter d'arrêter notre père.

Elle se rapprocha de lui. Malgré sa discrétion, il arrivait à percevoir le léger bruit de ses pieds qui effleuraient le sol à chaque pas. Et puis, il sentit peu à peu son souffle sur sa peau. Sans qu'il puisse les contrôler, ses muscles se tendirent.

Les monstres naissent dans les flammesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant