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Je récupère les clés qu'il me tend en le remerciant. Je regarde cet endroit, c'est ni trop grand, ni trop petit. C'est parfait pour nous deux. Je monte à bord de mon véhicule et je me dirige vers certains magasines afin d'acheter des meubles et des trucs pour décorer notre endroit.

Au centre de la pièce j'y ai placé un lit puis j'ai installé deux petits meubles, des sortes de guirlandes et pleins d'autres trucs pour que ça fasse « romantique ». Je sais qu'elle aime bien ce genre de truc donc je vais lui faire plaisir.

Je suis allé acheté de quoi manger, j'ai tout bien disposé sur des assiettes que j'avais mis sur des plateaux.

Putain ! Je me retrouve à faire des conneries pour cette fille. Mais bon temps que ça lui plait.

En rentrant à la maison je retrouve les garçons — sauf Chems — au salon, ils jouent à la play. Quand je les vois comme ça, je les envi. Ils ont l'air d'être heureux, leur rire et leur sourire ne sont pas faux comparé à moi. Ils arrivent à profiter de chaque instant, chose que je ne sais pas faire, du moins que je ne sais plus faire.

Avant la mort de Malik j'étais quelqu'un de très jovial malgré tout les problèmes que je pouvais rencontrer avec ma mère, mon frère, je gardais toujours la tête haute et j'affrontais mes problèmes sans aucune once de peur. Puis les crises d'angoisse, les cauchemars, les souvenirs que j'avais enterré au fond de ma mémoire, sont revenus, tout est revenu.

Mais j'essayais de garder le sourire et la tête haute. J'étais le petit clown du quartier avant mais quand j'ai appris que mon frère, mon meilleur ami était atteint d'une maladie incurable mon sourire est parti. Et je pense qu'il ne reviendra plus.

Je les salue avant de monter à l'étage, je toque à sa porte avant d'entrer. Il était en train de prier, c'est bien la première fois que je le vois prier, je sais qu'il pratique sa religion mais je ne l'ai jamais vu faire, avant aujourd'hui.

Après qu'il eu fini, nous nous sommes mis à discuter.

Chems — T'inquiète pas pour moi Tayeb, tout ira bien. J'ai échappé plusieurs fois à la prison.

Tayeb — Ouai sauf une fois.

Chems — T'inquiète pas je te dis, je gère. Alors avec Khalissa ? C'est comment ?

Tayeb — Bah... Y a rien.

Un sourire espiègle se colle à son visage.

Chems — Comment ça rien ? Vas-y dis tout à tonton Chems !

Je rigole en lui disant de me laisser tranquille.

Tayeb — Eh mais t'es toujours avec Mia ?

Il soupire en acquiesçant. Leur relation est pire que toxique, ils s'aiment à s'en détruire. Ils se servent de leur amour comme d'une arme et finalement ils ont fait d'eux-mêmes la réelle cible. Ils s'aiment à en mourir et c'est ça le problème.

Tayeb — Je ne te dirai pas de la quitter parce que je sais que tu ne le feras pas mais sache juste que tout ça là, c'est néfaste autant pour toi que pour elle. Personnellement j'en ai rien à branler de ce qu'elle peut ressentir. Je veux pas que tu te détruise encore plus. La mort de ton père, l'abandon de ta mère, la prison, tout ça t'as rendu... Je ne sais pas comment l'expliquer mais ton âme se meurt petit à petit. Et j'ai bien peur que ta relation avec cette fille ne t'achève.

Chems — Tu sais, je suis conscient que notre relation n'a rien de sain, n'a rien de normale mais je peux pas me passer d'elle. Vous ne la connaissez pas comme moi je la connais. Vous la voyez faire l'aguicheuse, faire la conne mais en vrai elle n'est pas comme ça. Elle est... incroyable. Je... Je ne saurais pas t'expliquer mais elle est juste incroyable et ce qu'elle vous montre ne la représente absolument pas, elle est pas comme ça de nature.

Je l'écoute attentivement, j'essaye de le comprendre, je veux qu'il sente que peut importe ce qu'il me dira ou ce qu'il fera, je ne le jugerai jamais au contraire je l'écouterais, je le conseillerais et je l'épaulerai dans chaque épreuve qu'il traversera.

Chems — Cette fille... C'est limite si elle ne m'est pas vitale, j'ai besoin d'elle tout comme elle a besoin de moi. On peut pas. On peut pas Tayeb. On peut pas se lâcher, c'est impossible. Le fait de nous séparer nous détruira plus que notre relation. Elle est certes toxique, malsaine mais elle nous convient à tout les deux, on arrive à gérer tout ça.

Tu finiras par t'y perdre mon frère, tu y laissera ton âme. Je me contente d'hocher la tête. Après avoir échangé quelques mots avec lui je suis allé la voir. Elle finissait de se coiffer, elle avait coiffé son magnifique afro en de jolie tresses qui lui vont à ravir. Elle mit un durag sur sa tête puis elle posa enfin les yeux sur moi.

Nos lèvres s'étirent en même temps, mon coeur s'emplit de joie — comme à l'ancienne — il y avait toujours cette petite étincelle dans ses yeux. Peut-être qu'elle a toujours été là où peut-être qu'elle n'apparaît que quand elle me voit.

Elle part se laver les mains avant de venir me faire un câlin, mon corps contre le sien me procure un bien fou. Elle dépose quelques bisous sur mon cou, je resserre mes bras autour de sa taille.

Khalissa — Tu sens bon, j'aime trop.

J'embrasse sa joue puis je lui demande de se préparer.

Khalissa — On va ou ?

Tayeb — Habilles toi et prépare un sac pour deux ou trois jours.

Khalissa — Sérieux ?

Tayeb — Ouai.

Elle sourit à pleine dents. Je pourrais la regarder durant des heures, tellement elle est belle en plus cette coiffure lui va à ravir. Je lui embrasse le front en lui disant qu'elle est magnifique. Une fois prêt, nous disons au revoir aux autres.

Khalissa observe la façade du bâtiment avec un regard septique. J'avoue que de l'extérieur l'endroit paraît un peu bizarre. Je prends nos sacs puis je l'invite à me suivre. Les couloirs sont plongés dans le noire et cette peureuse s'accroche à mon t-shirt.

Khalissa — Euh Tayeb si c'est un plan pour me tuer parce que j'ai renversé du jus sur ton livre-

Tayeb — Tais-toi. Dis-je en souriant.

Quand j'ouvre la porte elle fut stupéfaite, je pense que j'ai réussi ma mission. Elle s'avance tout doucement vers le milieu de la pièce tandis que je ferme la porte à clé. Je la regarde et mon cœur ne peut s'empêcher de s'affoler face à tant de beauté.

Khalissa — Tayeb... C'est magnifique.

Ses yeux s'embuent de larmes, les sacs rencontres le sol, j'avance vers elle pour la serrer contre moi.

Tayeb — Mais pourquoi tu pleures ?

Khalissa — Parce que c'est trop beau, t'es trop mignon.

Je rigole et elle finit par essuyer ses larmes, nous nous asseyons, on mange tout en parlant et en rigolant. Comme à l'ancienne. Une fois le repas terminé, elle alla se doucher et je fis de même une fois qu'elle eu terminé. Je la rejoins vêtu d'un simple short en coton noire et d'un t-shirt.

Installé confortablement sur le lit, nous regardons le film qui est projeté sur le mur, face à nous. Elle était posé sur moi, elle s'amusait à caresser mon bras qui était autour de son cou. Au bout d'un moment nous avons arrêté de regarder le film, elle me fixait et je faisais de même.

Mes sentiments s'emmêlent, mon coeur s'affole et mes yeux brillent. Elle est magnifique. Son touché me provoque des frissons et une sensation que je n'avais pas ressenti depuis bien longtemps. Je me rends compte que cette fille est la seule que j'ai aimé et que j'aime.

Elle s'assoit à califourchon sur moi, ses petits doigts caresse ma nuque et mes cheveux. Mes mains viennent trouver ses hanches et nous continuons de nous regarder. C'est... Intense ? Fort ? Je sais pas, mais une chose est sure, ce n'est pas désagréable, au contraire.

Elle met fin à notre contact visuel en déposant passionnément ses lèvres sur les miennes.


« Oxymores, triste joie, conscient et fêlé »

𝑻𝒓𝒊𝒔𝒕𝒆 𝒋𝒐𝒊𝒆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant