Chapitre 64 : Greffe Temporaire

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      Il fait nuit, une légère brise se fait sentir et je profite d'être seule dans la cour du temple. Un mauvais pressentiment me noue les entrailles depuis quelques heures, me rendant incapable de dormir. Il faut croire que les nuits calmes et complètes de sommeil ne sont qu'un lointain souvenir brumeux.

     Cette pensée me tire un sourire quand je m'appuie contre un pilier de la cour, les bras croisés et les yeux levés vers les étoiles. J'ai rarement connu quelque chose qui me détend comme ça. C'est si... apaisant. Bien que plus personne ne me surveille de là-haut. Et c'est assez étrange quand on y repense.

     Alice me diffuse une musique calme dans les oreilles et je la remercie avec un soupir en me laissant glisser au sol. Je dégaine l'arme divine et fais apparaître de quoi la nettoyer et la lustrer. Sans doute aussi pour m'occuper la conscience, d'une certaine manière. Je sais que trop penser est loin d'être une bonne chose et que c'est nuisible au sommeil, cependant je pense que c'est plus compliqué que ça.

      L'épée d'Heimdall brille à la pâle lueur de la lune et je la rengaine quand je suis satisfaite de mon travail, m'adossant complètement contre le pilier quand j'ai fait disparaître mon matériel. Mon regard se balade dans la cour du temple depuis ma place, sans que je ne bouge, et je me demande comment occuper ma nuit blanche qui s'annonce pour ma part. Tout le monde dort et j'ai aucune envie de réveiller qui que ce soit.

      Le hululement d'une chouette me tire de mes pensées et je tourne la tête vers la provenance du cri, voyant la silhouette de l'oiseau se découper nettement sur l'astre lunaire. Je soupire légèrement, ramenant ma jambe gauche pliée vers ma poitrine pour me faire un accoudoir de fortune. Une vieille habitude de lectrice qui se pose dans un parc après les cours. Et cette pensée me ramène très loin en arrière, quand j'étais au lycée.

     Il est quinze heures, l'absence du prof nous a été communiquée au dernier moment, certains camarades ayant ainsi rater leur bus ou leur train. Certains sont partis se balader en ville, d'autres ont appeler leurs parents, et j'ai finalement décider d'aller lire tranquillement dans le parc derrière le lycée.

     Et bien sûr, je suis au meilleur endroit possible puisque juste un mur de pierres me sépare de la salle de conférence, me permettant d'entendre les répétitions de la chorale de fin d'année. Le vent secouant mes cheveux me donne la fraîcheur nécessaire pour rendre le tout supportable. Du moins, jusqu'à me faire pousser sans l'avoir vu venir.

     Je garde mon livre en main, roule sur ma droite et me relève avec précautions, sachant que c'était une plaisanterie et rien de méchant. Ma théorie se confirme quand je vois Cass se tenir devant moi.

_ Tu ne t'attendais pas à ce que je te suive ? Me demande-t-elle avec un sourire.

_ Je m'en suis douter. T'as raté ton bus, tes parents sont encore au travail, et tu n'allais pas rester au lycée de ce temps-là. Répondis-je en reprenant ma place.

      Je soupire de soulagement, croise les jambes pour permettre à Cass de caler confortablement sa tête et elle vient s'installer tranquillement, me permettant de lire et de discuter avec elle.

_ Je me demandais, t'as des nouvelles, depuis le temps ? Me demande-t-elle soudainement.

_ Silence radio. Mais tu sais que ce qui me fait le plus de mal ce n'est pas la rupture en elle-même ?

_ Ah oui ?

_ C'est d'avoir perdu quelqu'un que j'appréciais énormément et à qui je pouvais tout dire sans crainte de jugement. Il m'a rendue meilleure, Cass.

_ Je ne te demande pas de l'oublier parce que c'est impossible, mais de tourner la page. Même si t'as un pavé dans les mains, c'est celle qui concerne le chapitre que tu as écrit avec lui que je te demande de tourner. Pourquoi tu ne l'as pas fait après ces deux dernières années, d'ailleurs ?

Firefrost (MCU Fanfic)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant