On avait fêté son retour et pas son anniversaire.
On l'avait à peine regardé. On s'était contenté de lui poser pléthore de questions dont la plupart restèrent sans réponse.
Un silence plus fort encore qu'avant s'était refermé autour de Silas.
Il faisait de nouveau froid dans son cœur. Un mois de janvier dans sa poitrine alors que juillet débutait à peine. Et alors que les vacances l'acceuillaient, lui proposant un peu de repis, on avait fêté son retour comme si c'était quelque chose de bien. Ça riait sous cape devant les décorations ridicules et les regards soulagés. Ça savait que ça allait gagner, évidemment.
Tout s'était passé si vite, avec tant de fluidité. Les derniers jours avaient été un torrent d'émotions, tant que Silas sentait à nouveau ce sentiment d'affolement dans sa trachée et sa poitrine. Il suffoquait dans la multitude de personnes familièrent venues pour le revoir sans lui prêter vraiment attention. Il se noyait, encore. Mais cette fois, c'était pire. Il avait envie de pleurer. On avait donné à Auphelius l'interdiction de s'approcher de lui. En résumé, sa bouée de sauvetage lui avait été arrachée sur un malentendu.
Silas monta dans sa chambre. Un instant il se demanda si ça n'était pas égoïste, de s'isoler alors que sa famille était là pour lui. Seulement, il constata vite que personne ne remarquait son absence. Sa présence n'avait jamais importé. Son absence non plus, apparemment, puisque c'était un voisin qui l'avait remarquée.
Une rage sourde bouillonait de sa gorge à ses oreilles, amplifiée par les bruits crissants et insolents des rires qui résonnaient depuis le salon. On l'avait enlevé à la seule personne à qui il importait. Assis sur son lit, il attendit de pleurer pour arrêter de respirer. Ça n'attendait que ça aussi, de toute évidence, car la douleur du vide s'empara de tous ses membres et son appel vibra en Silas. Ça commença à semer le chaos dans sa tête.
Ça chantait des mélodies accablantes sur la mort d'un garçon trop jeune et trop triste.
Silas tremblait un peu. Et ça continuait son chant funeste. Alors ses doigts se relachèrent, prêts à saisir. Un ciseau, une lame, n'importe quoi, soufflait le vide. Ses supplications demeurèrent sans réponse. Car c'est sur l'archer que se referma la main de Silas.
Le pouce bien droit et l'auriculaire un peu relevé, pour l'équilibre.
Ce geste, qu'il avait exécuté tant de fois, picota les doigts du musicien. Il n'y fit pas attention. Il posa l'instrument sur son épaule, de la main gauche, puis s'accorda d'une manière presque professionnelle. Ça protestait, irrité.
Et enfin Silas fut prêt. Dans le quasi silence de sa chambre, le vide emplissant son être, il laissa la pluie couler sur ses joues avant de prendre une grande inspiration. Il plaça son archer, le morceau étant déjà tout choisi. Il n'avait pas le talent d'improvisation d'Auphelius, mais il connaissait ses partitions, par cœur.
L'hiver de Vivaldi gelait ce même cœur quand il se mit à jouer.
Ça se débattait, lui disait d'arrêter.
Mais Auphelius aurait sans doute offert son plus beau sourire si Silas avait joué pour lui. Cette pensée déclencha l'orage dans ses yeux et la tempête dans ses mains. L'hiver résonnait fort et violent sur les cordes, plus qu'il n'aurait dû l'être.
Ça criait, lui hurlait que c'était nul, qu'il était nul, pathétique, le vide creusa un peu plus sa poitrine meurtrie.
Sa mélodie était imparfaite, sans l'ombre d'un doute. Ça faisait si longtemps qu'il n'avait pas joué. Pourtant, malgré cela, Auphelius aurait dit que c'était bien. Il aurait été honnête sur la qualité moyenne de l'interprétation mais au final, dans tous les cas, il aimait trop la musique pour reprocher à Silas de la jouer. Il l'aurait encouragé.
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L'appel Du Vide
Genç Kurgu" Silas 𝚊𝚟𝚊𝚒𝚝 dix-sept 𝚊𝚗𝚜, 𝚞𝚗𝚎 𝚊𝚜𝚜𝚒𝚜𝚎 𝚙𝚎𝚞 𝚐𝚛𝚊𝚌𝚒𝚎𝚞𝚜𝚎 𝚎𝚝 𝚞𝚗 𝚟𝚒𝚜𝚊𝚐𝚎 𝚛𝚎𝚖𝚙𝚕𝚒 𝚍'é𝚝𝚘𝚒𝚕𝚎𝚜. Auphelius 𝚊𝚟𝚊𝚒𝚝 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝 𝚊𝚗𝚜, 𝚍𝚎𝚜 𝚢𝚎𝚞𝚡 𝚛𝚎𝚏𝚕é𝚝𝚊𝚗𝚝 𝚞𝚗 𝚝𝚊𝚕𝚎𝚗𝚝 𝚒𝚗𝚏𝚒𝚗𝚒 𝚎𝚝 𝚞�...