Compilation de textes courts

La Mort de Sabai

Avertissement: Ce texte contient quelques passages susceptibles d'heurter la sensibilité de certains et certaines. Cela ne concerne pas la majorité du texte, seulement quelques scènes précises, mais je me devais de vous prévenir, au cas où. Bonne lecture !

Couvert de blessures, le jeune mage avançait en titubant, traversant tant bien que mal la forêt dévastée et à moitié carbonisée, enjambant d'innombrables cadavres calcinés suite à son précédent sort.

Tout épuisé qu'il était, il ne ralentissait pas, essayant même d'accélérer. Le survivant ne voulait pas, ne pouvait pas se permettre de perdre la moindre seconde. Ils n'étaient plus en sûreté.

Sur son chemin, l'hybride tentait de comprendre ce qu'il s'était passé.

— Pourquoi nous ont-ils attaqués de la sorte ? Pourquoi le royaume que nous avons protégé a-t-il tenté de nous éliminer ? se demandait-il à chaque pas.

Plongé dans l'incompréhension, la peur et la colère, il ne vit pas venir le terrible coup qu'on lui porta alors qu'il arrivait à sa demeure. Ou plutôt ce qu'il en restait. En effet, la bâtisse avait été détruite, les murs tenaient à peine debout, les fenêtres et portes pendaient lamentablement et un incendie ravageait le majestueux bâtiment.

Trop inquiet pour se soucier de l'ennemi, Sabai cherchait sa bien-aimée du regard. Avait-elle pu fuir ? Était-elle saine et sauve ? Où se trouvait-elle ?

Ses yeux virevoltaient en tous sens, à la recherche du moindre élément pouvant lui fournir des réponses, quand il repéra une coulée de sang. Le visage blême, il suivit la traînée écarlate jusqu'à la cour arrière et se retrouva devant une scène abominable. Les Oglorne et le bétail étaient étendus au sol, démembrés, leurs organes répandus un peu partout au sol et des litres d'hémoglobine souillaient jusqu'aux quelques murs ayant résisté à l'assaut.

Incapable de détacher son regard de la scène macabre, le survivant resta immobile pendant une courte éternité avant d'hurler de toutes ses forces le nom de sa dulcinée.

Après un bref silence, un bruissement venant d'un immense chêne se fit entendre, attirant son attention. C'est à ce moment qu'un étrange objet, délogé par une bourrasque, fit une chute pour atterrir à ses pieds. Se penchant pour l'examiner, le jeune mage l'identifia immédiatement. Cet objet était la main ensanglantée de son amante.

Paniqué, le visage blême, il leva la tête, découvrant avec horreur Ekumi crucifiée au tronc de l'arbre à l'aide de pieux en fer transperçant ses poignets et chevilles. Le survivant ne pouvait détourner le regard de la dépouille atrocement mutilée, les entrailles dégoulinant de son ventre ouvert en deux, les yeux arrachés, les lèvres cousues, la gorge tranchée, la main droite arrachée, la main gauche broyée et une constellation de plaies béantes meurtrissant son corps sans vie. Epouvanté, l'hybride poussa un hurlement d'effroi mêlé à une terrible affliction.Sous le choc, il s'effondra, incapable de comprendre, incapable d'accepter l'horrible réalité : il n'avait pas pu la protéger. Elle était morte.

Plus jamais il ne la reverrait lui sourire, plus jamais ils ne pourraient parler, plus jamais ils ne pourrait être à ses côtés.

Tout est fini.

Le jeune mage s'effondra, bouleversé. Comment ça avait pu se finir ainsi ? C'était un cauchemar, il allait se réveiller. C'était impossible... Ekumi ? Morte ? Il ne voulait pas, ne pouvait pas accepter l'horrible réalité, c'était au-delà de ses capacités.

Une cascade de larmes déferla sur ses joues tandis qu'il se remémorait sa rencontre avec Ekumi, sa voix, son sourire, ses baisers...

Mais tout était fini. Les morts ne reviennent pas à la vie, il le savait. À cause de ce royaume humain, ce royaume qu'il avait pourtant protégé malgré les risques, malgré les discriminations, les injures, il avait tout perdu.